Le report des élections territoriales : l’opposition et la majorité sont les deux faces de l’institutionnalisation de la fraude du calendrier républicain (Moustapha Diakhaté)
Audit du fichier électoral ou pas, évaluation des élections ou pas, la Covid-19 ou pas, le respect du calendrier électoral n’est pas du self-service mais une obligation qui s’impose aux partis politiques de la majorité comme de l’opposition.
Malheureusement depuis très longtemps, au Sénégal c’est la classe politique qui dicte le calendrier des élections locales et non le code électoral.
Ainsi dans l’exposé des motifs pour justifier le report des élections territoriales, l’ancien ministre de l’Intérieur Monsieur Aly Ngouillle Ndiaye avait mis en avant les travaux de la commission nationale du dialogue politique, qui «a décidé, par consensus, du principe du report des élections, en application des article L232 et L266 du code électoral».
En cautionnant le report des départementales et communales, l’opposition endosse une grande responsabilité dans le déclin de la démocratie locale élective .
Au Sénégal, en vertus du code électoral, les scrutins départementaux et communaux doivent se tenir, impérativement, au plus tard le 31 décembre de cinquième année des mandats au lieu de 2020, 2021 ou 2022.
En demandant en 2019 le report des élections territoriales, sous le prétexte d’audit du fichier électoral et d’évaluation des élections, l’opposition a participé à une fraude électorale institutionnalisée.
La classe politique sénégalaise doit comprendre que le mandat n’appartient ni aux partis ni à l’exécutif mais au peuple sénégalais.
Nous ne devons pas perdre de vue que le report des élections, avec ou sans l’accord de l’opposition, constitue déjà, à lui seul, la manifestation d’une démocratie en pleine déliquescence.
Dans une démocratie saine, il est totalement inacceptable que sur un claquement de doigts du président de la République ou des partis politiques que des élections soient reculées.