LEGISLATIVES : MACKY SALL, PRINCIPAL RESPONSABLE DE LA DEFAITE DE BBY

02 - Août - 2022

Ce sont une question que les responsables de BBY n’ont certainement eu de cesse de se poser à l’issue du scrutin du 31juillet. Le bilan de Macky Sall est reluisant : aéroports, TER, BRT, Air Sénégal, un taux de croissance positif, les bourses familiales, la revalorisation des salaires, l’appui financier aux Sénégalais de la diaspora pendant la crise du Covid-19, la forte amélioration du service dans les consulats (délai réduit pour l’obtention du passeport…). Alors pourquoi sa cote de popularité se réduit-elle comme peau de chagrin ?
C’est certainement dans la réponse à cette question que se cachent les causes profondes du début de divorce entre Macky Sall et les Sénégalais. Si personnellement j’admets que son bilan est positif sur le plan infrastructurel, le président de la République n’a toutefois pas réussi à faire mieux pour remettre en cause les représentations de bon nombre de Sénégalais sur le sentiment d’injustice dans le pays, sur la politique du « deux poids, deux mesures », et sur la présence excessive et encombrante de sa famille et de ses amis dans les plus hautes sphères du pouvoir. Je pourrais aussi ajouter l’arrogance et le manque de générosité. Bref pour être un Sénégalais à part entière sous Macky Sall, il faut faire partie du système ou du parti-Etat. Les autres Sénégalais eux, ont seulement droit à une participation périphérique dans les affaires de la cité. C’est visiblement, dans cette brèche du sentiment d’injustice que Ousmane Sonko s’est engouffré et a proposé un remède qui aurait des vertus thérapeutiques. Son discours ayant accroché, le leader de Pastef est perçu comme celui qui va restaurer nos valeurs, à savoir l’humilité, le partage équitable, l’égalité et l’équité…Les élections législatives étant arrivées à un moment où bon nombre de Sénégalais (ceux des zones urbaines et de la diaspora) ont adhéré à ses « solutions », les résultats (provisoires encore) sortis des urnes ne pouvaient traduire que l’expression de leur volonté de changement.
La défaite de BBY en France
Face à cette volonté irrépressible de changement manifestée par les Sénégalais pendant la campagne électorale et dans les urnes, nos compatriotes de France, qui ont toujours contribué à l’évolution de la démocratie au Sénégal, pouvaient-ils rester à la périphérie ? Naturellement, la réponse est non. Sans chercher à le dédouaner, le coordinateur de la DSE, APR France, Amadou Talla Daff, ne pouvait pas « arrêter la mer avec ses bras ». Le profil des candidats aussi n’y est pour rien. Le changement ? Le peuple souverain l’a voulu et il l’a fait !
Lors de la présidentielle de 2012, malgré l’énorme budget de campagne du PDS et malgré les nombreuses réalisions du président Abdoulaye Wade, les Sénégalais, assoiffés de changement, ont mis un terme à son CDD. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on.
Encore à la décharge d’Amadou Talla Daff, il faut dire que le président Macky Sall n’a pas fait grand-chose pour stopper l’érosion de son assiette électorale en France, ce depuis quelques années maintenant. Lors de la présidentielle de 2019, il avait remporté la mise, mais le score était très serré face à Ousmane Sonko. Non content de ce résultat, Macky Sall, au lieu de sonner la remobilisation de ses militants, a fait le choix de les snober. C’est en perspective des élections locales qu’il était revenu à de meilleurs sentiments les invitant à user de leur influence pour faire voter leurs proches au pays en faveur des candidats de BBY. En direction des législatives, le patron de l’APR n’a pas aussi été exempt de reproches. Les investitures ayant fortement divisé sa famille politique, Macky Sall n’a attendu que les derniers jours qui ont précédé l’ouverture de la campagne électorale pour venir recoller les morceaux de son parti. Mais visiblement, la mayonnaise n’a pas pris. La preuve, dans les Yvelines comme en Normandie, deux bastions de l’APR, et même à Paris, ses électeurs ont boudé les urnes. Si à Mantes-la-Jolie et au Havre BBY a gagné, l’opposition y a quand même empêché la réalisation des scores à la soviétique comme c’était souvent le cas dans le passé. L’abstention record dans ces deux fiefs électoraux de Macky Sall et à Paris n’est pas une surprise. Très attachés à leurs terroirs d’origine, le Fouta notamment, les militants du parti présidentiel ont toujours dénoncé « l’absence de l’Etat » dans leurs contrées. Enclavement, impossible accès à l’eau potable, absence d’infrastructures sanitaires…N’ayant pas été entendus, certains ont préféré s’abstenir que d’aller voter en faveur de l’opposition. Là aussi, la responsabilité de la défaite incombe au président Macky Sall. Si le président de la République est dans le box des accusés, cela ne signifie pas que les responsables de l’APR en France sont blancs comme neige.
Cheikh Sidou SYLLA

 

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 03/08/2022 à 23h48

Le profil des candidats est un déterminant majeure dans une élection de représentativité. Dans cette élection c'est pas le Président Macky Sall qui a été sanctionné mais ces relais qui sont vomis par la base.

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