L’Eco, une monnaie piégée (Par Mame Mor Fall, Économiste Financier )
L’entrée de la nouvelle monnaie Eco ne traduit pas la fin de la dépendance vis-à-vis de la France. Le franc cfa, même officiellement abandonnée, continue officieusement avec l’Eco, l’arrimage à l’euro restant toujours en vigueur.
L’Eco s’accompagne de deux reformes techniques importantes :
D’abord, le compte d’opération à la banque de France est supprimé et le trésor français ne conservera plus 50% des réserves africains. Ensuite les représentants Français siégeant au sein des instances de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés.
La particularité de l’Eco par rapport au franc cfa réside dans l’agrandissement des Etats membres de l’union qui utilisent la monnaie. Ils peuvent ainsi passer de huit Etats à 15.
Par ailleurs, l’Eco gardera une parité fixe avec l’euro, ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs et pas de brusques dévaluations possibles. Toujours à cause de ce lien avec l’euro, l’Eco est une monnaie plutôt forte, ce qui facilite les importations. En revanche, les pays de la zone franc sont pénalisés pour les exportations. L’arrimage à l’euro empêcherait les Etats de proposer des prix compétitifs au détriment des exportations.
Il reste cependant persuadé qu’une zone monétaire est un atout, mais qu’il faut se pencher sur les caractéristiques des politiques monétaires à la transformation structurelle.
Ce qui manque en Afrique, ce n’est pas une monnaie unique qui permettra à ses gouvernants d’avoir une main totale totalement libre sur ses réserves de change et sur sa politique monétaire, mais plutôt des gouvernements intègres, sérieux et travailleurs et des institutions monétaires adoptant une gestion saine de la monnaie, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui en Afrique de l’Ouest.