L'IMPORTANCE DE NE PAS REVISITER LA LOI D'AMNISTIE DE MARS 2024 : UNE DECISION IMPORTANTE DU PRESIDENT SALL POUR LA STABILITE DU SENEGAL (PAR AMADOU DIALLO)
Le décret n°2024-683, de mars 2024, marquait une étape décisive dans la gestion des tensions sociales et politiques qui avaient secoué le pays au cours des événements dramatiques de 2021 et 2024. En libérant des personnalités politiques majeures et en offrant un pardon national aux personnes impliquées dans ces épisodes violents, cette loi d'amnistie a permis de désamorcer une situation potentiellement explosive. A un moment où le Sénégal a définitivement tourné la page de ces crises, revisiter cette loi pourrait ouvrir une nouvelle ère de turbulences sociales et politiques, au moment même où le pays a plus que jamais besoin de stabilité interieure et de vigilance accrue à nos frontières.
L’amnistie n’a pas seulement permis de libérer des sénégalais privés de liberté, elle a également contribué à apaiser une tension sociale qui risquait de provoquer des perturbations irréversibles pour la paix et la cohésion nationale. Après des séries de manifestations politiques violentes, des pertes humaines tragiques et des destructions matérielles de biens publics et privés, le Président Macky Sall a pris une décision courageuse et nécessaire : celle de privilégier la réconciliation nationale plutôt que de s’enliser dans des rancunes politiques. Cette amnistie a permis de libérer les voix qui avaient été mises sous silence et d’éviter la persistance de clivages politiques destructeurs de notre nation.
La stabilité retrouvée, facilitée par la loi, a permis d’organiser des élections présidentielles dans un climat apaisé. Le processus électoral a été salué comme un modèle de démocratie en Afrique, et les électeurs ont pu exprimer leur choix sans crainte. Ce geste a également permis de préserver l’image du Sénégal sur la scène internationale, en le présentant comme une nation capable de gérer ses différends de manière pacifique.
Le contexte actuel de difficultés économiques et budgétaires majeures, impose une stabilité politique et sociale impérative pour le pays. Revenir sur la loi d’amnistie serait non seulement imprudent, mais tout aussi dangereux. Car une telle démarche risquerait de raviver les fractures internes du pays, de rallumer encore pendant longtemps les rancœurs et d’affecter durablement la paix sociale acquise avec tant de difficultés.
Loin d’être un simple acte politique, la loi d’amnistie a permis de lever une tension palpable qui menaçait de saper notre tissu social. Toute tentative de réévaluer cette loi, voire de réintroduire des sanctions à l’encontre des individus amnistiés, pourrait raviver les conflits et compromettre l’avancement de la nation. Le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, dont l’arrivée au pouvoir est signe d’espoir sur le chemin de l'émergence de notre pays, a besoin d’un environnement stable pour aborder les problèmes urgents du pays, en particulier la gestion de la pauvreté, des inégalités sociales et des enjeux économiques.
En rouvrant les zones de turbulence, le Sénégal risquerait d'affecter durablement sa trajectoire de paix et donc de son développement. Le processus électoral, qui a permis de maintenir un équilibre fragile mais essentiel, serait remis en question, et des tensions politiques pourraient à nouveau éclater, avec des répercussions dramatiques sur la stabilité du pays. Il est impensable de risquer une nouvelle crise, au moment où le pays a besoin de tourner définitivement cette page tristement célèbre et de se concentrer sur les défis économiques et sociaux qui l’attendent.
Les conséquences d’une telle révision de la loi seraient probablement dramatiques, tant sur le plan de l’unité nationale que sur celui de la gouvernance. Le climat social, déjà fragilisé, pourrait à nouveau se détériorer, ce qui aurait un impact direct sur la mise en œuvre des réformes attendues par la population.
Le Président Macky Sall mérite des remerciements sincères pour la sagesse et la vision dont il a fait preuve en prenant cette décision difficile mais salutaire. En choisissant la réconciliation plutôt que la vengeance, il a permis au Sénégal de maintenir sa stabilité, d’éviter une guerre civile et de poser les bases d’une transition pacifique. Ce geste a montré une compréhension des enjeux profonds du pays, transcendant les enjeux politiques et partisans pour privilégier l’intérêt supérieur de la nation.
Dans un contexte mondial où les tensions politiques sont exacerbées, le Sénégal a su se distinguer comme un modèle de gestion de crises. Le Président Sall, par son acte de courage, a permis au pays d’éviter des violences potentielles et de maintenir l’unité nationale. Il est désormais impératif de respecter ce geste et de ne pas le remettre en cause.
Dès lors, le Sénégal est aujourd’hui à un carrefour historique. Revenir sur cette loi serait une erreur fatale, susceptible d’anéantir les progrès réalisés au prix de sacrifices et de tensions. La priorité pour le Sénégal doit être dans sa stabilité, la réconciliation, l’unité nationale et le développement dans une géopolitique très incertaine. Les autorités actuelles du pays doivent disposer d’un environnement propice à la mise en œuvre des réformes attendues. Dans ce contexte, la loi d’amnistie doit rester en place, pour garantir la paix sociale et permettre au pays d’avancer vers un avenir plus prospère et plus harmonieux.
Amadou Diallo Consul Général du Sénégal à Paris 2012-2024