Les Karimistes réussissent le pari de la mobilisation et exigent le retour de leur candidat

30 - Novembre - 2018

Le Front démocratique et social de résistance nationale a tenu hier une marche à la place de la Nation. Plusieurs revendications étaient à l’ordre du jour de cette manifestation dont le retour d’exil de Karim Wade, la libération de Khalifa Sall, la tenue d’une élection présidentielle libre et transparente etc. Il est 15H pile ! Sous le chaud soleil, tous en tee-shirts blancs ornés de la photo de Karim Wade, les manifestantstiennent des pancartes et banderolessur lesquellessont écrits desslogans comme : « Avenir sombre et manque de perspectives pour la jeunesse », « Je vote Karim Wade, président 2019 ». Ce sont des Karimistessurexcités quiscandent le nom de leur leader exilé au Qatar. La place de la Nation est bondée de monde. Les militants et autres responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) sont sur place. La députée Mme Mame Diarra Fam, habillée en pantalon noir et d’un tee-shirt blanc floqué du nom de Karim Wade, évoque sa détermination et récuse le ministre de l’Intérieur pour organiser l’élection présidentielle. « Nous avons plusieurs préoccupations, nous n’avons aucun problème personnel avecle ministère de l’Intérieur mais qu’ilconfie les élections à quelqu’un d’autre. Nous ne voulons pas qu’il organise les élections, mais nous n’avonsjamaissouhaité qu’ilsoit limogé. C’est notre père, mais nous n’avons pas confiance en lui », soutient la parlementaire. Soulevant très haut une banderole, Cheikh Diop, un quadragénaire confie participer à cette marche pour dénoncer la politique du président Macky Sall « On ne veut pas de cette politique dictatoriale actuellement en cours. Un pouvoir qui avait promis d’énormes réalisations dont 500.000 emplois à la jeunesse mais aucune de ses promesses n’a vu le jour. C’est pourquoi, en tant que Sénégalais, pour l’émergence de mon pays, je vote pour Karim Wade qui est le seul à pouvoir diriger le pays », dit le Karimiste avant de continuer à crier le nom de son candidat. Dispersés un peu partoutsur la place de la Nation,certains manifestants, dans une ambiance musicale, dansent en brandissant leurs pancartes tout en scandant le nom de Karim Wade. D’autres, à force de crier, sous le coup de la fatigue, errent aux alentours de cette place mythique. Khadi Sokhna, une sexagénaire, est venu expressément de l’extérieur du pays pour prendre part à cette marche. Elle assure que Macky Sall a commencé à « enrouler » le tapis de la démocratie. « Macky Sall a chassé Abdoulaye Wade et sa famille et a pris leurs biens, il a envoyé Khalifa Sall en prison, il est un président dictateur et nous ne voulons pas de cela dans notre pays. Je suis de nationalité française mais d’origine sénégalaise. C’est pourquoi je suis là pour soutenir Karim Wade », dit la dame. « Nous avons des sondages qui montrent que Macky ne sera pas au second tour. Voilà ce qu’il a compris et il a peur », selon Bamba Fall maire de la Médina Même si l’on reconnait que les Karimistes étaient presque les seuls à la marche d’hier, certains leaders et militants des autres partis de l’opposition y ont quand même pris part. Parmi eux, le maire de Médina, Bamba Fall. « Je lance un appel fort au président de la République etson pouvoir pour leur dire que l’opposition n’est pas du tout contente. Jusqu’à présent, il y a des citoyens qui n’ont pas reçu leurs cartes. Pis, certains, bien qu’ayant reçu leurs cartes, ont eu la mauvaise surprise de voir mentionné derrière qu’ils ne sont pas inscrits sur le fichier électoral. Ce qui n’est pas juste. Néanmoins, nous voulons que le vrai fichier soit publié et nous ne voulons pas que Macky fasse la sélection de ses opposants devant l’affronter. Khalifa Sall comme Karim Wade doivent être et seront candidats. Nous allons nous battre pourcela », assure le maire « khalifiste » de la Médina. Ils’interroge sur la peur bleue du président Sall. « Pourquoichercher à éliminer des candidats ? Je pense qu’à moins de six mois de l’élection, il ne peut pas changer les règles du jeu. On entend dire que les électionslocalesseront reculées au mois de décembre. Une élection est repoussée par une loi à l’Assemblée. Même si c’était un décret, mais c’est passé. Je pense qu’ils sont en train de tromper tout le monde et de biaiser le processus électoral. Nous, Khalifistes, avonsréussi à avoir plus de parrainages que ce que la loi nous demande. Qu’ils ne tentent même pas d’instrumentaliser la Cour suprême pour bloquer la candidature de Khalifa Sall. Nous combattrons la disqualification de sa candidature au prix de notre vie », avertit-il. A cet effet, Bamba Fall informe détenir des sondages qui ne sont pas favorables au Chef de l’Etat,ce qui explique sa volonté d’écarterses potentiels adversaires. « Aujourd’hui, ils ont fini de comprendre à partir de leurs sondages qu’ils ont moins de 30 %. C’est pourquoi, ils ne reculent devant rien. Abdoulaye Wade avait mis le fichiersur le net et demandé même à Ousmane Ngom de ne pas gérer les élections en nommant Cheikh Guèye comme ministre des Elections. Abdou Diouf, en son temps, avait fait pareil. Aujourd’hui, de tout ce que Macky Sall nous avait promis sur la transparence et l’approfondissement de la démocratie, rien n’a été respecté. Actuellement, le ministre de l’Intérieur a dit son mot dans cette affaire, il est militant de l’APR et fera tout pour que son parti gagne. Nous avons dessondages qui montrent même que Macky ne sera pas au second tour. Voilà ce qu’il a compris et il a peur », a soutenu le maire de la Médina. Quant au coordonnateur du Parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, il a assuré que les Libéraux ne laisseront pas une telle forfaiture — la mise à l’écart de Karim Wade du processus électoral— passer. Il soutient que le fichier doit être mis à la disposition de l’opposition et qu’il doit y avoir un organisateur des élections neutre. En tout cas autre que l’actuel ministre de l’Intérieur qui a déjà affiché son parti-pris en faveur de la coalition actuellement au pouvoir

Le Témoin

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