La sortie d’Ismaela Madio Fall sur le troisième mandat (Par Pape Ndiaye)

16 - Mars - 2019

Faut-il en rire ou en pleurer ? Ce fut la première interrogation qui nous saisit en lisant les explications alambiquées d’Ismaela Madior Fall sur le troisième mandat du président Macky Sall. En rire ? Sûrement. Ces dernières contorsions venant d’un universitaire prêtent à rire. « Pour moi, la Constitution est claire, mais j’ai entendu des professeurs de droit dire que, telles que les dispositions ont été rédigées, le président peut faire un autre mandat. Moi, je pense que la Constitution est claire. En principe, c’est le deuxième et le dernier mandat », nous sert-il dans un entretien accordé au journal « Enquête» du lundi 11 mars 2019. Pour ajouter de la confusion à cette réponse suffisamment nuancée, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux soutient sans rire : « A mon avis, les dispositions sont claires. D’autres ont donné leur avis en disant que les dispositions ne sont pas claires. Il appartient au président de la République d’apprécier ». Ces propos sont d’un éminent constitutionnaliste et par ailleurs rédacteur de cette disposition sujette à des interprétations multiples. Sans nous donner une interprétation claire de cet article, le spécialiste de la loi constitutionnelle devenu conseiller du prince doute. Ce n’est plus un Ismaëla Madior Fall, formel dans ses certitudes, l’homme qui prétendait avoir la science infuse. Mais, quelqu’un qui donne plus de crédit aux interprétations de ses contradicteurs qu’à sa propre science. Ce qui étonne plus que tout, c’est que sa phraséologie d’aujourd’hui tranche avec ses réponses d’hier sur la même question. Dans un entretien accoré au journal Le Quotidien daté du mois octobre 2017, notre cher constitutionnaliste soutenait : « La Constitution du Sénégal est très claire sur cette question et ne laisse place à aucune interprétation. L’article 27 de la Constitution dit : le chef de l’État est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs (qu’il répète à trois reprises). Il n’y a pas place à interprétation ». Ça c’était avant la victoire de Macky Sall à la présidentielle. Aujourd’hui, il n’est plus certain de rien du tout. Le spécialiste péremptoire s’est mué en homme sceptique. Sa seule certitude sur la question est que tout est incertain. Pour lui, il y a deux interprétations qui s’affrontent et se valent. D’où la nécessité de solliciter l’arbitraire….du chef de l’Etat. Son assagissement soudain prête à rire. Devant tout ce bric-à-brac rhétorique, notre professeur apparaît ainsi en pleine lumière pour ce qu’il est : un vulgaire rhéteur sans moral.

Faut-il en pleurer ? Assurément. Sans remonter à son brillant cursus universitaire, Ismaela Madior Fall renvoyait naguère l’image d’un intellectuel rigoureux, une voix autorisée sur les questions relevant de sa compétence. A la faculté de droit de l’UCAD, il était la référence absolue en matière constitutionnelle. Aujourd’hui, ces étudiants ne le reconnaissent plus. Mais depuis qu’il a hérité d’un marocain, IMF préfère déployer son énergie dans les combines de palais que de dire le droit dans toute sa rigueur. Il y a belle lurette qu’il a troqué les classiques de droit contre le Prince de Machiavel. C’est en cela que sa métamorphose est regrettable et pathétique. A force de reniements, Ismaela Madior Fall est devenu l’antithèse absolue de tout ce qui définit l’intellectuel organique.

Faut-il s’en inquiéter ? Se demande-t-on dans un second temps. Oui. Sans l’ombre d’une hésitation. Cette sortie du Garde des Sceaux essaie de donner une caution scientifique à un éventuel reniement du président de la République sur son troisième mandat. Habillée des oripeaux de la science, cette entourloupe d’Ismaela Madior Fall n’est qu’un stratagème pour faire passer dans l’opinion une forfaiture aux conséquences incalculables. Pour rappel, la volonté du président Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat avait plongé le pays dans une crise politique ayant entraîné la mort d’une dizaine de personnes. Mon intime conviction est que le président Macky Sall entame son unique et dernier mandat comme il a lui-même eu à le répéter à plusieurs occasions. Toutefois, il doit se garder d’écouter ces marchands d’illusion à l’image d’Ismaela Madior Fall.

Papa Ndiaye
Activiste sénégalais

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

31 - Octobre - 2024

Blessure de leur leader Malick Gakou lors de l'attaque du convoi de Sonko à Koungheul ; Le Grand Parti parle d'une tentative d'assassinat et annonce une plainte

La violence a de nouveau marqué la campagne électorale ce mercredi, avec un nouvel incident à Koungheul. Dans un communiqué adressé à exclusif.net, le...

30 - Octobre - 2024

Le renforcement de la coopération au menu d’échanges entre Bassirou Diomaye Faye et le prince héritier d’Arabie Saoudite

Le président Bassirou Diomaye Faye et le prince héritier du royaume d’Arabie Saoudite, Mohammed Bin Salman Bin Abdelaziz Al Saoud, ont exprimé mardi à Ryad, leur...

30 - Octobre - 2024

Relai de discours violents en campagne électorale : Le CNRA rappelle à l’ordre les médias

La violence refait surface en cette période de campagne pour les législatives du 17 novembre. Ce qui a suscité la réaction du Conseil national de régulation de...

30 - Octobre - 2024

Fatick sera une Métropole Régionale dans le Cadre du Programme Sénégal 2050, annonce Ousmane SONKO

Lors de son passage à Fatick dans le cadre de sa campagne pour les législatives anticipées du 17 novembre, Ousmane SONKO a réaffirmé l’ambition du...

30 - Octobre - 2024

Amadou BA : «Le PROJET est certes bon (…) mais le rythme est lent »

A Ngoundiane pour son troisième jour de campagne, la tête de liste de Jam Ak Njariñ a longuement tiré sur le Premier ministre Ousmane SONKO lors de son discours. Pour...