« Issa Sall ou la revendication du droit d'exister» (Par Maam Cheikh)

04 - Septembre - 2019

Au Sénégal, la chose politique est devenue le centre de rayonnement des déclarations les plus « cacophones » et des pratiques les plus ignobles qui soient. Et il est des assertions qui sonnent le glas dans ce domaine précis, justifiant tout comportement ayant l’impénitence comme seul attribut. « Ce ne sont pas des mensonges, c’est de la politique ! », s’exclame Scholastique Mukasonga.
C’est le parcours d’un universitaire dont le lot quotidien ne fut peint autrement que par les va-et-vient incessants d’étudiants tout comme l’atmosphère des amphithéâtres où seul la voix du professeur trace la voie. Qui put croire qu’il sera un jour porté dans une aventure qui le propulsera vers la réalisation des grands objectifs de ce siècle, avec pour point de départ le Sénégal, pour tremplin l’engagement et pour seule revendication une politique à l’état pur ?

Serigne Mouhamadoul Moustapha Sy, président de parti du P.U.R, ne pouvait mieux faire pour donner un sens à un compagnonnage vieux de plusieurs décennies. Quant à Issa Sall, il ne pouvait faire pire que de s’opposer aujourd’hui aux mesures prises dans cette dynamique. Le droit de contester ne lui procure nullement le devoir de citer des propos d’une incohérence remarquable et remarquée.

N’est-il pas bon, dans ce contexte précis, de reprendre le fameux « je conteste votre contestation » servi par Serigne Cheikh Tidiane Sy à la jeunesse estudiantine de 1968, plus « dispensatrice d’injures » que « contestaire de vocation » ? Sauf que l’heure est grave, puisqu’à défaut d’étudiants, il s’agit d’un recteur d’université ! Comme quoi la crise de logique gagne du terrain à un rythme effréné chez nous.

Il n’y a de pire entorse à la démocratie que le fait de prendre position sans pour autant avoir l’aval de son président de parti, encore moins de l’entourage immédiat faisant office de bureau politique. Se rendre à un dialogue de sourds est comme qui dirait la pire erreur politique que ne puisse commettre l’homme de Tataguine. Le Président du parti n’a-t-il pas été désigné pour enfourcher ce cap en 2000 à l’Université du Sahel d’Issa Sall lui-même ? « Cessez donc de parler de parti religieux en faisant référence au PUR !

Nous portons dans notre liste d’investis présentés lors des législatives des citoyens de confession chrétienne », se lamentait-il assez souvent face aux médias. L’on ne sait ce qui s’est passé entre temps pour que l’homme décrie des mesures prises en évoquant une démarche purement illégitime, parce qu’émanant de l’environnement immédiat d’une autorité religieuse et non d’un président de parti digne de ce nom.

« Guerre de leadership », « injonctions du marabout », « parti qui implose », « absence de démocratie », que de sobriquets aussi maladroits qu’objectivement inadaptés à la situation et illustrés par des confrères à l’image des journalistes de Réseau News ou de Momar Ndiongue. C’est qu’en politique, il arrive que le « cru » soit plus retentissant que le « vrai ». Leadership ne signifie point désir de se mettre en avant, mais plutôt apprendre à se mettre au service de ses contemporains et non l’inverse. Et, à ce stade, la « légitimité de Serigne Moustapha Sy », peinte par un engagement vieux de plus de quatre décennies, l’emporte sur la « légalité » dont fait allusion le sieur Issa Sall, révélé lui-même au peuple sénégalais par les militants dudit parti.

Et il y’a que l’intellectuel sénégalais, aussi instruit soit-il, entend toujours par marabout « caricaturisme, effacement et farce », pour reprendre la logique de l’apôtre d’Ababakar Sy (rta), en l’occurrence Al Maktoum. Quoi de plus démocratique qu’un congrès tenu avec la rigueur qui sied, des congressistes tout aussi déterminés, un comité averti, des votes pour élire les dirigeants des commissions, des statuts lus et approuvés par l’auditoire,… l’implosion est loin de frôler ce parti.

Il reste composé de militants de divers horizons tout comme de Moustarchidines qui ont très tôt compris une chose : le ministre qui s’impatiente et observe des va-et-vient dans un hall du palais, parce que devant s’entretenir avec un chef d’état, n’est pas plus raisonnable et plus responsable que le disciple qui, lors d’un gamou aux champs de course, est pressé d’entendre retentir le timbre de la voix de son Responsable Moral.

Serigne Moustapha Sy a légué à la conscience collective cette assertion, aujourd’hui vieille de trois décennies, parce que prononcée un dimanche 14 mai 1989 à Tivaouane : « La politique, c’est l’art de savoir transcender, mais avec sagesse, humilité et savoir-faire. » L’on ne cessera de rêver d’un Sénégal où les journalistes auront le courage de dénoncer fermement l’obscurantisme politique, dix fois plus dangereux que ce que l’on évoque ca et là dans la sphère des confréries. L’on ne sait ce qui a motivé le député du PUR a se rapprocher de ceux là même qui tiennent en main le trésor public.

La dénonciation la plus juste venant du président du PUR a été ainsi formulée : « L’homme politique sénégalais confond la collaboration à la manipulation. » Formule ne saurait être plus précise pour justifier la situation actuelle.

Il y’a alternance et non crise. Que chroniqueurs immunisés contre la frénésie médiatique, chefs politiques avides de pouvoir et militants désorientés cessent de se perdre dans les dédales de l’insignifiant. Il y’a un grand écart entre l’ambition politique du PUR et l’illusion plutôt critique d’Issa Sall…pourfendeur de Macky et flagorneur du PUR avant hier, pourfendeur du PUR et flagorneur de Macky hier, pourfendeur du PUR et oublié de Macky aujourd’hui… à qui la faute ?

Maam Cheikh

Chroniqueur

cheikhahmad2@gmail.com

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