LEGISLATIVES EN FRANCE : DORO MBODJ, L’EPINE DANS LE PIED DE MACKY SALL

29 - Juin - 2022

Affable, mais peut faire perdre BBY en Normandie (pourtant bastion de Macky Sall), lors des élections législatives du 31 juin. Doro Mbodj, comme c’est de lui que nous parlons, est le président du mouvement « Bulletins nuls ». Militant de l’APR, il est pourtant résolument engagé dans le combat qu’il mène pour que les Sénégalais originaires du Fouta sanctionnent négativement la liste de BBY, lors des législatives. Comment vos adhérents peuvent-ils voter nul ? « Nous les avons formés, nous leur avons dit que le jour du vote, il doivent mettre au moins deux bulletins de couleurs différentes dans une enveloppe », a-t-il répondu.
Très sollicité, visiblement influent dans la communauté, Doro Mbodj peut faire mal au pouvoir, lors des législatives. « On peut faire un peu mal, rectifie-t-il, parce que nous ne sommes pas encore allés vers l’opposition », a-t-il argumenté. « Là, nous donnons juste un carton jaune au président de la République », a ajouté M. Mdodj. A moins que Macky Sall accède à ses doléances, à savoir « changer le visage du Fouta », grâce notamment au bitumage de la route du « Dannde Maayo », à la construction d’un hôpital, à la lutte contre le chômage endémique des jeunes…
Doro Mbodj est un personnage humble qui vous accueille toujours avec le sourire aux lèvres. « C’est surtout un homme de conviction, a précisé Demba Sy, un de ses amis. Je le connais depuis longtemps et il n’a jamais changé. Sérieux, généreux, on a l’impression qu’il ne vit que pour les autres. De plus il est teigneux, car je ne l’ai jamais vu reculer devant un obstacle », a-t-il ajouté.
Né en France, Doro Mbodj aurait pu, comme plusieurs binationaux, faire pencher son cœur du côté de son pays de naissance. Mais lui a le « Sénégal au cœur ». Un lien affectif qui s’explique certainement par le fait qu’il a grandi dans son pays d’origine. Visiblement, c’est lors de ce long séjour qu’il a mesuré la frustration des populations, lesquelles, dit-il, ont pris conscience que le Fouta est laissé en rade à tout point de vue. La faute, dit-il, aux politiciens originaires de la région. « C’est donc la frustration généralisée des populations qui m’a poussé à créer ce mouvement. Depuis 1960, année de l’accession du Sénégal à l’indépendance, le visage du Fouta n’a pas changé. Ce sont les mêmes conditions de vie qui existent jusqu’à présent. Les politiciens qui nous dirigent n’ont pas eu l’audace de porter nos revendications à l’Assemblée nationale. J’ai donc pris l’initiative de mettre en place ce mouvement pour voir comment, par le truchement des élections, nous pourrions peser sur le cours de l’histoire », a expliqué M. Mbodj entre deux sollicitations des membres de son mouvement, samedi 25 juin, en marge d’une rencontre organisée à Val-de-Reuil.
C’est devenu la tendance au Sénégal. Lancer un mouvement politique en choisissant le pouvoir comme cible. Chercher ensuite à négocier avec lui toute honte bue. L’exemple de Fouta Tampi en est une parfaite illustration. Après avoir lourdement chargé Macky Sall, Fatoumata Ndiaye, sa présidente, a comme par enchantement retourné sa robe. Doro Mbodj ne serait pas de cet acabit. « Je fais partie de ses meilleurs amis. J’ai la certitude qu’il ne trahira pas les objectifs de ce combat que nous menons. Il ne l’utilisera pas comme un tremplin politique », a tenté de rassurer Daouda Konté. Le principal concerné lui-même s’empresse de dire : « Plusieurs personnes m’ont dit la même chose, mais moi, je sais comment je vis, ici, en France. Je travaille, je suis technicien de l’industrie pharmaceutique, je vis très bien, je me soigne bien, donc je n’ai pas de problème, mes enfants sont là. J’ai porté ce combat simplement parce que les hommes politiques de notre terroir ne l’ont pas fait. »
Preuve qu’il ne pense pas qu’à sa tête, Doro Mbodj aurait décliné une audience lors du récent séjour du président Macky Sall à Paris. Il aurait refusé d’être reçu seul sans des membres de son mouvement.

Cheikh Sidou SYLLA

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