Khalifa Sall, condamné pour escroquerie sur les deniers publics, gracié et libéré

30 - Septembre - 2019

L’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, qui purgeait une peine de cinq ans pour escroquerie sur les deniers publics, a retrouvé sa liberté dimanche 29 septembre au soir. Il a bénéficié d’une « remise totale de peine » de la part du chef de l’Etat, selon un décret.
Annoncée en fin de week-end, la libération de Khalifa Sall – sans lien de parenté avec le président Macky Sall – était réclamée depuis des mois par les soutiens de cet adversaire du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, mais elle tardait à se concrétiser. Elle a surpris les Sénégalais, bien qu’elle intervienne dans contexte de décrispation politique orchestrée par des chefs religieux musulmans. Deux de ses anciens collaborateurs, condamnées en même temps que lui, ont également été graciés dimanche.
Dans la soirée, il a quitté en voiture le centre de détention de Rebeuss à Dakar, où une foule de plusieurs centaines de sympathisants l’attendaient, selon un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP). La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui suivait son convoi, selon la même source.
« Je remercie le chef de l’Etat, qui m’avait promis cette libération. Il l’a fait », a réagi à la télévision une de ses proches, Sowam Wardini, qui lui a succédé à la mairie de Dakar. L’opposant Ousmane Sonko, arrivé troisième lors de la présidentielle et virulent critique de Macky Sall, a fait part sur Twitter de sa « joie immense ». « Je me réjouis de savoir qu’il retrouvera incessamment l’affection des siens, dont il n’aurait jamais dû être éloigné. Je salue sa dignité et souhaite son rétablissement plein dans ses droits civiques », a ajouté le député.

Privé de la présidentielle
En détention depuis mars 2017, Khalifa Sall, 63 ans, avait été condamné en août 2018 par la cour d’appel de Dakar à cinq ans d’emprisonnement pour « faux en écriture et escroquerie portant sur les deniers publics » dans l’affaire très médiatisée dite de la « caisse d’avance », portant sur la gestion de la mairie de Dakar, qu’il avait remportée en 2009 et 2014.
Khalifa Sall a été reconnu coupable du détournement d’environ 2,5 millions d’euros, prélevés entre 2011 et 2015 sur les caisses de la ville. Il nie ces accusations, arguant que les maires de Dakar ont toujours eu à leur disposition une somme destinée à leur action politique.
Les ennuis de Khalifa Sall avaient débuté lorsque cette figure du Parti socialiste sénégalais s’est désolidarisé de la coalition bâtie autour du président Macky Sall. Il a toujours considéré que les poursuites contre lui visaient à l’empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2019, ce qu’avaient démenti les responsables de la majorité.

Interpellé en mars 2017, il avait fait campagne depuis sa cellule pour les législatives de juillet de la même année. Elu, il n’a pas pu siéger. Il a aussi été révoqué de ses fonctions de maire par Macky Sall en août 2018, et n’a pu se présenter à la présidentielle de 2019, remportée dès le premier tour par Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
Le déblocage du dossier Karim Wade pour apaiser
Orchestré par des chefs religieux musulmans, le processus de décrispation politique s’est accéléré ces derniers jours. Le chef spirituel de la puissante confrérie des mourides a ainsi présidé à la spectaculaire réconciliation, vendredi, entre Macky Sall et son prédécesseur, Abdoulaye Wade, à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle grande mosquée à Dakar.

Selon une source proche du dossier, ce processus passe aussi par le déblocage du dossier du fils et ex-ministre d’Abdoulaye Wade, Karim. Ce dernier, qui s’oppose également à Macky Sall, avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d’euros d’amende pour « enrichissement illicite » du temps où son père était président, ce qu’il a toujours nié. Après trois ans de prison, il a bénéficié d’une grâce présidentielle et a été libéré le 24 juin 2016.
Il vit depuis lors à l’étranger et est sous la menace d’une nouvelle arrestation s’il rentre au Sénégal sans payer son amende. Désigné candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS, ex-pouvoir) à la présidentielle de 2019, sa candidature avait été rejetée en raison de sa condamnation.

Afp

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

04 - Juin - 2023

MACKY SALL : LES PREMICES D’UNE FIN DE POUVOIR TRAGIQUE (PAR SEYBANI SOUGOU)

« Les tyrans avancent jusqu’au bout…, jusqu’au moment où tout s’écroule » Emil CIORAN Dans un excellent article intitulé « Comment...

04 - Juin - 2023

PARIS : LANCEMENT DE CAP 2024, UN MOUVEMENT DE SOUTIEN A LA CANDIDATURE DE MACKY SALL

Dans le microcosme politique sénégalais en France, il faut désormais apprendre à se familiariser avec CAP 2024, un mouvement de soutien à la candidature de Macky...

04 - Juin - 2023

PARIS : FORTE MOBILISATION CONTRE « LA REGRESSION DEMOCRATIQUE AU SENEGAL »

Comme le 3 mai dernier, les Sénégalais de Paris ont massivement investi la rue, samedi 3 juin pour exprimer leur mécontentement sur la situation qui prévaut au...


04 - Juin - 2023

PARIS: LE COORDINATEUR DE CAP 2024 CHARGE LOURDEMENT SONKO

C’est la faute à Ousmane Sonko. Telle est en résumé, la position ferme de Cheikh Ahmath Tidiane Sall sur les violences qui sévissent au Sénégal et...