LOI IMMIGRATION : DEMISSION D'UN MINISTRE, LE PS SAISIT LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL… LES REACTIONS APRES L'ADOPTION

20 - Décembre - 2023

L'adoption du projet de loi immigration, adopté par le Parlement dans la soirée de mardi 19 décembre, aura plus que jamais renforcé les divisions au sein de l'Assemblée nationale, et de la majorité. "Victoire historique" pour LR, "vote de la honte" pour le PS, démission remise à Élisabeth Borne… Tour d'horizon des réactions.

Les divisions et l'absence de majorité auront rarement été aussi apparentes au sein de l'Assemblée nationale. Mardi soir, le projet de loi immigration, dans une version remaniée en Commission mixte paritaire (CMP) et validée par le Sénat, a officiellement été adopté par l'hémicycle à 349 voix pour et 186 contre, au terme d'une séquence politique éreintante, marquée par une Commission cacophonique, et deux suspensions de débats en moins de 24 heures.

Poids des voix du Rassemblement national dans la décision finale sur un texte à la coloration droitière, crédibilité du gouvernement et du camp présidentiel en l'absence de majorité à l'Assemblée, rapport de force des oppositions… Les enjeux étaient multiples. Jubilation à droite, désolation à gauche, les réactions n'ont pas tardé à pleuvoir dès l'annonce du résultat.

Malgré les dissensions et les doutes, émis jusque dans les rangs de la macronie, autour de ce projet de loi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a été le premier à réagir à l'issue du vote, se félicitant sur X (ex-Twitter), d'un "texte fort et ferme", adopté "sans les voix du RN", "pour mieux intégrer les étrangers et expulser ceux qui commettent des actes de délinquance". Ce texte promis depuis dix-huit mois par le ministre de l'Intérieur, n'est "certes pas parfait, puisqu'il est le fruit d'un accord, mais c'est un texte très difficile qui a été voté sans 49-3", l'arme constitutionnelle qui aurait permis une adoption sans vote, s'est même félicité le ministre devant les médias à la sortie de l’hémicycle.

Même son de cloche du côté d'Élisabeth Borne. La Première ministre a également salué sur X l'adoption du projet, et "l'échec" du Rassemblement national : "C’est un texte nécessaire, utile, attendu par les Français. Un texte efficace et conforme aux valeurs républicaines. La majorité a fait bloc. La manœuvre du RN a échoué. Ce soir, seul l'intérêt général a gagné", a-t-elle écrit sur le réseau social. La cheffe du gouvernement sera l'invitée de France Inter mercredi matin, afin de commenter plus longuement cette conclusion.

Une démission, et un malaise palpable dans les rangs de la majorité

Les infos de 5h - Loi immigration : Darmanin défend le texte adopté et évoque des "mesures de régularisation"
Mais les discours d'unité du sommet de l'exécutif n'auront pas suffi à masquer les divisions en interne. Dans la soirée, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a présenté sa démission à la Première ministre, comme il l'avait laissé entendre en cas de vote du texte en l'état, avec les voix du RN. Selon Le Figaro, qui a contacté le cabinet de la cheffe de l'exécutif, rien ne dit, pour l'heure, qu'elle sera acceptée. Élisabeth Borne, dont Aurélien Rousseau avait été le directeur de cabinet avant de rejoindre le gouvernement, pourrait être interrogée à ce sujet sur France Inter mercredi matin.

Plusieurs ministres défavorables au projet de loi, comme Clément Beaune (Transports), ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), ont par ailleurs été reçus dans la soirée à Matignon, selon des sources gouvernementales concordantes citées par l'Agence France-Presse.

Certains parlementaires ont également exprimé leur malaise auprès de l'AFP. Un ministre, sous couvert d'anonymat, a expliqué n'être "pas du tout" à l'aise avec le dénouement et le vote du RN. Le soutien du parti d'extrême droite au texte s'apparente au "baiser de la mort" pour la majorité, s'est alarmé un député Renaissance, macroniste de la première heure. "On est dans la main du RN, on a perdu sur tous les tableaux" et Marine Le Pen "a tout gagné", a aussi déclaré une députée du groupe centriste. Un député macroniste sur quatre n'aurait pas voté le texte, ont fait remarqué nos confrères du Figaro.

Éric Ciotti salue "une victoire historique pour la droite"
Les oppositions n'ont pas dérogé à leurs précédentes prises de position. À droite, où le texte a été largement approuvé, le président des Républicains, Éric Ciotti, a fait part de sa satisfaction, saluant "une victoire historique de la droite" : "Quand on ne fait pas de en-même-temps, c'est utile pour les Français !", a réagi le député des Alpes-Maritimes sur X (ex-Twitter), s'appropriant le texte qu'il présente comme une "loi des Républicains pour lutter contre l'immigration de masse".

Interrogé sur BFMTV sur la promesse du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de "doubler" le nombre de régularisations des travailleurs sans-papiers, soit entre 7.000 et "10.000" titres supplémentaires "chaque année", Éric Ciotti a néanmoins fustigé une "tentative de séduction de l'aile gauche" de la majorité. "Si Gérald Darmanin veut être le ministre des régularisations qu'il l'assume. Les Français jugeront", a affirmé le patron de la droite.

Il a également dénoncé que le président Emmanuel Macron ait envisagé de demander une deuxième délibération parlementaire grâce au mécanisme de l'article 10 de la Constitution sila loi était approuvée grâce aux voix du RN.

La gauche dénonce en cœur l'absence de majorité absolue sans le RN
À gauche, c'est la douche froide, malgré une issue attendue. L'absence de majorité absolue sans les voix du Rassemblement national est également brandie de toutes parts. Très actif dans la soirée de mardi, avant et après le vote, Jean-Luc Mélenchon a déploré sur X une "écœurante victoire", dépourvue, dit-il, de majorité absolue : "261 [votes pour sans les voix du RN, NDLR] soit moins que la majorité absolue ! Après la marche commune du 12 novembre voici la loi votée et écrite en commun. Un nouvel axe politique s'est mis en place", a fustigé le chef des Insoumis. "S'il [Emmanuel Macron, NDLR] ne voulait pas des voix du Rassemblement national, il ne fallait pas reprendre son programme", avait pointé le leader de LFI sur BFMTV avant le vote.

Dans un communiqué relayé dans la nuit sur les réseaux sociaux, La France insoumise a proposé une "réunion d'urgence" à ses collègues des partis socialiste, écologiste, communiste Génération.s, "pour analyser ensemble la situation et discuter des moyens de faire avancer l'alternative à la coalition des droites sur les positions de l'extrême droite".

Pour le chef du PS Olivier Faure, il s'agit du "vote de la honte", a-t-il lui aussi fait savoir dans un message sur X, soulignant que "Sans les 88 voix du RN le texte n’est pas majoritaire". Et, reprenant le tweet posté par la Première ministre, le patron des socialistes de renchérir : "Faire voter le programme du RN grâce aux voix du RN, chapeau l’artiste." Le Parti socialiste a annoncé, immédiatement après le vote, un recours du Conseil constitutionnel, démarche que le président de la République avait par ailleurs envisagée.

Fabien Roussel, à la tête du Parti Communiste Français, est du même avis que ses ex-collègues de la Nupes : "Majorité 268, 349 voix pour, moins les 89 voix du RN = 260. Ils ont voté leur texte avec le RN", a-t-il estimé sur X. Idem pour Marine Tondelier (Europe Écologie Les Verts), qui s'est interrogée sur le calcul des voix et les déclarations de Gérald Darmanin. Et d'ajouter une pointe d'optimisme à destination des internautes : "Ce soir, les humanistes n’étaient pas majoritaires à l’Assemblée. Mais ils le sont dans les universités, les associations, les syndicats. Demain, vous pourrez compter sur nous pour vous aider", a-t-elle écrit sur X.

D'après les informations de l'Agence France-Presse, Emmanuel macron devrait prendre la parole dans la journée, ce mercredi, après sa Première ministre.

RTL

 

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