Les syndicalistes exigent le départ de l'IEF de Dahra, Mamadou Alioune Diallo

23 - Novembre - 2021

L’Inspecteur de l’Education et de la Formation (IEF) de Linguère a décidé de suspendre les cours pendant 72 heures à Dahra pour accueillir les invités du ministre Aly Saleh Diop dans les écoles (primaires et collèges) de sa circonscription et même hors circonscription (enrôlement des lycées). Ce que les enseignants du moyen-secondaire qualifient de violation de prérogatives et de non-respect du découpage des différentes vacances scolaires pour juste faire plaisir au ministre de l’Elevage et ses invités. En effet, ces derniers seront hébergés dans les salles de classes tandis que les toilettes de ces écoles seront mises à leur disposition. Les syndicats d’enseignants crient au scandale et dénoncent une « forfaiture », tout en exigeant des sanctions.

L’Inspecteur de l’Education et de la Formation (IEF) de Linguère a émis une note d’information à l’endroit des chefs d’établissement, directeurs et directrices de toutes les écoles de la commune de Dahra pour leur demander de faire vaquer les classes pendant trois jours. Ce à partir du mercredi jusqu’au samedi pour les besoins de la célébration de la journée nationale de l’Elevage.

Mamadou Alioune Diallo veut en effet offrir trois jours de vacances forcées aux élèves et enseignants de la localité pour pouvoir simplement mettre à l’aise les invités du ministre de l’Elevage. La décision concerne l’élémentaire, le moyen et même le secondaire, un niveau qui ne relève pourtant pas des prérogatives de l’IEF. Lesquels privilèges ne se limitent pas qu’aux établissements du moyen. Les lycées ne devraient en effet pas être concernés par cette décision.

« Depuis quand est-ce qu’une fête d’un autre secteur comme l’Elevage devrait entrainer la fermeture des écoles ? Cette fermeture ne serait-elle pas une tentative de faire participer les élèves à l’accueil du président de la République pour saupoudrer l’opinion avec des images faisant croire que le Djolof est derrière Macky Sall alors qu’il n’en est rien ? », s'est interrogé le syndicaliste Tamsir Bakhoum dans les colonnes du journal Le Témoin.

Le secrétaire général adjoint du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), El Hadj Malick Youm, dit ne pas toujours comprendre en quoi la célébration de la journée de l’élevage peut entrainer la fermeture des établissements scolaires de Dahra. Selon lui, « un IEF n’a pas le pouvoir de faire vaquer les classes pendant 72 heures pour des raisons aussi légères ».

Citant les dispositions de la loi 91-22 du 22 février 1991 relative au déroulement des enseignements apprentissages, M. Youm affirme que ce ne sont pas des raisons « aussi légères » qui peuvent permettre à un inspecteur de l’Education de faire vaquer les classes dans un pays où les manquements majeurs viennent du non- respect du quantum horaire. Notamment dans ce contexte de pandémie qui a amené le chef de l’Etat à signer cette année un décret portant découpage de l’année scolaire qui a débuté le 11 octobre avec le corps enseignants pour prendre fin le 30 juillet pour le début des vacances scolaires.

Violation du décret de découpage des vacances scolaires L’année académique couvre trois trimestres avec les vacances de Noël en décembre, les fêtes de Pâques couplées à celle de l’Indépendance en fin mars-début avril avant les grandes vacances scolaires prévues fin juillet. Dans ces dates arrêtées par décret présidentiel et instituant les « jours de fêtes », on ne voit nulle part où il est demandé d’accorder des jours de repos aux élèves et enseignants pendant la présente période. Un décret que vient donc « violer l’Ief de Linguère », comme le soutient le secrétaire national à la presse et à la communication du Saemss, Tamsir Bakhoum.

Or cette année, et comme le rappelle son camarade syndicaliste, El Hadj Malick Youm, le quantum horaire est arrêté à 1275 heures. En faisant ainsi vaquer les cours, dit-il, l’IEF « fait perdre à sa circonscription près de 20 heures de cours gratuitement pour faire plaisir à quelqu’un ».

« C’est une catastrophe d’autant qu’on est dans un contexte de crise avec certes une tendance baissière. Mais on ne sait pas encore de quoi cette année sera faite. Vous avez vu que pour la première année de crise, on était obligé de perdre 700 heures avec l’arrêt des cours et la fermeture des écoles et des universités. Cette fois-ci, si l’IEF de Linguère suspend les cours dans sa localité pendant trois jours et que survienne une quatrième vague au Sénégal, ce sera une catastrophe. Dire aussi que même l’année dernière, on n’a pas pu respecter le quantum horaire », s’est-il indigné.

Selon Youm si, en plus de cette difficulté à faire respecter le quantum horaire, on a des Inspecteurs de l’éducation et de la formation (IEF) qui se permettent de faire vaquer les établissements de leurs localités pour des raisons pas tout à fait sérieuses, ça pose problème.

Plus grave, soutient-il, cet IEF a également outrepassé ses prérogatives en matière d’administration.

Violation de ses prérogatives
En suspendant les cours dans le secondaire aussi, alors qu’il n’a pas mission à gérer cette étape du cycle scolaire, M. Diallo aurait tout simplement « violé » le décret fixant les missions et prérogatives des Inspecteurs de l’Education et de la Formation (IEF), selon le secrétaire national à la presse et à la communication du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), Tamsir Bakhoum.

Ce que El Hadj Malick Youm qualifie de «grosse forfaiture» de la part de l’inspecteur en charge de l’Education et la Formation dans cette partie du Djolof, la commune de Dahra. « Pour toutes ces raisons, cet IEF mérite d’être sanctionné » estime le secrétaire général adjoint du Saemss.

Aux enseignants concernés par la note et qui militent pour une école de qualité, M. Youm considère qu’ils devraient «se battre» pour que de pareilles pratiques ne puissent pas prospérer dans la localité « en se mobilisant » et en allant faire cours pour ces trois jours. Pour lui, ce serait une manière de montrer à cet inspecteur de Linguère que « nous ne sommes pas pour une école qui fonctionne au ralenti, et qui, chaque année, ne respecte jamais le quantum horaire… » 

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