Ma réponse à Aliou Sall

26 - Juin - 2019

Aliou Sall, en présentant sa lettre de démission à ses amis, parents, militants et sympathisants comme il le revendique, n’a pas manqué de clouer au pilori tous ces Sénégalaises et Sénégalais qui n’ont pas approuvé son implication dans la mafia du pétrole et du gaz.

Et c’est pourquoi, pour lui, ses désapprobateurs (dont j’en suis un) qu’il considère subjectivement comme ses contempteurs se sont lancés dans une campagne de déshumanisation (sic) pour ne pas dire de diabolisation, mais en travestissant la vérité. C’est donc dire que ces manipulateurs ont usé et abusé du mensonge pour atteindre leur objectif qui est de peindre Aliou Sall, l’ennemi public numéro 1, sous les traits d’un opportuniste situationniste, d’un arriviste qui, par nombrilisme et favoritisme du frère-président s’est fait une fortune en moins de 10 ans grâce au pétrole au gaz.

Mais lorsque le désormais ex-directeur général de la Caisse de dépôts et de consignations (CDC) soutient que « ses détracteurs jouent également de manière indécente sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre, voire pour survivre ; qu’ils s’emploient à offrir comme provision, des raccourcis cyniques et dangereux », il ne manque pas, par-là, de réduire cette population souffreteuse comme un vulgum pecus écervelé taillable et corvéable à merci et dont la seule préoccupation est de se remplir le ventre.

En tout cas, son frère de président appréciera ce bout de phrase « populations qui se battent au quotidien pour vivre, voire pour survivre », combien éloquente sur l’état de pauvreté qui a fini par gagner l’essentiel des Sénégalais sous le régime Sall. Merci d’avoir reconnu que nonobstant ce plan de développement (PSE) qui a englouti plusieurs milliards, la masse des Sénégalais dignes, qui ne s’accointent pas avec des vagabonds gangsters milliardaires « pétrolivores », restent empêtrés dans les rets de la pauvreté, pour ne pas dire de l’indigence.

In fine, sur la base d’un manichéisme barbant, Aliou pense que ceux qui ne partagent ses schèmes de pensée lui ôtent son humanisme, voire son humanité parce qu’ils le classent parmi ces Dracula des temps modernes, parmi ces êtres immondes hématophages qui se sustentent du sang des autres. Mais loin d’être une caricature impitoyable, cette image est une peinture effroyable mais fidèle de la personne qui s’auto-flagelle. On est en pleine catharsis. Et en ce qui me concerne, je ne me considère pas comme un loup lâche qui, se noyant dans un océan de haine, hurle concomitamment avec la meute pour maquiller son cri. Ces loups, tels des chiens, bondissent sur les malfaiteurs comme Timis et compagnie pour les empêcher d’accomplir les forfaits.

Pourquoi Aliou agite-t-il de façon sous-jacente le spectre d’une manipulation du peuple que rien n’étaye ? Etrange évocation d’une fictive hypothèse de complot… Il faut savoir se départir de ces pseudo-émotions médiatiques qui s’adossent sur la rhétorique complotiste usuelle selon laquelle des forces obscures tapies dans l’opposition manipulent la conscience populaire pour atteindre leurs cibles qui sont en l’occurrence Aliou Sall et son frère Macky.

Le maire de Guédiawaye a bien fait d’invoquer « Dieu de nous préserve de la méchanceté gratuite, et surtout du mensonge structuré ». Frank Timis et toute sa valetaille qui ont mis les mains dans le cambouis du pétrole et du gaz auraient dû faire de la transparence et de la vérité une vertu dans la conduite des affaires. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, Aliou devait s’auto-appliquer cet axiome qu'il postule dans la vie de tous les jours. Si dans l’affaire Pétro-Tim, la République est ébranlée par des secousses telluriques, c’est parce que, de l’alpha des négociations des contrats pétroliers jusqu’à l’oméga du négoce des aires pétrolifères, le manque de transparence et l’utilisation du mensonge déstructuré, ont prévalu. Dans cette affaire d’association de malfaiteurs, la vérité sur la personne de Frank Timis, ses entreprises, leurs capacités techniques et financières a été ensevelie dans le cimetière des mensonges et des impostures par un quarteron de kleptomanes et de mythomanes. Et c’est ce chapelet de mensonges non encore élucidés sur la gestion de nos ressources naturelles qui explique la révolte des masses populaires.

Comment peut-on expliquer que Pétro-Tim limited qui a bénéficié de Cayar Offshore profond et de Saint-Louis offshore profond puisse signer un contrat alors qu’elle n’est pas encore portée sur les fonts baptismaux ? Comment peut-on expliquer que PétroAsia, société mère de Pétro-Tim puisse naitre 36 jours après sa fille ? Comment expliquer que l’alors ministre de l’Energie, Aly Ngouille Ndiaye, outrepassât le code pétrolier pour soutenir que «PetroAsia est dotée d’une expérience avérée et réussie dans le secteur de l’Energie et notamment dans l’Exploration-Production des Hydrocarbures» pour bénéficier des blocs de pétrole et de gaz cités supra ? Cette entreprise PetroAsia, en vérité, n’avait jamais fait de prospection pétrolière et gazière, encore moins pompé une goutte de pétrole ou un millimètre cube de gaz, pour la simple raison qu’elle n’existait pas encore. Pourquoi ce même ministre a affirmé que « PetroAsia Resources Ltd est une multinationale chinoise contrôlée par des investisseurs », alors que le capital est détenu par un seul et unique actionnaire du nom de M. Wong Joon Kwang ?

Pourquoi comme l’a souligné Bassirou Diomaye Faye dans une récente contribution, Aliou Sall a voulu embrouiller les pistes en déclarant que « M. Abdoulaye Wade avait bel et bien signé le décret approuvant la concession qui a été donnée à Petrotim », alors que ce sont les décrets d’approbation signés le 19 juin 2012 par Macky Sall (Décrets n°2012-597, portant approbation du CRPP d’hydrocarbures conclu entre l’Etat du Sénégal, PETROSEN et PETRO-TIM Limited pour le permis de Saint-Louis Offshore profond et décret n° 2012-596, portant approbation du CRPP d’hydrocarbures conclu entre l’Etat du Sénégal, PETROSEN et PETRO-TIM Limited pour le permis de Cayar Offshore profond) qui donnent effet audit contrat ?

Et la litanie des mensonges sur l’affaire Pétro-Tim pourrait faire l’objet d’un livre sans voir le sujet épuisé.

J’espère comme Aliou l’a signifié dans l’épilogue de sa missive de démission que « demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres ». Mais les Sénégalais ne se laisseront pas berner par ces démissions de principe et de circonstance d’Aliou et d’Hamidou Kassé concoctées au palais et ce ballet de personnes-ressources convoquées au niveau de la Division des investigations criminelles pour livrer toute information utile pour l’éclatement de la vérité.

Et sans jouer aux Cassandres, il est très probable, si le dossier est piloté par certains magistrats soupçonnés proches du pouvoir, que l’affaire finisse en eau de boudin. Mais l’odeur du sang poursuit toujours un criminel même s’il passe tout son temps à se parfumer. C’est dire que jurer sur le Coran, la Bible ou la Thora pour nier la gravité de certaines grandes évidences peut susciter la compassion mais n’absout jamais un pécheur.

Senplus

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