Mais c'est qui le peuple en fin de compte ?

22 - Août - 2020

Il est clair pour moi maintenant que nous n'avons pas tous une culture commune des mots que nous employons. J'avais cru naïvement que nous étions tous le peuple et qu'en définitive la voix du peuple est ce qu'on nomme en général le consensus populaire. Mais comme nous le savons tous il n'y a presque jamais de consensus populaire dans le choix de nos dirigeants, et que seules des élections libres et démocratiques permettent à une population de se choisir des gouvernants par la voie des urnes. A cause de la dualité politique qui impose qu'il y’ait toujours des leaders au pouvoir et des leaders dans l'opposition, le consensus populaire s'est résumé au consensus du plus grand nombre qui détermine par convention la voix du peuple. C'est comme ça que le choix d'un Président dans une élection claire libre et démocratique est le choix du peuple quand ce président sort élu de la compétition électorale par la seule force des urnes. Les occidentaux que nous avons accepté de suivre dans ce qu'ils appellent démocratie et qu'ils ont fini d'imposer au monde comme seul modèle normal de choix, ne s'amusent presque jamais à ne pas respecter cette méthode de sélection de leurs présidents. Et on n'a pas vu souvent un pays démocratique occidental mettre fin au mandat d'un Président élu avant la fin du mandat. Si nous acceptons que c'est le peuple qui élit nous devons aussi accepter que lui seul peut défaire par la seule voie des urnes.
Ce putsch au Mali qui a fini de renverser le Président IBK continue de faire des vagues et nos experts en tout sont résolus à donner les orientations sur ce qui doit ou non se faire selon leur vision experte.
Gnakk Djom Center a repris du service coiffant au poteau toutes les officines des droits de l'homme pour administrer non sans malices et piques anti Macky SALL, son expertise des crises partout. Les « dégagistes » anti France et autres y’en à marristes sont à présent surexcités pensant qu'ils pourront user de cet exemple, pour motiver une jeunesse qui a fini de les abandonner. Le petit frère connu de TFM, le plus anti népotisme, flanqué de Charles le condescendant, nous sert ses habituelles niaiseries, tout heureux de sa place dans le peuple. Ils nous parlent tous de la CEDEAO des Etats ou pire de la CEDEAO des chefs d'état en opposition à la CEDEAO des peuples et ne prennent pas de gants pour traiter nos chefs d'état de syndicalistes à la solde de la France. C'est à Jakaarlo que ça se passe et ça rend fou. Ils se disent proches de la CEDEAO des peuple parce que semble t’il c'est le peuple qui a démis IBK de ses fonction de Président par la force. Le peuple selon leur bon vouloir est cette population acquise à la cause d'un imam maléfique sorti de je ne sais quelle mosquée pour réclamer le départ d'un Président élu démocratiquement. Il a réussi par je ne sais quel passerelle à organiser des rassemblements de contestation que des soldats ont utilisé comme alibi concerté pour déposer l'élu du peuple. Alors j'en suis à me demander qui est le peuple ? Sommes nous d'accord sur la signification du peuple pour que tout le monde puisse légitimer tout et n'importe quoi au nom du peuple ? Traduire le peuple par askanwi ne règle pas notre problème puisque tout le monde dans ce Sénégal et même dans la sous région se drape du peuple pour légitimer ses actions. ODIA le dessinateur humoristique ne s'est pas trompé en caricaturant ceux qui disent khékhal askanwi, ou léral askanwi, ou sonnal askanwi ou diakhal askanwi. Assurément Askanwi a le dos large ! On organise des marches de contestation au nom du peuple quand les gouvernements décident d'agir au nom du même peuple. On serait bien inspiré de croire que les élus du peuple sont le peuple légitime et que ceux qui s'opposent à eux ne peuvent pas avoir la même légitimité de peuple. Ils restent cette partie du peuple qui confère justement la légitimité aux élus en leur permettant d'obtenir par les urnes le quitus démocratique. On y perd son latin en apparence mais à y regarder de près il n'est pas difficile de mettre le doigt sur la supercherie des opposants souvent mauvais perdants qui pensent pouvoir s'agripper à la rue publique quand ils sont éconduits par la République. C'est finalement une sorte de mauvaise foi politicienne employée en toute barbarie en Afrique spécialement pour pérenniser cette vision du monde selon laquelle les africains ne sont pas sages et qu'ils ne sont pas encore suffisamment préparés au développement. Quel malaise et surtout quelle honte de toujours constater cette immaturité de nos populations qui ne savent pas protéger le choix du peuple légitime au point de laisser l’autre partie du peuple décider par la force d'une gouvernance illégitime. Il n'y a qu'une CEDEAO c'est celle des peuples, des Etats et des gouvernants et elle a raison de rester ferme sur ses exigences consistant à réclamer le retour à l'orthodoxie en rendant au peuple légitime les gouvernants pour lesquels il a voté librement. Les urnes doivent déterminer la voix du peuple quoiqu'il arrive. C'est le prix de la démocratie et du développement
Pape SARR
Duc de Diapal

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