LA LOI DE L’AMNISTIE EST INOPPORTUNE (PAR MAMADOU DEME)

04 - Mars - 2024

La complexité dans laquelle évolue le Sénégal est particulièrement inquiétante. L’impression que nous donne ce projet de loi d’amnistie popularisé autour de la notion du pardon et de la réconciliation, reflète beaucoup d’autres choses non exprimées publiquement et qui semblent être ce lavage aux grandes eaux que les acteurs politiques sénégalais, à des niveaux d’intérêts différents et asymétriques, cherchent à s’appliquer pour échapper à des sanctions, rendre amnésique le peuple sénégalais sur des faits connus de tous et pour lesquels aucune responsabilité n’est encore située, ni jugée.
On cherche à s’auto-amnistier au lieu situer les responsabilités pour que ceux qui ont failli, puissent payer leurs fautes et leurs dettes vis-à-vis de la société sénégalaise par des sanctions au prorata des délits dans un état de droit normal où l’impartialité devrait être de règle.
Le caractère déstabilisant du Sénégal actuel est dû aux comportements de certains responsables et ceux -ci doivent rendre compte et laisser la justice situer les responsabilités des uns et des autres et faire droit aux victimes.
Ne pas faire cela, c’est la promotion de la culture de l’impunité, du ma tey def, ce qui est contraire à l’équité et à l’état de droit.
Au nom de quel principe, un acteur politique peut-il commettre des délits et être amnistié sans être jugé pour le mettre face à ses responsabilités et refuser ce même droit au même citoyen lambda qui aurait commis les mêmes fautes et qui croupit en prison. ?
Ou bien, les citoyens ne sont-ils plus égaux en droit devant la loi et la justice ? ou bien au Sénégal il y a une couche sociale de première division avec ses privilèges et ses impunités et une couche sociale de deuxième division voire une autre de troisième avec leurs douleurs et leurs peines ?
C’est en cela que le projet de loi d’amnistie est révoltant, inadmissible et non acceptable. Il l’est ainsi par les nombreux soupçons qu’il renvoie au commun des mortels sénégalais. Celui d’être, une amnistie fourretout et cachotière, laissant aux députés qui, dans le cadre de leurs prérogatives pourraient être tentés d’élargir sur commande non écrite, l’amnistie à d’autres délits qui ne sont pas amnistiables malgré la date à prendre en compte :2021, 2022, 2023, 2024.Et pourquoi tout amnistier pour cette période ? on a peur de qui et de quoi. Que cherche-t-on à cacher ?
Pourquoi dans la détermination de cette période, les délits proposés à l’amnistie ne sont pas édifiés et connus ? Et pour quoi lors du dialogue politique dernier, il n’a pas été créé une commission sur l’amnistie pour que les acteurs politiques et les forces vives de la nation qui ont proposé une date et un processus au président de la République pour l’organisation des élections, lui soumettent ce qui est acceptable ou pas pour notre peuple. Même si la constitution réserve ce droit au chef de l’ETAT en lien avec les députés du peuple qui auront à voter la loi d’amnistie ;
Le parti KISAL SENEGAAL a répondu favorablement au dialogue comme à chaque fois qu’il est convié, mais la parole ne lui a pas été donnée. C’est comme si dans ce dialogue c’est la foule qui était recherchée et visiblement les paroliers avaient été choisi au préalable.
Frustrations oui, mais aucun regret pour KISAL SENEGAAL car, nous souhaitions poser les dossiers de l’amnistie, de la binationalité et de la discrimination de l’âge pour accéder à la magistrature suprême. Le fait que nous soyons là présents nous a permis d’entendre, d’apprécier par nous-mêmes et d’être à l’abri des commentaires partisans ou téléguidés
Ce qui est inquiétant, c’est qu’au Sénégal les députés ne se réclament pas être des députés du peuple, mais comme des députés de leurs partis et dans la majorité comme députés du président de la République. Ces derniers l’ont revendiqué à plusieurs reprises
Les députés de la coalition BENNOO et leurs alliés stratégiques du moment oseront -ils défier le président de la République en restreignant les délits à amnistier, à refuser l’ouverture de la loi vers d’autres crimes qui ont eu à occuper une certaine médiatisation et qui sont restés jusqu’ici impunis parce que bénéficiant de parapluies ?
Les députés de l’opposition oseront-ils une accointance avec le président de la République parce qu’il y a des bénéfices politiques à la clé pour leurs leaders ?
La société civile sénégalaise et les forces vives de la nation accepteront-ils et cautionneront-ils cet état de fait en donnant des droits de substitution du pardon aux acteurs délinquants et en les refusant aux victimes pour la préservation de leurs droits.
Le silence devant la justice et la plénitude de l’exercice du droit est-il achetable ? à quelle valeur et à quel prix du nivellement des souffrances humaines.
Je ne reproche pas à Macky SALL de vouloir pacifier le pays (il est un des acteurs responsables de ce qui se passe). Mais libérer les prétendus détenus politiques (c’est vraiment facile de l’être au Sénégal), amnistier sans une politique de réparation de communication et d’explication pertinente, rime à faire bénéficier à tous qui sont libérés voir amnistiés sans jugements, des arguments politiques à hautes valeurs ajoutées, pour des interprétations politiciennes et mensongères comme cela est de coutume et des comportements de goguenards pour se valoriser d’avantage aux yeux et aux oreilles des Sénégalais. Cela, au mépris des morts, des destructions et de plusieurs autres crimes pour lesquels tout est aujourd’hui obscur et sous le coude, avec des violations caractérisées des institutions sacrées de la république. NON, NON, NON trente-trois fois NON le peuple sénégalais mérite mieux que ça. HAY GOOTO HOLTO FUUNTU MIN, YAWOO MIN / BUNYU KEN FOONTOO TEE DINYU YAB TAMIT

MAMADOU DEME
PRESIDENT DU PARTI KISAL SENEGAAL
LEADER DE LA COALITION MOOBAL SENEGAAL

 

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