Macky, le coup de tonnerre (Par Abdoulaye THIAM)

06 - Février - 2024

Coup de tonnerre au Sénégal ! Le Président de la République, Macky Sall dont le second mandat prend fin le 2 avril prochain, a pris un décret ce samedi 3 février, à moins de 24 heures du démarrage de la campagne électorale, pour reporter sine-die l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024

Le Chef de l’Etat estime qu’il y a des soupçons de corruption qui pèsent sur des juges du Conseil Constitutionnel et qu’une candidate (Rose Wardini) a été arrêtée et poursuivie pour parjure suite à la découverte de sa double nationalité, pendant qu’un autre, Karim Meissa Wade a été écarté à cause de sa deuxième nationalité française dénoncée par Thierno Alassane Sall, également candidat à la Présidentielle.

Des prétextes plus que fallacieux qui apportent de l’eau au moulin des détracteurs de Macky Sall qui l’ont toujours suspecté de vouloir s’offrir un «mandat cadeau», à l’image de Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire. Un scénario ubuesque digne d’un film hollywoodien.

Pis, Macky Sall porte une atteinte grave à la démocratie sénégalaise qui était une petite embellie dans la grisaille ouest africaine. Pathétique ! Inacceptable ! Inconcevable dans un pays qui, depuis son accession à l’indépendance n’a jamais reporté, pas une seule fois, son élection présidentielle. Et pourtant ce ne sont pas des alibis et des arguments qui manquaient pour les prédécesseurs de Macky Sall. Un juge constitutionnel a été froidement assassiné, des policiers ont été pris dans un guet-apens et lâchement liquidés sous le régime socialiste. Mais, Abdou Diouf président de la République d’alors n’a jamais songé à reporter la présidentielle. Plus récemment, quand le Conseil Constitutionnel, a validé la candidature de Abdoulaye Wade pour un troisième mandat, 11 sénégalais ont trouvé la mort. Mais jamais le pape du SOPI n’a envisagé de repousser la présidentielle pour s’offrir un «bonus», comme du reste le théorisait d’ailleurs Idrissa Seck, alors chef de l’opposition sénégalaise (il était deuxième à la présidentielle de 2007).

L’OPPROBRE SUR LES INSTITUTIONS

C’est Ousmane Sonko et ses partisans qui vont rire sous cape. Sans occulter Alpha Condé, voire YAYA Jammeh. Le leader de l’ex PASTEF a été accusé de tous les noms d’oiseaux à cause de discours sur la neutralité et l’impartialité de certains juges. Aujourd’hui, c’est le gardien de la Constitution, celui qui est considéré comme la clé de voûte des institutions, le père de la Nation, le président du Conseil supérieur de la magistrature, Chef suprême des armées qui jette en pâture des magistrats en créditant des soupçons de corruption sur des juges du Conseil Constitutionnel.

Il veut aussi nous faire croire que notre Assemblée nationale sera en conflit contre le Conseil Constitutionnel. Il veut nous faire croire qu’une enquête parlementaire des députés acquis à sa cause, qui se comportent comme des moutons de Panurge sont capables de nous élucider sur ce supposé cas de corruption. Cette même Assemblée nationale n’avait-elle tenté le coup avec la fameuse affaire des 94 milliards avant que l’OFNAC ne refroidisse leurs conclusions ? Triste sort pour le pays de Senghor, de Abdou Diouf et de Abdoulaye Wade.

3EME MANDAT A TOUT PRIX

C’est désormais clair, net et limpide. Macky Sall n’a jamais voulu quitter le pouvoir. D’ailleurs, il a toujours usé de toutes sortes de subterfuges pour se présenter à nouveau. Son «ni oui, ni non», le limogeage de toutes les personnes qui osaient dire non au troisième mandat, la promotion de qui ceux qui le soutiennent et le théorisent, la très tardive déclaration aux allures d’une contrainte pour finalement renoncer à briguer les suffrages des Sénégalais, tout a été savamment orchestré pour lui baliser la voie.

On croyait alors que le Président Sall avait fini par entendre raison. Que nenni ! La preuve, c’est le choix porté sur Amadou Ba. Un choix qu’il qualifie de «raison» contre un éventuel choix de «cœur». Comme au théâtre chinois, tel un habile marionnettiste, il tire les ficelles, distribue les rôles. Usant du machiavélisme jusqu’au bout, il se débarrasse d’un de ses fidèles lieutenants, El Hadji Mamadou Diao dont le seul péché est d’avoir osé déclaré sa candidature. Aly Ngouille Ndiaye avait déjà fini de quitter le navire. Quant à Abdoulaye Daouda Diallo, il lui demande de rester sans rester. Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) organise sa capitulation sans prononcer le nom de Amadou Ba, dans un discours fait en français, en wolof et de poular

N’empêche, la machine électorale se met en branle. Nous nous épargnons des forfaitures de la Direction générale des élections (DGE), du limogeage spectaculaire des membres de la CENA, et de l’installation de la nouvelle CENA en violation totale des textes.

On croyait alors avoir bu le calice jusqu’à la lie. Macky Sall décide de porter l’estocade à travers Mame Mbaye Niang qui débarque sur les plateaux de la TFM, le matin même de conseil national de l’APR pour descendre Amadou Ba en plein vol. Le candidat de BENNO se retrouve avec des ailes mouillées mais reste zen. Pendant ce temps, l’opposition surtout le camp de Sonko s’organise autour de Bassirou Diomaye Faye, cloué dans sa cellule de prison. Inédit !

Des candidats débarquent à la RTS pour enregistrer leur première sortie médiatique. Sauf que le chef de l’Etat ne veut pas d’élection. En l’absence d’insurrection souhaitée, de la démission du chef du gouvernent, il sort de son imagination un conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil Constitutionnel pour tout arrêter sans préciser de date de la tenue de l’élection. Un coup d’Etat constitutionnel aux conséquences incommensurables.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

27 - Octobre - 2022

HCCT : ABDOURAHMANE DIALLO, ENIEME VICTIME DU CLAN

C’est le principal enseignement qu’il faut tirer de l’absence du patron de la coordination Ps de France, Abdourahmane Diallo, de la liste des Hauts conseillers des...

27 - Octobre - 2022

FRANCE : LE DEFILE DES CANDIDATS DECLARES A LA PRESIDENTIELLE DE 2024 COMMENCE

Les législatives du 31 juillet, marquées par la défaite de BBY, ont montré que la France, voire la diaspora, n’était pas une citadelle imprenable....

27 - Octobre - 2022

MACKY SALL ’’SOLENNELLEMENT’’ INVITÉ À NE PAS PRÉSENTER SA CANDIDATURE EN 2024

Des organisations de la société civile ont invité ‘’solennellement’’, jeudi, le chef de l’Etat, Macky Sall ‘’à ne pas...

26 - Octobre - 2022

ASSEMBLÉE NATIONALE : MOUSTAPHA BA, LE MINISTRE DES FINANCES ET DU BUDGET VEUT PRIVER DE VÉHICULES AUX DÉPUTÉS SIMPLES

Le ministre des Finances et du Budget, Moustapha Ba, était hier, mardi, devant la commission des finances et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale pour...

26 - Octobre - 2022

FORUM DE DAKAR: «ON NE PEUT PAS IMAGINER DES SOLUTIONS DE PAIX EN AFRIQUE SANS LES AFRICAINS»

Le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s'est achevé le 25 octobre. Un rendez-vous de réflexion, parfois de débats, autour de la...