“Macky Sall, parrain des Dérives Ethnicistes” (Par Boubacar Sadio)
Au lendemain des récentes émeutes violentes provoquéés par l’arrestation du député et leader de Pastef, Ousmane Sonko, Monsieur le Président de la République, vous vous êtes adressé au peuple pour lancer un appel à l’apaisement. Et vous aviez dit que vous avez compris le cri de détresse des sénégalais. Détresse qui n’a d’autre explication que le chômage chronique des jeunes, l’affaissement de notre économie, la pauvreté qui sévit partout dans le pays et qui s’est accentué depuis l’instauration du premier couvre-feu en mars 2020 suivi d’un Etat d’urgence et d’une interdiction de circuler d’une région à une autre, la fermeture des resto, des discothèques et autres salles de spectacles. Bref, des mesures restrictives qui ont mis à genoux l’économie du pays. J’entends par économie de notre pays, le secteur informel ou s’active presque 90% des sénégalais.
Donc, vous comprenez aisément que l’arrestation arbitraire du leader de Pastef Ousmane Sonko n’est que la goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase. Autrement dit, c’est une accumulation de frustrations liée à un mal vivre profond, au piétinement des libertés publiques et fondamentales mais surtout au non-respect du calendrier électoral pour l’organisation des locales et votre ambiguïté sur le 3e mandat depuis plusieurs années et l’arrogance de certains de vos collaborateurs et votre discours de mépris à l’égard des sénégalais et en l’occurrence de la classe politique pour laquelle vous ne vouez aucun respect. J’en veux pour preuve votre phrase « je vais réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Monsieur le Président, vous vous êtes cru tellement fort et puissant que vous vous croyiez tout permis. Seulement, vous avez oublié que tous les dictateurs et ceux qui agissaient comme tels autant en Afrique qu’en Europe et en Amérique latine ont été réduits à leur plus simple expression par la rue et par des peuples déterminés. Les cas Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Egypte, Omar El Bechir, et votre ami IBK au Mali sont de parfaites illustrations.
En réponse à ces jeunes manifestants, dans votre adresse à la Nation, vous avez proposé une batterie de mesures dont une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financements de projets, de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel.
Jusqu’ici, je croyais, Monsieur le Président, que vous avez compris les difficultés quotidiennes auxquelles les sénégalais font face autant dans les villes en campagnes qu’en banlieue. Je croyais que vous avez compris le mal vivre profond et le manque d’emploi des jeunes. Je croyais jusqu’ici que votre appel à l’apaisement et à la décrispation de l’espace politique serait accompagné d’actes concrets. Mais, force est de constater que des responsables de votre formation politique notamment des députés, des ministres, des directeurs et certains de vos soutiens politiques sont dans une dynamique de guerre, de contre-attaque, d’affrontement, d’escalade verbale, de vengeance, de discours éthnicistes et sectaires dont vous êtes le parrain, sans que vous ne les rappeliez à l’ordre.
Tout porte à croire que vous cautionnez ces discours ethnicistes depuis l’épisode de l’insulteuse publique Penda Ba en passant par le député Aliou Dembourou Sow qui avait fait l’apologie de la violence ethnique en demandant à nos parents halpulars de prendre les machettes pour affronter tous ceux qui s’opposeraient à votre 3e mandat, jusqu’à vos ministres récemment. Monsieur le Président, vous parlez de paix alors que c’est vous qui tirez sur les ficelles. Pour le cas de votre député Aliou Demborou Sow qui avait lancé un appel à l’incitation à la haine ethnique, vous n’aviez pas condamné. L’élégance républicaine aurait voulu, qu’en votre qualité de chef de l’Etat, garant de la stabilité et de la sécurité du pays, à ce que vous condamniez ces propos orduriers et ethnicistes de votre député. Mieux, vous auriez exigé de Aliou Demborou Sow des excuses publiques. Mais, vous ne l’avez pas fait parce qu’il n’a pas dit que vous n’avez pas droit à un 3e mandat.
Le week-end dernier, votre ministre de la justice et votre griot attitré Farba Ngom ont organisé un méga meeting politique à Matam dans un stade rempli de monde dans un contexte de Covid alors que tout rassemblement est interdit depuis un an. A l’occasion dudit meeting, votre ministre de la Justice, le Garde des Sceaux, Malick Sall a déclaré en peulh que « Ousmane Sonko est politiquement fini ». Mais, il ne s’est pas arreté là. Il accuse « les partisans de Ousmane Sonko d’avoir tué la plupart des manifestants à Dakar ». Il poursuit que « Ousmane Sonko veut instaurer le salafisme et l’islamisme terroriste ».
Et Maitre Djibril War s’est illustré avec les mêmes bêtises et âneries que votre ministre de la justice. Vous n’avez ni fustigé ni condamné ces propos gravissimes venant surtout de votre ministre de la justice et Garde des Sceaux. Lui, il a déjà condamné Ousmane Sonko. Il s’est substitué aux juges.
Il donne raison à tous ceux qui dénoncent le fonctionnement partisan de la justice. Il donne raison à tous ceux qui disent que sous votre magistère que la justice est à votre solde et à votre guise. Dans un Etat de droit sérieux et soucieux du respect du principe de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice, ce ministre belliqueux, Malick Sall serait déjà démis de ses fonctions.
Malheureusement, vous aimez vos ministres et collaborateurs qui tiennent des propos ethnicistes et orduriers à l’encontre de vos opposants. Et le comble de ces propos ethnicistes et sectaires dont vous êtes le parrain vient de votre ami et valet, le mercenaire de la plume, l’homme sans vergogne ni scrupule, Madiambal Diagne qui a stigmatisé toute une communauté avec des propos incendiaires et orduriers inqualifiables. Pour rappel, votre bras armé Madambal avait tenu des propos xénéphobes à l’encontre du Président de l’union des magistrats (UMS), le juge Souleymane Teliko parce que ce dernier était dans un bras de fer avec vous en raison de votre immixtion dans le Conseil supérieur de la magistrature. Vous n’aviez pas non plus condamné ni demandé à votre ami d’arrêter. D’ailleurs, il avait fait une chronique sur la garde robe de la Première dame, votre femme. Oh ! Que ce pays est rempli de comédiens situationnistes !
Mais, cette fois-ci, votre ami Madambal a franchi le Rubicon. Il a écrit des imbécilités du début à la fin sur la Casamance, les Diolas, et il met en mal même les ethnies de cette partie du pays. Il va jusqu’à demander à ce que votre ministre du commerce, Aminata Assome Diatta soit démis au motif qu’elle n’a pas condamné les faits reprochés au Président du Pastef parce qu’elle est diola. Madame la ministre a-t-elle nommée pour vous servir de répondeur automatique ? En quoi Aminata Assome Diatta est responsable de ce qui est arrivée en Casamance et à Dakar lors des manifestations ? Est-elle obligée de condamner les manifestants ? Est-elle la seule ministre de la République à ne pas avoir dénoncé les manifestations violentes ? Monsieur le Président, votre ami Madambal l’énergumène reproche plus à Aminata Assome Diatta son appartenance ethnique diola qu’à son mutisme.
Et vous continuez à garder le silence sur les propos crapuleux et sauvages de votre ami Madambal qui est sur le point d’incendier ce pays. Qui dit rien consent.
Il est allé plus loin dans ses âneries car il écrit sans sourciller que les manifestants, en Casamance, n’ont et détruit que des biens appartenant à des nordistes en épargnant ceux des sudistes. Votre ami Madambal met en opposition « nordistes » et « Sudistes » dans l’objectif d’installer la division, la haine et la rancœur. Mais, c’est peine perdue car en Casamance le brassage culturel est profondémént ancré. Des wolofs épousent des diolas, et des diolas épousent des peuls et des wolofs. Moi-même, je suis le fruit de ces brassages ethniques. Ma mère est peule. J’ai grandi dans une maison peule. J’ai des frères et sœurs, cousines, oncles peul. Mieux, j’ai des neveux et nièces lebous, serere et Wolof. Et je comprends toutes les dialectes de la langue peule. Et ce brassage ethnique, vous le retrouvez presque dans toutes les familles du sud de notre pays de Velingara à Ziguinchor en passant par Kolda et Sedhiou.
Votre ami Madambal oublie que la maison du maire de Bignona, Mamadou Lamine Keita, a été saccagéé. Donc, Mamadou Lamine Keita est « nordiste » selon votre ami et larbin Madambal ?
Donc, Abdoulaye Sané dont la station Total a été brulée par les manifestants en Casamance, est lui aussi « nordiste », selon votre bras armé Madambal ?
L’autre ânerie de votre ami Madambal c’est quand il dit que le Juge Mamadou Seck s’est dessaisi du dossier Sonko parce que sa femme est diola. C’est un précédent dangereux
Malgré ces dérives ethnicistes répétées depuis plus d’une semaine et bien avant, qui risquent de plonger le pays dans un chaos, vous n’avez pas pris la parole pour rappeler à l’ordre vos fripouilles de ministres et collaborateurs écervelés. Vous êtes le seul et l’unique responsable de ces dérives éthnicistes. Car, c’est vous qui encouragez des énergumènes de la trempe de votre député Aliou Demborou Sow, du ministre de la justice Malick Sall, de votre ami et bras armé Madambal Diagne.
Pourtant, vous êtes prompts à démettre tous vos collaborateurs et partisans de leurs fonctions dès qu’ils disent que vous n’avez pas droit à un 3e mandat. Ce fut le cas de Maitre Moussa Diop et de Sory Kaba. Mais, vous préférez garder le ministre Malick Sall dans l’attelage gouvernemental car il est prêt à satisfaire toutes vos doléances sans sourciller. Il est l’homme des sales besognes. Vous préférez garder votre amitié avec le pyromane et l’énergumène Madambal parce qu’il est prêt à insulter tous vos opposants et la Casamance. C’est compte tenu de toutes ces raisons que j’écris et persiste que vous êtes le parrain des dérives et discours éthnicistes. La cohésion sociale de ce pays est entre vos mains. Il est temps de sonner la fin de la recréation dans vos rangs. Le pays est assis sur du gaz et du pétrole. Si vous laissez vos collaborateurs et ministres à continuer de tenir des discours venimeux et incendiaires, c’est à vos risques et périls. Car si le pays va bruler, vous et vos collaborateurs ne serez pas épargnés.
Boubacar Sadio
Journaliste