Kaolack: Mariama Sarr, un destin de maire en danger

17 - Juin - 2021

A Kaolack, le premier défi que Mariama Sarr devrait relever, c’est de parvenir à un consensus autour de sa personne au sein de la majorité présidentielle. Si le maire de Kaolack semble avoir les faveux du président de la République, son condisciple au lycée Gaston Berger, dans la même ville, elle n’aura pas les coudées franches puisqu’elle est fortement contestée au sein même de l’Alliance pour la République (APR). Beaucoup de ténors du camp présidentiel ont des visées sur son fauteuil de maire parmi lesquels le plus sérieux semble être…son ancien mari « Rahma ». La ministre de la Fonction publique n’a pas non plus la côte au sein des Kaolackois du fait d’un bilan jugé négatif à tous les niveaux.

Mariama Sarr pourra-t-elle-faire rempiler lors des municipales de janvier prochain ? Une question qui vaut son pesant d’or à la lecture de la situation politique très tendue qui prévaut au sein de la mouvance présidentielle dans la capitale du Bassin arachidier. En effet, depuis que le président de la République a fixé la date des élections locales prévues en janvier 2022, la guerre de positionnement des responsables politique de la majorité présidentielle qui ont décidé d’aller à la conquête de la mairie de la ville, « avec ou sans la bénédiction du président Macky Sall », cette guerre fait rage.

Surtout que les challengers de la mairesse de Kaolack ne boxent pas dans la petite catégorie qu’elle puisqu’ils ont démontré leur popularité au cours de manifestations ayant drainé un monde fou. en drainant une foule folle. Retenons d’emblée que le choix du président Macky Sall pour la commune de Kaolack est un secret de Polichinelle, rien qu’à voir ses relations avec Mariama Sarr — qui fut sa « djiguène » au lycée — en dit long sur la confiance qu’il lui porte. Un dernier exemple, lors de son passage à Kaolack, le président Macky Sall, en escale dans la zone, a passé la mi-journée et déjeuné à « l’improviste » avec elle pendant que les autres responsables politiques de l’APR attendaient le cortège présidentiel à quelques encablures de la mairie de Kaolack.

D’ailleurs, Mariama Sarr a sauté de joie et mis en exergue ce geste de son mentor lors d’une interview accordée à la presse après le départ du président vers Kaffrine pour l’inauguration de l’hôpital de cette ville. Tout compte fait, même si Mariama Sarr est « investie » par le président de la République, il n’en demeure pas moins que ses challengers constituent des obstacles majeurs qui risqueraient d’entraver sa réélection à la tête de la municipalité de la ville de Mbossé.

Modou Ndiaye « Rahma » et Serigne Mboup, les adversaires les plus redoutables
Pour ce qui est de Modou Ndiaye « Rahma » de l’APR ayant à ses cotés le député Awa Guèye et 12 des 14 maires du département de Kaolack, il a l’art des grandes manifestations facilitées par son poids électoral et ses gros moyens financiers. D’ailleurs, ses rassemblements sont chaque fois une véritable démonstration de force en termes de mobilisation même si les mauvaises langues prétendent qu’il ne fait foule que parce qu’il a les moyens logistiques et financiers de se livrer à l’« import-export » de militants en convoyant ses partisans d’une localité à l’autre du Saloum lors de ses meetings. Particulièrement en provenance des 12 communes précitées dont les maires lui sont acquis. Or, l’élection à la mairie de Kaolack ne concerne que les habitants de cette ville.

Modou Ndiaye Rahma va-t-il réussir à détrôner son ex-épouse Mariama Sarr ? Encore faudrait-il que Macky Sall, qui a fait de lui un ambassadeur itinérant et lui octroie beaucoup de marchés de l’Etat, soit d’accord ! Un autre prétendant sérieux — pas pour la main de Mariama Sarr mais pour son fauteuil ! —, c’est l’homme d’affaires Serigne Mboup, leader du mouvement And Défar Kaolack, affilié à la mouvance présidentielle. Lui aussi cherche à jouer sa partition.

Ce candidat à la candidature de la mairie a explicitement affiché son ardent désir d’occuper le fauteuil municipal et, pour y parvenir, l’opérateur économique investit beaucoup sur les jeunes et les femmes. Il a développé un réseau de partenariat avec des personnes très influentes qui pèsent dans le domaine économique ce qui, également, lui facilite ses investissements. De grosses pointures du parti au pouvoir et de Bby seraient prêtes à lui apporter soutien si toutefois Macky Sall confirmait Mariama Sarr comme tête de liste.

Une manière selon eux de rejeter la candidature de celle-ci. Sauf que, comme pour Rahma, Serigne Mboup, en tant qu’homme d’affaires, peut difficilement se passer des subsides de l’Etat… dont Macky Sall aurait tôt fait de le priver s’il voulait combattre électoralement sa « djiguène » !

Par contre, l’un des handicaps du président de la chambre de commerce et d’industrie de Kaolack serait son incapacité de mobiliser massivement même si, c’est vrai, beaucoup de Kaolackois lui prêtent une oreille attentive. Serigne Mboup a aussi un atout, qui n’est pas mince : il sait trouver des emplois aux jeunes qui, d’ailleurs, lui apportent leur soutien à travers des mouvements. Certaines indiscrétions parlent d’une probable candidature du directeur général de la Senelec Pape Mademba Bitèye.

Toutefois, même si le président du mouvement Kaolack sur les rampes de l’émergence (Krem) ne l’a pas annoncé, il a le soutien du leader Parti justice et développement de Cheikh Ibrahima Diallo. La liste des prétendants au fauteuil de Mme Mariama Sarr n’est pas exhaustive…

Une chose est sûre : au sein de la mouvance présidentielle kaolakoise, les violons ne sont pas accordés et cette désunion risque de coûter cher à Mariama Sarr qui est seule contre tous et traine un handicap constitué par les multiples complaintes des populations qui lui donnent une mauvaise note dans la gestion de la cité. Pas d’emplois créés, pas de réalisations phares en termes d’infrastructures routières, sanitaires et éducatives sous son mandat. Bref, il est très difficile de rencontrer des Kaolackois qui se disent satisfaits de sa gestion.

D’ailleurs, par rapport au système d’assainissement, les habitants expriment tous les jours leur ras-le-bol face au réseau d’assainissement défectueux qui « n’honore pas la ville qui récolte plusieurs millions de recettes municipales au vu de sa taille et des activités qui y sont développées sans compter sa position de carrefour ».

Disons seulement qu’en politique rien n’est joué avant les résultats finaux issus du scrutin. Il ne faudra pas non plus perdre de vue un fait, tous les partis alliés classiques de l’APR sont avec le ministre Mariama Sarr, qu’il s’agisse de l’Afp, de Ld ou du Ps… reste à savoir ce que ces partis représentent au niveau local…Et si Macky perdait les élections à Kaolack, en s’entêtant à imposer envers et contre tout sa « djiguène » ? La question reste posée, indique le correspondant du journal Le Témoin à Kaolack

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