L’APR, A L’EPREUVE DE LA SUCCESSION
Depuis la sortie du Directeur général de l’Anamo, Maodo Malick Mbaye, un débat s’est installé sur la succession du Président Macky Sall. Dans son camp, certains de ses affidés avancent la thèse d’un débat prématuré, oubliant la nécessité pour le successeur du Président Macky Sall, à la tête de l’Alliance pour la République (Apr), de se préparer pour les prochaines échéances de 2024, si bien, évidemment, que le chef de l’Etat en est à son second mandat. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le choc des ambitions aura bel et bien lieu au sein de ce parti, voire dans la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby).
«Aucun mouvement ne sera toléré dans le parti. Si des ministres ou des cadres ont des ambitions, ils attendront la fin de mon mandat pour se manifester». Cette sortie attribuée au chef de l’Etat, Macky Sall, non moins Secrétaire général de l’Alliance pour la République (Apr) n’a fait que raviver la polémique suscitée par le Directeur général de l’Anamo, Maodo Malick Mbaye posant le débat sur l’obligation de la loyauté envers le président Macky Sall, face à des «ambitieux» qui lorgneraient son fauteuil. Déjà, des voix se lèvent, entre autres celle de la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Aminata Touré, ou encore celle du député Abdoul Mbow, pour avancer la thèse du «débat prématuré». Quid alors de la nécessité pour le futur remplaçant du président Macky Sall de se préparer à sa succession ? L’on se rappelle que l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall a fondé l’Apr, à la suite de son départ du Parti démocratique sénégalais (Pds) du président Abdoulaye Wade, en 2008. Ses inconditionnels témoignent qu’il aurait parcouru le Sénégal dans son intégralité, en moins de 4 ans, avant de se présenter à la présidentielle de 2012. D’ailleurs même, son programme “Yoonu Yokkute“ serait le fruit de ce long périple qui lui aurait permis de connaitre les attentes des populations du Sénégal des profondeurs et les urgences de l’heure.
LE FLOU SUR CE MANDAT DE MACKY SALL PERSISTE
Toutefois, ce débat serait en réalité prématuré au sein de l’Apr, si le président Macky Sall n’est pas dans les dispositions de considérer que ce mandat en cours est son second, c’est-à-dire son deuxième et dernier mandat. Ce qui donnerait raison aux adversaires politiques du régime, tel que le maire de Mermoz Sacré Cœur, Barthélémy Dias, ou encore Abdoul Mbaye du parti Act, qui soutiennent mordicus que le chef de l’Etat se prépare à briguer un troisième mandat. En tout état de cause, cette question sur le mandat du président Macky Sall reste entière, surtout si l’on se fie au discours clair-obscur qu’avait tenu son ancien ministre de la Justice, Ismaëla Madior Fall. Le juriste avait soutenu, en mars dernier, que « les dispositions sont claires. D’autres ont donné leur avis en disant que les dispositions ne sont pas claires. Il appartient au président de la République d’apprécier». Cette dernière phrase avait suscité une polémique sur ledit mandat, car d’aucuns estimaient que si vraiment la question était claire, le président Macky Sall n’aurait pas à apprécier, le moment venu.
LA STRUCTURATION DE L’APR EN QUESTION
Mais, il se trouve que la question semble être ailleurs. Ils sont nombreux à se targuer des victoires obtenues par le parti présidentiel avec ses alliés, en dépit de l’absence de structuration de l’Apr. Cependant, ce manque d’organisation, avec comme seule constance, le Secrétaire général n’a fait que rattraper le parti présidentiel. En optant pour une structuration horizontale, le président Macky Sall étouffe dans l’œuf toute ambition de le succéder à la tête du parti. Tous les responsables étant obligés de travailler pour son compte. Mais, ce mode d’organisation semble se retourner contre lui, car, il a lui-même senti que le feu couvait en interne au point d’élever la voix pour rappeler à l’ordre ceux qui nourriraient des ambitions de le succéder. Impossible, en ce moment, de déterminer le potentiel numéro 2 au sein de l’APR. La recommandation de la Commission national de réforme des institutions (CNRI), celle de céder la tête de son parti, dès qu’on est à la magistrature suprême, aurait été une trouvaille pour éviter cette situation qui crée la suspicion au sein du parti. Hélas ! L’appareil du parti serait ainsi entre les mains de son dauphin qui se préparera à sa succession, à la fin de son mandat.
LE CHOC DES AMBITIONS AURA BEL ET BIEN LIEU
Une chose reste évidente, cette sortie attribuée au président Macky Sall n’entamera en rien les ambitions des uns et des autres. Des analystes et autres observateurs avaient prêté au maire ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, tout comme au ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba, des ambitions de contrôler la capitale sénégalaise, Dakar. Ce qui serait, par ricochet, une occasion en or pour se faire une légitimité politique au sein du parti afin de prétendre remplacer le président de l’Apr. Certaines sources avancent même le nom du ministre du Pétrole et de l’Energie, Mouhamadou Makhtar Cissé, qui serait en embuscade pour le même fauteuil. Que dire de la présidente du CESE, Aminata Touré, qui ne cracherait pas non plus sur cette éventualité ?
ET BENNO DANS TOUT ÇA ?
Cependant, il faudrait d’abord résoudre l’équation Benno Bokk Yakaar (Bby), ou plutôt cette grande coalition appelée “Majorité présidentielle“. Des responsables de partis alliés et même ceux du parti présidentiel avaient émis l’idée d’une reconversion de Bby en grand parti politique à même de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2024. Même le chef de l’Etat serait dans les dispositions de conserver sa coalition jusqu’au-delà des prochaines joutes. Le but recherché reste la conservation du pouvoir le plus longtemps possible, afin de ne pas céder le fauteuil à un candidat de l’opposition. Toutefois, face aux ambitions des «loups aux dents longues» au sein de l’Apr, il faudrait d’abord que les partis alliés acceptent que le candidat de cette coalition en 2024, sorte à nouveau des rangs de l’Apr. La succession du président Macky Sall s’annonce épique.
Sud Quotidien