LE “SOUVERAINISME” MADE IN SENEGAL : EXPORTATION DE CITOYENS POUR LA CUEILLETTE ESPAGNOLE (PAR IBRAHIMA THIAM)

28 - Janvier - 2025

Le Sénégal, ce fier pays souverainiste qui revendique son indépendance, sa dignité et son autodétermination. Et quelle meilleure façon de prouver cet attachement à la souveraineté que d’organiser l’émigration officielle de centaines de compatriotes pour aller… cueillir des fruits et légumes en Espagne ! Oui, vous avez bien entendu : l’État ne se contente plus de regarder ses jeunes partir en pirogue, il prend les devants et leur ouvre la voie vers des champs de tomates et des vergers ibériques. Si ce n’est pas une vision révolutionnaire du développement, qu’est-ce que c’est ?

Alors, quel est le projet, au juste ? Peut-être s’agit-il d’une stratégie secrète : exporter nos talents pour enrichir l’économie espagnole tout en allégeant les statistiques du chômage chez nous. Un double jackpot, en quelque sorte. Et pourquoi pas ? Après tout, pourquoi s’embêter à créer des emplois au Sénégal quand on peut transformer ses citoyens en main-d’œuvre bon marché pour des employeurs européens ? La dignité nationale ? Une formalité.

On nous dira sûrement que ces initiatives sont une chance pour les jeunes, une opportunité de “gagner leur vie” à l’étranger. Mais soyons honnêtes : envoyer des compatriotes affronter des contrats précaires dans des champs, sous des températures infernales, n’a rien d’un plan de développement. Cela ressemble davantage à une capitulation économique soigneusement emballée dans un discours de “coopération internationale”.

Et pendant ce temps, chez nous, le potentiel agricole reste sous-exploité. Les terres fertiles de la vallée du fleuve Sénégal ou de la Casamance pourraient nourrir non seulement le pays mais aussi des marchés extérieurs. Mais pour cela, il faudrait investir dans les infrastructures, soutenir les agriculteurs locaux, et développer une vraie politique de transformation des produits. Trop compliqué ? Apparemment, il est plus simple de louer nos bras que de valoriser nos terres.

Mais ne soyons pas trop durs. Peut-être que le gouvernement est sur quelque chose de grand : après tout, exporter nos jeunes, c’est une forme de diversification économique, non ? On a exporté de l’or, du pétrole, des arachides… Pourquoi pas des travailleurs ? Une véritable innovation dans la gestion des ressources humaines nationales !

Ce qui est certain, c’est que cette politique envoie un message clair à notre jeunesse : “Il n’y a rien pour vous ici, alors partez.” Mais ne vous inquiétez pas, chers compatriotes, vous partez avec la bénédiction officielle de votre gouvernement souverainiste. La souveraineté, dans ce contexte, semble signifier l’autonomie de nos dirigeants dans leur capacité à déléguer nos problèmes à d’autres pays.

Alors, bravo pour cette brillante initiative. Avec un peu de chance, les fruits et légumes que nos jeunes cueilleront en Espagne finiront peut-être par revenir dans nos assiettes. Importés, bien sûr, à des prix exorbitants. Ironique ? Non, souverainiste.

Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir

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