INCLUSION SOCIALE : LA BANQUE MONDIALE DRESSE UN TABLEAU SOMBRE

18 - Octobre - 2017

Le chantier de l’inclusion sociale au Sénégal est encore énorme. Ce diagnostic dressé hier par Mame Safietou Djamila Guèye, spécialiste principale en développement social du bureau de la banque mondiale au Sénégal montre qu’il reste beaucoup à faire pour que toutes les couches sociales, en particulier les plus vulnérables aient accès aux services et autres opportunités pour améliorer leur résilience. malgré les efforts du gouvernement, a-t-elle soutenu, lors de la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, l’applicabilité de la loi sociale demeure toujours problématique.

Le Sénégal a encore un long chemin à faire pour résoudre la problématique de l’inclusion sociale. Malgré les différents programmes et politiques initiés par le Président Macky Sall, le tableau est loin d’être reluisant. On a l’impression que les pouvoirs politiques font plus dans les slogans que dans la prise en charge correcte des problèmes des personnes vivants avec un handicap. Mame Safietou Djamila Guèye, spécialiste principale en développement social du bureau de la Banque Mondiale au Sénégal a posé hier, un diagnostic sans complaisance des politiques sociales du Sénégal, lors de la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté.

Pendant son intervention sur le thème, «pauvreté et inclusion sociale des personnes vivant avec un handicap», Mame Safietou Djamila Guèye s’est félicitée d’abord des progrès faits par le Sénégal avant de mettre le doigt dans la plaie. «Certes des progrès sont faits par l’État (Programme de bourses familiales, carte d’égalité des chances, Centre verbotonal, école des aveugles de Thiès etc.), mais il reste beaucoup à faire pour que toutes les couches sociales, en particulier, les plus vulnérables aient accès aux services et autres opportunités pour améliorer leur résilience. L'inclusion sociale est une priorité de développement et une question de justice sociale pour un monde plus humain et meilleur», a soutenu l’experte de la Banque Mondiale avant de rappeler la promulgation de la loi d’orientation sociale en 2010. Mais, après évaluation, elle se désole du fait que les autorités trainent encore les pieds dans l’application de cette loi sociale. «Au-delà de la volonté politique affichée par le chef de l’Etat et son gouvernement reflété à travers la création à la présidence de la République, d’une Haute Autorité chargée de la Promotion et de la Protection des Droits des Personnes handicapées, (…), l’applicabilité demeure toujours problématique avec la non prise en compte effective de la personne vivant avec un handicap dans les différentes politiques élaborées et mises en oeuvre par l’État», relève Mme Guèye. Sur le plan réglementaire, elle souligne que les décrets d’application de la ladite loi ne sont pas encore pris. En outre, dit-elle, il y a un écart important entre les préconisations et l’application des conventions. «Sur une population de 13.508.715 habitants, les 794.466 vivent avec un handicap, soit 5,88%. Un programme d’égalité des chances a été mis en place avec pour objectif de fournir 50.000 cartes d’égalité. Seules 35.000 cartes ont été confectionnées sur les 50.000, soit 70% de l’objectif visé pour une population susvisée vivant avec un handicap », relève l’expert de la Banque mondiale.

A l’en croire, le recrutement des handicapés dans la Fonction publique et le secteur privé ne suit pas. Pourtant, 15% du recrutement devraient être réservés aux personnes handicapées. Mais faute de statistiques, il est difficile, à ses yeux, de mesurer le degré d’application de cette disposition. Qui plus est, le Sénégal ne dispose pas d’un Observatoire national de l’Emploi et de la Formation en vigueur dans l’espace Uemoa.

«LA CREATION DES STRUCTURES SOUFFRENT D’UN DEFICIT DE PERSONNEL QUALIFIE, MAIS AUSSI DE BUDGETS»

Les efforts du Sénégal dans l’éducation des personnes vivant avec un handicap sont anéantis par l’insuffisance de moyens financiers. «La création des structures éducatives (INEFJA, le Centre Talibou Dabo, Centre verbotonal) insuffisante du reste, souffre d’un déficit de personnel qualifié, mais aussi de budgets conséquents pour leur fonctionnement optimal», constate la spécialiste du développement social de la Banque mondiale. Les établissements recevant le grand public, de même que les régies de transports publics sont encore loin des standards internationaux. Elle conclut son propos en soulignant que «le handicap ne doit plus être considéré comme une variable sociale dont la résolution reste confinée au principe de solidarité et d’entraide (assistance sociale) mais plutôt comme une variable de développement de réduction de la pauvreté, dans la justice et l’équité».

Sud quotidien

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