Interview Rfi tv5 journal le monde: La discoutoisie de Alpha Condé qui fait honte aux guinéens

Tous les téléspectateurs qui ont suivi l'interview exclusive réalisée par tv5, Rfi et le journal le monde avec Alpha Condé ont sûrement été choqués. En fait, comment peut-on comprendre qu'un dirigeant d'un pays peut-il descendre aussi bas dans un débat au cours duquel il avait en face de lui de respectables journalistes qui ne faisaient que leur travail ? Comment peut-il transformer cette tribune dont la vocation est d'échanger des idées en un plateau d'injures ? Un président qui insulte et humilie des journalistes qu'il veut attribuer les mauvaises relations entre la Guinée et la France, alors que ces derniers n'étaient même pas nés quand ces choses se sont passées. Il devrait plutôt s’adresser aux dirigeants français qu’il a rencontrés à maintes reprises sur cette question. Il a par exemple accueilli François Hollande à Conakry. Occasion n’est pas mieux indiquée que cette visite pour évoquer le passé historique entre la Guinée et la France. Il a été reçu également, à maintes reprises à l’Elysée depuis qu’il est arrivé au pouvoir, il pouvait donc profiter de ces rencontres pour exprimer ses sentiments par rapport à ce douloureux dossier. Il est vrai que la parenthèse de la colonisation choque tout africain parce que cela a porté un grand préjudice au continent noir. Mais cela n’est pas une raison de se décharger sur de pauvres journalistes.
Si Alpha Condé est assez lucide, il doit avant tout s'en prendre à Sékou Touré qui, avec son esprit avide de pouvoir, avait précipité une indépendance qui était irréversible, alors qu'il pouvait attendre comme les autres colonies francophones comme le Sénégal et autres. Le véritable bourreau de la Guinée c'est bien Sékou Touré qui a foutu la merde dans le pays pendant 26 ans. Combien de Guinéens parmi lesquels d'éminents cadres qui ont porté au plus haut niveau le flambeau de la Guinée, sur le plan international, ont été assassinés juste pour assouvir sa soif de pouvoir. Il a pendu plus de la moitié des ministres qui composaient le tout premier gouvernement qu'il avait formé, après l'indépendance. Le camp Boiro a été transformé en une boucherie humaine où des milliers de Guinéens dont des dizaines de hauts cadres comme Diallo Telli, premier secrétaire général de l’Oua ; ont été exécutés dans des conditions atroces. Est-ce que c’est la France qui a exécuté ces têtes pensantes qui pouvaient apporter leur expertise pour l’émergence de la Guinée ?
Et les quelques retombées des ressources minières soustraites du sous-sol guinéen ont été versées dans ses comptes personnels, durant tous ses 26 ans de règne. Aucune infrastructure digne de ce nom n’a été construite dans le pays avec les ressources générées par l’exploitation des mines. Est-ce que c’est la France qui est venue voler ces milliards ?
Les cadres qui avaient réussi à s'enfuir sont allés mettre leurs compétences à la disposition d'autres pays où les dirigeants sont plus intelligents et plus soucieux de l’avenir de leurs pays. Combien de professeurs guinéens ont fait les beaux jours de grandes universités étrangères comme l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar pendant que la Guinée n'arrivait même pas à mettre en place un système éducatif primaire ?
La Guinée est le pays qui regorge le plus de richesses naturelles dans la sous-région mais c'est dans ce pays où les populations ont le plus souffert de la pauvreté dans les années post-indépendance en Afrique, et quand Alpha Condé est accidentellement arrivé à la tête du pays car n'ayant pas été démocratiquement élu, il s'est mis à diviser les Guinéens en montant des ethnies contre les autres ou en favorisant les gens de son ethnie au détriment des autres et particulièrement les peuls qu'il voue une haine viscérale. Alpha Condé a tué et continue à tuer des Guinéens dans des conditions effroyables comme le faisait Sékou Touré.
Lui, Alpha Condé n’a qu’à nous dire quelles sont les réformes qu’il a entreprises pour inverser la tendance ? A-t-il lancé des projets de développement de la Guinée dont la France a empêché la réalisation ? La Guinée a dit non à la France et comment veut-on encore compter sur l’aide de cette même France pour se développer ? On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Le développement de la Guinée doit être réalisé par les Guinéens eux-mêmes. Mais que voit-on aujourd’hui ? Tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays et particulièrement Sékou Touré et lui Alpha Condé ont passé leur temps à semer la terreur au sein de la population au point que tous les opérateurs économiques guinéens susceptibles d’apporter leur contribution à l’essor économique du pays ont fui pour éviter de voir leurs biens détruits par les forces de l’ordre. Ainsi, ils investissent à l’étranger où ils se sentent plus en sécurité. Si Alpha Condé était vraiment soucieux du développement de la Guinée, il allait initier de vastes projets agricoles car la Guinée a de gros atouts dans ce domaine. Le pays est arrosé pendant huit mois par de fortes pluies, l’eau coule partout est donne vit à tout comme le disait l’éminent écrivain Camara Laye. Et le climat du pays qui situé dans la zone tropicale est très favorable à l’agriculture. Mais rien n’a été entrepris dans ce sens. Au contraire, aujourd’hui près de 80% des produits de première nécessité sont importés de l’étranger.
Sur le plan démocratique aussi, la Guinée marche à reculons depuis l’arrivée de Alpha Condé à Sékoutoureya. Les élections ne sont jamais transparentes, la présidentielle de 2015 s’est organisée de façon sauvage ; les forces de l’ordre forçaient de pauvres citoyens à voter pour le candidat Alpha Condé. L’opposition fait l’objet de persécution permanente, ils ne peuvent ni marcher ni donner leur opinion par rapport aux grands défis qui interpellent le pays. Combien de jeunes guinéens ont-ils été tués dans l’impunité par les forces de l’ordre, lors des marches pacifiques de l’opposition à Conakry, depuis sa prise du pouvoir en 2010 ? Récemment encore, un jeune a été tué à Mandiana en Haute Guinée par les forces de l’ordre, lors d’une petite marche, organisée par les populations locales pour réclamer légitimement une route pour désenclaver leur localité coupée du reste du pays.
Le seul jeu favori de Alpha Condé, c’est piller les ressources du pays comme Sékou Touré, en atteste les jets privés qu'il loue pour convoyer des milliards vers des destinations diverses. Les contrats d'exploitation minières, signés entre la Guinée et les compagnies minières étrangères, sous son règne, sont les plus opaques. Aucun contrat n'est rendu public. Dans le même ordre d’idées, on peut signaler la vente récemment du Port Autonome de Conakry à des Turcs sans donner le moindre détail sur cette transaction qui suscite une très forte indignation aujourd’hui en Guinée. Les syndicats du pays sont sur le pied de guerre depuis plusieurs semaines maintenant. Et pour toute réponse, il s’est mis à licencier les leaders, alors que la gravité de cette situation exigeait la concertation. Et aujourd'hui, un très grand danger pèse sur la Guinée avec la destruction sans état d'âme de l'environnement dans presque tout le pays par les compagnies minières en course pour vider le sous-sol guinéen, les populations des régions minières sont exposées à des maladies pulmonaires mortelles et particulièrement à Boké où la poussière émise à partir des carrières prennent des formes de nuages tellement l'ampleur des destructions est grande, donc il ne doit pas avoir voix au chapitre et ce qui a fait monter sa colère lors de cette interview à savoir le sujet lié à l'éventualité d'un troisième mandat dont il manifeste de plus en plus le désir, qu'il se le tienne pour dit: les Guinéens n'accepteront jamais un troisième mandat, après avoir déroulé deux mandats sans avoir gagné une seule fois des élections en Guinée, il doit disparaitre pour permettre à des Guinéens intègres et plus patriotiques reprendre les rênes du pays pour amorcer son développement socio-économique qui n'est toujours pas effectif après 60 ans d'indépendance.

Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)