Le début d’une chasse à l’homme... Sonko

23 - Octobre - 2019

Depuis son accession à la magistrature suprême, le président Macky Sall vit dans une spirale d’affaires politico-judiciaires. A l’ouverture des audiences, Karim Wade arrêté, jugé et condamné puis gracié avant d’être contraint à quitter le pays. Ensuite, Khalifa Sall, candidat déclaré à la présidentielle 2019, embastillé pour ce fait et radié de ses fonctions de maire avant d’être déchu de son mandat de député. Il sera finalement gracié par son geôlier. Et voilà qu’on reprend les mêmes institutions (Jus- tice et Assemblée) pour recommencer ! Le suivant chez le coiffeur pénitentiaire risque d’être Ousmane Sonko accusé d’avoir bâti de toutes pièces une montagne de mensonges d’un coût de « 94 milliards ». D’où le début d’une chasse à l’homme...politique.

En chasse de masse, les lièvres sont levés pour être pourchassés. Une telle méthode devrait être érigée en règle absolue dans la faune sénégalaise de la mal-gouvernance où l’affaire des « 94 milliards » ressemble à un braconnage d’Etat. Malheureusement au rythme où vont les choses, les leveurs de lièvres risquent d’être pourchassés. Hélas, le turbulent et bruyant leader de Pastef, Ousmane Sonko, en est un ! Pour avoir révélé ce supposé détournement de deniers publics, Ousmane Sonko n’aurait jamais imaginé qu’au-delà de la personne de l’ancien directeur des Domaines, Mamour Diallo, c’est tout le régime de l’Apr qui se sentirait embarrassé voire outragé. Dans ce cas, il n’est plus question de faire recours à l’Assemblée nationale et à la Justice pour faire la lumière météorologique sur les vents et marées de mythomanie à la Sonko, mais plutôt de neutraliser un adversaire politique. A l’orée de la 4e alternance politique et démocratique, nos institutions (Assemblée et Justice) devraient-elles se donner le droit de sacrifier la vérité républicaine parce qu’elle viendrait tout simplement fausser le calcul politique des prédateurs et troubler la quiétude des despotes ? Toujours est-il que, compte tenu des sillons déjà tracés par les faucons du régime, le syndrome Karim Wade/Khalifa Sall hante le candidat malheureux de la présidentielle 2019, Ousmane Sonko. Un scrutin au cours duquel il avait obtenu un très honorable troisième rang. Ce pour un coup d’essai qui lui donne une attestation d’un avenir politique prometteur. Et, donc, d’un adversaire politiquement redoutable et médiatiquement dangereux pour le pouvoir en place. Dans ces conditions, il est d’une importance vitale de procéder à sa lapidation politique et juridique. De ce point de vue, il n’est pas exclu de voir Ousmane Sonko subir le même sort que Karim Wade et Khalifa Sall. Ce qui justifie sans doute la reprise du service de cette même Assemblée nationale qui avait dépoussiéré l’arme de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ayant conduit l’ancien ministre d’Etat Karim Wade à l’abattoir. En tout cas, plusieurs panneaux de signalisation posés sur la route d’Ousmane Sonko semblent matérialiser un sens unique menant tout droit vers Rebeuss.

On reprend les mêmes institutions (Assemblée et Justice)
et on recommence !

Il y a d’abord les résultats de la commission d’enquête parlementaire qui disculpent Mamour Diallo accusé par Ousmane Sonko d’avoir détourné la somme de 94 milliards cfa. Même si cette commission reconnait l’existence d’un « petit » décaissement de deux milliards huit cent quarante-cinq millions huit cent soixante-quinze mille francs cfa (2 845 875 000), il y aurait scandale si des deniers publics avaient fait l’objet d’un virement sur la base de faux et usage du faux. Outragée par le jet à la poubelle de son prestigieux rapport de la part du député Ousmane Sonko, l’Assemblée nationale est entrain d’agiter la levée de son immunité parlementaire. Sous prétexte de faire sauter les verrous de protection permettant au pro- cureur de la République de déclencher l’action de la plainte de Mamour Diallo contre le député de Pastef. Cet éventuel déverrouillage constitutionnel provoque déjà une adhésion de nombreux citoyens souhaitant le jaillissement de la vérité sur cette affaire des 94 milliards cfa. Malheureusement, aux yeux de bon nombre d’analystes politiques, derrière cette manœuvre parlementaire se cacherait une liquidation « judiciaire » visant à écarter Ousmane Sonko des prochaines joutes électorales. Comme ce fut récemment le cas de l’ancien député Khalifa Ababacar Sall dont la levée de l’immunité parlementaire avait été actée par cette même Assemblée nationale à travers une commission ad hoc. Dissident du Parti socialiste (Ps) et, par extension, de la mouvance majoritaire (Bby), Khalifa Sall, l’ex-candidat déclaré mais exclu de la dernière présidentielle 2019 par la Justice, avait été révoqué de ses fonctions de maire de Dakar. Par le président de la République! Et dans l’affaire des 94 milliards, on reprend les mêmes institutions et on recommence le sale boulot de pendaison...

Un poursuivant poursuivi !

Et pourtant, les partisans de Mamour Diallo pouvaient épargner les Caterpillar de la puissance étatique de cette guerre des « démolitions » au point d’enrôler dans leur opération le porte-parole de la présidence de la République. Surtout dans un contexte de décrispation politique et sociale voulue et actée par le président de la République avec la libération de Khalifa Sall et les retrouvailles avec son prédécesseur Abdoulaye Wade. Car, dans cette histoire des 94 milliards de francs, le président de la République Macky Sall n’est ni accusé, ni offensé encore moins outragé par Ousmane Sonko. Il s’agit simplement d’une alerte d’une banalité affligeante de la part d’un citoyen (Ousmane Sonko) accusant un haut fonctionnaire (Mamour Di- allo) d’avoir détourné des deniers publics. Admettons que l’alerte soit fausse, l’Etat devrait s’en réjouir après s’être donné les moyens de pourchasser le lièvre et d’identifier sa « couleur » ne serait-ce que dans le cadre de sa politique de bonne gestion des deniers publics et de lutte contre la corruption. Et qu’importe si ce pourfendeur acharné de la pensée unique et de la mal- gouvernance est lui-même un leader poli- tique aux ambitions présidentielles.

Malheureusement, le Sénégal est encore en passe d’assister à un autre épisode où le poursuivant risque d’être poursuivi pour délit d’espionnage...foncier. Et jeté au gnouf ! Car, comme on dit, jamais deux (prisonniers présidentiables) sans trois.

Le Témoin

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