LES ENERGIES RENOUVELABLES ET ALTERNATIVES AU SENEGAL (3EME PARTIE)

18 - Janvier - 2020

Le potentiel énergétique dont dispose notre pays avec les énergies renouvelables et alternatives, en dehors du gaz naturel (dont le début la production est prévu en 2023), sont abondantes :
Solaire – Biomasse – Eolien - Hydraulique et le charbon (La tourbe)
Elles constituent aujourd’hui une réelle possibilité de produire de l’électricité abondante et abordable tout en améliorant son taux de couverture au plan national.

1.png

Energie primaire : approvisionnement

2.png

Energie consommation finale

1. Electricité origine éolienne
L'énergie éolienne est l'énergie du vent, dont la force motrice (énergie cinétique) est utilisée dans le déplacement de voiliers et autres véhicules ou transformée au moyen d'un dispositif aérogénérateur, comme une éolienne ou un moulin à vent, en une énergie diversement utilisable.
En 2017, la production d’électricité d’origine éolienne (dans le monde) est estimée à près de 1 130 TWh.
Au Sénégal, notre potentiel éolien est non négligeable, notamment sur la bande côtière nord-est d’une largeur de 50 km allant de Dakar à Saint-Louis.
Ici la vitesse moyenne annuelle des vents à 40 m de hauteur est supérieure à 6,0m/s.
La valorisation de ce potentiel nous permettrait de produire au moins 4000 GWh par an d’électricité.
La technologie actuellement la plus utilisée pour capter l'énergie éolienne utilise une hélice sur un axe horizontal. Certains prototypes utilisent un axe de rotation vertical : une nouvelle technologie à axe vertical est celle du Kite wind generator qui, pour capter un vent le plus fort possible, utilise des câbles et des ailes qui peuvent arriver à 800/1 000m de hauteur.
Les nouvelles éoliennes en cours de développement visent à aboutir à une technologie qui s'affranchit du bruit, de l'encombrement et de la fragilité des éoliennes à pales, tout en étant capables d'utiliser le vent quelle que soit sa direction et sa force.
De nombreuses variantes sont étudiées par des essais réels en grandeur nature. Certaines éoliennes sont de petite taille (3 à 8 mètres de large, 1 à 2 mètres de haut), avec pour objectif de pouvoir les installer sur les toitures terrasses des immeubles d'habitation dans les villes, ou sur les toitures des immeubles industriels et commerciaux, dans des gammes de puissances allant de quelques kW à quelques dizaines de kW de puissance moyenne. Leur vitesse de rotation est faible et indépendante de la vitesse du vent. Leur puissance varie avec la vitesse du vent (élevée à la puissance 3) : quand la vitesse du vent double, la puissance est multipliée par 8. La vitesse du vent peut varier de 5 km/h à plus de 200 km/h sans nécessiter la « mise en drapeau » des pales
Le plus grand problème de l'énergie éolienne est son caractère intermittent et aléatoire : elle n'est pas produite à la demande, mais selon les conditions météorologiques.
Une éolienne produit en moyenne 20 % de sa puissance nominale, du fait des variations du vent et n'est pas capable d'adapter rapidement sa production à la demande.
Du fait de cette intermittence de cette énergie rend son coût un peu élevé (en 50 FCFA/kWh pour un parc de d’une durée de 25ans).
Plusieurs projets (Centrale éolienne de St-Louis : 30 MW ; Centrale éolienne de Taïba Ndiaye :125 MW, Centrale éolienne de Kayar :10 MW, Centrale éolienne de Potou :10 MW, Centrale éolienne INFRACO : 40 MW etc.) ont été annoncés dans le pays pour valoriser ce potentiel mais jusque là seul celui de Taïba Ndiaye a vu le jour et dispose ce jour (2019) une capacité de production de 40 MW.
Pour un véritable mix énergétique, la part de cette énergie doit être plus importante.

2. Electricité d’origine Biomasse
Dans le domaine de l'énergie, la biomasse est la matière organique d'origine végétale (microalgues incluses), animale, bactérienne ou fongique (champignons), utilisable comme source d'énergie (bioénergies). Cette énergie peut en être extraite par combustion directe ou par combustion après un processus de transformation de la matière première, par exemple la méthanisation (biogaz, ou sa version épurée le biométhane) ou d'autres transformations chimiques (dont la pyrolyse, la carbonisation hydrothermale et les méthodes de production de biocarburants ou « agrocarburants »).
Trois modes de valorisations de la biomasse existent :
Thermique - chimique - biochimique.
En 2017 La biomasse (hors déchets) représente :
1,9% (480 TWh) de la production mondiale d'électricité.
D’après les données disponibles, le Sénégal dispose d’un potentiel de 7500 GWh. La valorisation de potentiel couvrirait jusqu’à 7O% de nos besoins en électricité.

tableau 3.png

Répartition par secteur de la consommation

3. L’hydroélectricité
L'énergie hydroélectrique, est une énergie électrique renouvelable qui est issue de la conversion de l'énergie hydraulique en électricité. L'énergie cinétique du courant d'eau, naturel ou généré par la différence de niveau, est transformée en énergie mécanique par une turbine hydraulique, puis en énergie électrique par une génératrice électrique synchrone.
En 2018 près de 4 200 TWh d’électricité ont été produite dans le monde à partir de l’énergie hydroélectrique.
Les principaux producteurs d'hydroélectricité en 2018 sont la Chine (29,4 %), le Brésil (9,95 %), le Canada (9,1 %) et les États-Unis (6,95 %), dont les barrages figurent parmi les plus puissants.
Au Sénégal la part de l’hydroélectricité est de 8% (340 GWh) dans la production globale d’électricité.
Les études réalisées par l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) et l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG), en perspective du développement d’unité hydroélectrique, montrent l’existence de plusieurs sites ayant un potentiel estimé à près de 1400 MW sur les fleuves Sénégal et Gambie ainsi que leurs affluents. Malgré des coûts de mise en œuvre généralement élevés, les coûts de maintenance sont raisonnables, les installations sont prévues pour durer longtemps, il n'y a pas de coût de combustible et l'énergie de l'eau est renouvelable si elle est bien gérée. Contrairement à l’éolienne, le coût de production du kWh est au tour de 30 FCFA. La mise en œuvre du potentiel que nous disposons dans ce domaine peut couvrir aujourd’hui l’ensemble de nos besoins électriques.
4. Le charbon
L’exploitation des réserves de tourbe évalués à plus de 80 millions de tonnes. Découverte dans les années 60, elle peut contribuer à la production d'électricité dans de petites unités, dans la gamme de 100 à 1000 MW chacune. Et compte tenu du niveau élevé de pollution de la tourbe, il est possible de disposer de systèmes modernes respectueux des normes environnementales.
Aujourd’hui, dans le monde, beaucoup de gouvernements ont approuvé une politique de valorisation de leurs tourbières. Une politique selon laquelle l’exploitation de leur tourbe pour la production d'électricité devrait être accrue.
Conclusion :
Nous pouvons affirmer avec certitude qu’après 60 ans d’indépendance, les politiques énergétiques mises en œuvre dans ce pays n’ont jamais été à la hauteur des enjeux.
Avec la découverte de gaz et de pétrole offshore (560 milliards m3 de gaz et 530 millions de barils de pétrole), au large des côtes sénégalaises, une grande partie de la stratégie de l’état est basé sur le concept « Gas-to-power » c’est-à-dire produire de l’électricité à partir du gaz naturel.
Le développement de ce projet est évalué à 330 millions de dollars US sur le volet infrastructure de transport et 61 millions de dollars US pour la conversion des centrales existantes.
Au regard des alternatives disponibles :
Solaire, Biomasse, Eolien, Hydraulique et le charbon il serait plus judicieux et rentable de les utiliser pour produire de l’électricité compte tenu de leur cout de production du Kw bien en dessous de celui du gaz et des énergies fossiles.
Des pays possédant plus de gaz que le Sénégal (Arabie saoudite, Qatar, Norvège …. N’ont pas fait le choix du gaz pour produire de l’électricité.
En 2019, plus de 80% de la production d’électricité de la Senelec est obtenue au travers de centrales utilisant du fioul lourd et du gaz pour seulement 13% de la production obtenue au travers de l’énergie solaire (129 MW) et éolienne (41 MW)
Rappelons que ces pourcentages donnés en capacité accentuent encore plus la dépendance du Sénégal aux énergies fossiles en termes de part de production.
La production d’électricité de la Senelec n’est PLUS suffisante pour les besoins en énergie domestique des populations et de celles des unités de production.
La production d’électricité de la Sénélec est
- Corollaire d’un prix du Kwh élevé (production de l’électricité au travers des énergies fossiles)
- Insuffisante avec un réseau vétuste et non équilibré (plus de 20% perte pendant le transport de l’électricité).

3.png

(Voir le développement dans la partie I)

Et pourtant le Sénégal est bien doté de ressources importantes, multiples et en abondance, dont le solaire pour lui assurer une indépendance énergétique.
Ce privilège devrait le placer, parmi les pays qui ne dépendent plus des combustibles fossiles pour produire de l’électricité.
A titre d’exemple :
une installation solaire sur 1% du territoire national couvrirait largement nos besoins d’aujourd’hui.
Le gisement solaire disponible est encore très peu utilisé en comparaison avec les potentialités qu’elle offre au Sénégal.
- plus de 3000 heures d’ensoleillement par an de par sa position géographique avec un niveau de rayonnement solaire assez équilibré durant toute l’année (même avec des réductions pendant la saison pluvieuse).
(Voir le développement dans la partie II)
Seule une réelle volonté de politique, de produire autrement de l’électricité que ce que propose la Senelec, dans le cadre d’un programme sérieux d’exploitation de l’énergie solaire au Sénégal assurera une alimentation d’électricité suffisante pour tout le pays et à bon marché.
La technologie solaire nous permet d’avoir le prix de revient du Kwh produit à moins de 10 FCFA.
C’est le process le plus rentable de nos jours en dehors du nucléaire pour produire de l’électricité.

Le Sénégal doit plutôt se tourner vers ses ressources disponibles en « énergie propre », en énergie du futur pour produire de l’électricité sans avoir besoin de fuel, pétrole, gaz…
Cette volonté d’indépendance énergétique combinée à une prise de conscience écologique doit pousser les pouvoirs publics (actuels et à venir) à opter pour une politique de mix énergétique de grande envergure pour la production de l’électricité et pour la promotion des énergies renouvelables en priorité.
Une énergie suffisante et à moindre coût est la voie pour
- La création de millions d’emplois
- Favoriser un cadre de vie et un essor de l’ingéniosité dans un pays.
L’autonomie énergétique est l’une des conditions nécessaires sinon la première pour développer un pays.

Le défi du développement est fondamentalement lié à l’accès à l’énergie

Lien Partie I : http://www.infos15.com/contribution-sur-la-production-de-l-electricite-au-senegal-article-25-premiere-partie.html

Lien Partie II : http://www.infos15.com/un-prix-du-kwh-d-electricite-eleve-une-fatalite-ou-la-politique-perdante-de-la-senelec-2eme-partie.html

Aboubakr Bengelloun
Président Article 25
E-Mail : Contact@article25-sn.fr

Kémo Cissé
Président commission
Massification Article 25

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

06 - Août - 2024

Fraude fiscale et détournement de denres publics: Le DG de Premier Bet arrêté à l'AIBD alors qu'il tentait de fuir le Sénégal

Il y a de cela quelques semaines, le directeur général de Premier Bet, la société de pari en ligne, annonçait la cessation de ses activités au...

05 - Août - 2024

Redressement fiscal : Le Sénégal réclame 41, 467 milliards FCFA à Woodside

Malgré les milliards que brasse la société australienne, qui développe le champ pétrolier de Sangomar dont les premiers barils sortent, des faits assez graves...

02 - Août - 2024

Perturbations dans l'exploitation de l'or à Kédougou : les Travailleurs de Sabodala Gold Operations en grève illimitée

L'exploitation de l'or dans la région de Kédougou (sud est) est en proie à des perturbations majeures. Hier jeudi dans la soirée, les délégués de...

29 - Juillet - 2024

Politique industrielle du Sénégal : vers un plan Marshall !

Le constat est lamentable pour l’industrie sénégalaise, après 65 ans d’indépendance. En tout, elle pèse environ 25 % du produit intérieur...

29 - Juillet - 2024

Projet Sangomar : les hélicoptères, le revirement de Woodside, les 5 milliards et la lettre à Macky Sall

En vue de l’exploitation du champ pétrolier Sangomar (Phase 1 de développement) Woodside, qui détient 82% des intérêts du projet (contre 18% pour Petrosen),...