La réforme du franc CFA : plus qu’un symbole

24 - Décembre - 2019

Si la fin annoncée de la monnaie, appelée à être remplacée par le futur éco, ne signifie pas une rupture avec la France, les transformations annoncées sont loin d’être cosmétiques.
De la poudre aux yeux ? En annonçant, le 21 décembre, à Abidjan, la disparition prochaine du franc CFA, Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara n’ont pas rallié les contempteurs les plus virulents de la Françafrique. « Une réformette pleine de contradictions, voulue par Macron et exécutée par ADO [Alassane Dramane Ouattara] », a réagi Mamadou Koulibaly, un ancien ministre ivoirien des finances, candidat à la présidentielle de 2020. Le franc CFA, cette monnaie créée par la France coloniale en 1945, « n’est pas mort », à en croire l’opposant.
Sur ce dernier point, on ne saurait lui donner tout à fait tort. La réforme annoncée ne concerne, dans un premier temps, que les huit pays de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Uemoa) : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Les six Etats d’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), qui forment une zone monétaire distincte, n’en ont pas fini avec le franc CFA. Ensuite, quoi qu’en dise le président Macron, les « amarres » ne sont pas complètement « rompues » sur le plan monétaire entre la France et ses anciennes colonies ouest-africaines.
La nouvelle devise sera baptisée « éco », nom choisi pour la future monnaie commune des quinze pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao, qui comprend quinze pays dont ceux de l’Uemoa). Mais elle demeurera arrimée à l’euro selon une parité fixe garantie par la France. Les fondamentaux du système sont donc bien maintenus. Pour autant, les transformations annoncées sont loin d’être purement cosmétiques. Il y a d’abord des symboles qui comptent. L’acronyme CFA à beau signifier, depuis 1960, « Communauté financière africaine », la rue africaine retient surtout le nom d’origine : le franc des « colonies françaises d’Afrique ». A l’aube du soixantième anniversaire des indépendances, il était plus que temps de tourner cette page.

Le monde

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

23 - Juin - 2022

DEVELOPPEMENT : LE MAIRE DE KEDOUGOU, OUSMANE SYLLA, TEND LA MAIN AUX RESSORTISSANTS DE KEDOUGOU EN FRANCE

Le développement de la commune de Kédougou, voire de toute la région, se fera avec les fils de Kédougou. C’est la conviction du nouveau maire de la commune,...

10 - Juin - 2022

DES ACTEURS DE LA FILIÈRE MAÏS S’ENGAGENT POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Le Collège national des producteurs de maïs du Sénégal (CNPMS) ambitionne de faire passer de 600.000 tonnes actuellement à 1.000.000 la production nationale de...

05 - Juin - 2022

Sophie Gladima, ministre du pétrole et des mines : « Le Super aurait coûté 1182 Fcfa à la pompe sans la subvention de l’État »

Les « Gorgorlu » devaient débourser 1182 francs CFA pour se procurer le Super à la pompe n’eut été la subvention accordée par...

25 - Mai - 2022

AMADOU HOTT PRÉCONISE UN "FORT PLAIDOYER" POUR UNE RÉALLOCATION DE LA BAD

Il faut un fort plaidoyer pour convaincre beaucoup de pays à mettre une partie de leurs réserves pour la réallocation de la Banque africaine de développement et lui...

24 - Mai - 2022

Hausse des cours mondiaux du blé: les meuniers du Sénégal acculent l'Etat

Les acteurs de la filière et les consommateurs sur la situation résultant des cours mondiaux du blé. En conférence de presse lundi, l’Association des meuniers...