M. LE PREMIER MINISTRE, UN RAPPORT OU RIEN ? (PAR IBRAHIMA THIAM)

01 - Février - 2025

M. le Premier Ministre Ousmane Sonko, nous voici déjà en février, et quelle meilleure occasion pour vous que de marquer le coup en publiant un rapport détaillé sur vos dix premiers mois de gouvernance ? Oui, oui, un vrai rapport, avec des chiffres, des faits, des actions concrètes, tout ça noir sur blanc. Pas un live Facebook, pas un énième discours dénonçant les « saboteurs tapis dans l’ombre », mais un document officiel, clair, précis, qui montrerait à la face du monde que vous êtes non seulement un tribun hors pair, mais aussi un chef de gouvernement rigoureux et méthodique.
Pourquoi cette idée saugrenue ? Parce que Abdoul Mbaye, Premier ministre avant vous, avait eu l’audace de publier un tel rapport. C’était en 2013, et figurez-vous que malgré les vents et marées politiques, il avait osé faire ce que beaucoup redoutent : expliquer, détailler, comparer. Une démarche qui, avouons-le, tranchait avec la tradition locale du « faites-nous confiance et ne posez pas trop de questions ».
Alors, M. le Premier Ministre, pourquoi ne pas suivre cet exemple ? Après tout, votre gouvernement s’est engagé sur la voie de la transparence et du changement radical, non ? C’est l’occasion rêvée de montrer que vous ne vous contentez pas de dénoncer le « système », mais que vous le réformez réellement, avec des résultats tangibles.
Bien sûr, nous comprenons que l’exercice puisse être délicat. Un rapport détaillé, cela implique de parler des réussites mais aussi des limites, des retards, des défis non relevés. Et là, tout devient plus compliqué. Car si l’on met bout à bout les promesses de rupture, d’assainissement, de justice sociale et économique, et qu’on les confronte aux réalités de terrain, il y a peut-être quelques explications à donner.
Il est exact qu’en Conseil des ministres vous avez évoqué les réalisations faites et celles à terminer dans l’urgence. Mais sans détails donnés, le commun de vos concitoyens a eu quelques peines à les identifier. Cette fréquente référence à l’an 2050 ne saurait satisfaire notre curiosité de savoir à quelle vitesse nous y allons.
Mais rassurez-vous, M. le Premier Ministre, cet exercice pourrait aussi vous être très profitable ! Imaginez un peu : un document bien structuré qui démontre, preuves à l’appui, que les caisses de l’État sont désormais mieux gérées, que la lutte contre la corruption avance à grands pas, que les prix des denrées baissent enfin (ah non, pardon…), que la justice est enfin libérée de toute influence. Une sorte de bilan mi-mandat avant l’heure, qui donnerait à vos partisans de nouvelles munitions pour vanter votre action.
Alors, pourquoi hésiter ? Peut-être parce qu’au-delà des slogans et des grandes déclarations, les faits sont plus têtus que prévus ? Peut-être parce qu’il est plus facile d’expliquer qu’on a besoin de temps plutôt que d’admettre qu’on a peut-être sous-estimé la complexité de la tâche ? Peut-être parce qu’un rapport détaillé, c’est un peu trop factuel ?
Mais allez, M. le Premier Ministre, prenez le risque ! Faites-nous rêver avec un document qui entrerait dans l’histoire comme un modèle de transparence. Montrez-nous que la nouvelle gouvernance est bien ce qu’elle prétend être : exemplaire, méthodique, et tournée vers des résultats concrets.
Ou alors, ne faites rien. Après tout, la rhétorique fonctionne encore très bien, et qui a besoin d’un rapport quand on a des meetings et des réseaux sociaux ?

Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir

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