LETTRE OUVERTE DE BIRAHIM CAMARA A ANNETTE SECK, MINISTRE CHARGE DES SENEGALAIS DE L'EXTERIEUR
Madame,
Le Président de la République vous a fait confiance en vous nommant ministre auprès du ministre des Affaires étrangères en charge des Sénégalais de l'extérieur.
Vous faites honneur à vos racines rurales et plurielles qui sont fières de vous voir au sommet de l'Etat pour gérer le destin de trois millions de Sénégalais établis hors de nos frontières poreuses.
Sénégalais de l'extérieur ou Sénégalais à l'extérieur à vous de choisir. Peu importe le concept adopté.
L'important est de connaître et de reconnaître celles et ceux qui sont ainsi désignés.
Ne les regardez pas avec des yeux politiciens au risque de ne point les voir.
Ne soyez pas Mata Sy Diallo ni Fatou Ndongo Dieng ni Abdoul Malal Diop ni Oumar Khassimou Dia.
Encore moins Aminata Lo Dieng ou Sada Ndiaye ou Seynabou Gaye Toure.
Les bilans de Souleymane Jules Diop et de Moise Sarr, en deçà des espoirs nourris mais déçus comme ceux de leurs prédécesseurs se résument en trois mots : " prise de contact " contrairement à feue Fambaye Fall Diop, première ministre déléguée des émigrés auprès du président de la République de 1985 à 1988.
Cette vérité historique montre l'acuité et la complexité de la tâche à vous confiée par le président de la République.
Madame, les Sénégalais de l'extérieur ou à l'extérieur sont émigrés, immigrés ou migrants, nomades ou sédentaires.
Les causes multiples sont humaines, sociales, économiques volontaires ou forcées.
Pour bien et mieux les cerner, vous devez partir de l'existant dans les régions périphériques ou dans les provinces du Fouta , du Boundou , du Fouladou , du Baol etc ...
Les conditions de vie et de travail varient d'un pays d'accueil à un autre, d'un continent à un autre.
La France est un cas d'école.
Dans le désordre il vous plaira de noter les préoccupations des Sénégalais :
* Un état civil fiable,
* Les droits sociaux (retraite, allocations familiales, pension de réversion, prise en charge par la CNAM),
* Les questions administratives (visas, regroupement familial, obtention et renouvellement des titres de séjour),
* Le retour par investissement (accès au foncier),
* La représentation dans les conseils territoriaux,
* Le désert bancaire.
En d'autres termes il y a nécessité et urgence de revisiter la convention franco sénégalaise de 1974 pour mieux l'adapter au contexte actuel.
Madame le temps de construction de mosquées, d’écoles, de maternités, de dispensaires, de bureaux de poste, peu à peu, arrive à terme pour faire place à celui de la création de richesses dans les terroirs d'origine.
Il vous est demandé une approche politique volontariste que vous trouverez dans les communautés mandjack, soninké, pulaar , serere , diola , mandingue et diakhanké .
La réussite de votre feuille de route dépendra des relations que vous établirez avec les compétences et les talents issus des diasporas estimées à trois millions de modou modou et de Fatou Fatou dans un cadre bien organisé (Conseil Supérieur ou Haut Conseil des Sénégalais de l’extérieur) en lieu et place des directions et services superposés remplaçables par une plate-forme numérique accessible :
1 Ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur,
2 Ministère auprès du ministère des affaires étrangères chargé des Sénégalais de l’extérieur,
3 Direction générale des Sénégalais de l’extérieur,
4 Délégation générale à l'appui aux investissements des Sénégalais,
5 Bureau d'appui aux Sénégalais de l’extérieur,
6 Bureau d'accueil et d'orientation des Sénégalais de l’extérieur,
7 Fond d'Appui à l'investissement des Sénégalais de l'extérieur.
Madame la rationalisation de ces outils improductifs est un impératif si vous attachez de l'importance à l'efficacité et à l'efficience.
Vous ne manquez pas de référant puisque vous descendez des pères concepteurs de l'organisation et de la méthode.
Faites-en bon usage.
Birahim Camara
Parti Socialiste sénégalais