La Bourde du procureur de la république

06 - Août - 2019

La précipitation est toujours suivie de l’infortune. Ceci est encore plus vrai dans l’affaire Adama Gaye, interpellé chez lui lundi, 29 juillet, et mis en examen depuis par la justice sénégalaise pour « Offense au président de la République et atteinte à la sûreté de l’Etat ».Une arrestation arbitraire selon de nombreux défenseurs des droits de l’Homme d’autant plus que les motifs de la privation de liberté du journaliste sont pour le moins très flous.

Pour éclairer la lanterne des Sénégalais, le procureur de la République s’est fendu d’un communiqué ce lundi, 05 août, « Dans le souci de prévenir la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ». Seulement voilà, Serigne Bassirou Guèye ne semble pas connaître pas tous les rouages du code pénal. « En ce qui concerne Adama Gaye, ses propos d’une indécence inouïe sur le Président de la République ont conduit à son inculpation sur la base de l’article 80 du Code pénal pour offense au chef de l’Etat. », a-t-il expliqué confondant les délits de l’article 80 et de l’article 254.

Car contrairement à ce qu’il a fait savoir dans sa grosse bourde, ce n’est pas l’article 80, consacré aux manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves qui réprime l’offense au chef de l’Etat. « L’offense au Président de la République par l’un des moyens énoncés dans l’article 248 est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 1 00.000 à 1.500.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement. », explique-t-on dans l’article 254 dédié aux délits contre la chose publique.

Sacré Procureur !

67653666_10220649887859372_55239227956264960_n.jpg

Non M. Le Procureur, revoyez votre communiqué.

L'article 80 ne parle pas d'offense au chef de l'Etat. L'offense au chef de l'Etat est plutôt régi par la loi n° 77-87 du 10 août 1977 reprise par l’article 254 du Code pénal sénégalais.

Cet article dispose que «l’offense au Président de la République commis par l’un des moyens de diffusion publique (la radiodiffusion, la télévision, le cinéma, la presse, l’affichage, l’exposition, la distribution d’écrits ou d’images de toutes natures, les discours, chants, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, et généralement tout procédé technique destiné à atteindre le public) est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 100.000 à 1.500.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement».

SENPLUS

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

07 - Février - 2025

Médias sans autorisation : l'État menace de coupures et de poursuites

Le directeur de la Communication, Habibou Dia, a annoncé des mesures strictes pour les médias ne respectant pas le code de la presse. Il a précisé que les...

07 - Février - 2025

Affaire des 125 milliards : La DIC entre en action, la convocation de Farba Ngom pourrait intervenir à tout moment

Le député Farba Ngom sera-t-il convoqué par la DIC dans les prochaines heures ? En tout cas, la Division des investigations criminelles (DIC) a été...

07 - Février - 2025

Trente neuvième anniversaire de sa disparition : Cheikh Anta Diop, l’héritage politique mitigé du « dernier pharaon »

L’année 1986 a été marquée par la disparition de l’égyptologue et homme politique Cheikh Anta Diop qui aura marqué toute une partie de...

07 - Février - 2025

Affaire des boulettes pour fesses : Alima et les autres condamnées à des peines allant de un à six mois

L'affaire des boulettes pour fesses a été jugée par le tribunal de Pikine-Guediawaye. Les prévenues Alima Fall, Maty Mbaye, Haoussou Ndiaye et autres ont...

06 - Février - 2025

Déminage en Casamance : Vingt localités restent à dépolluer, 63 zones suspectes et 54 déjà nettoyées

Entamées en 2008, les opérations de déminage ayant permis de dépolluer au total, une superficie de 2 millions 203976,37 mètres carrés dans 54...