MAJORITE ABSOLUE PERDUE AUX LEGISLATIVES : MACKY SALL, ALLIE DE MACRON, SUBIT UNE TERRIBLE HUMILIATION

05 - Août - 2022

Punition ou humiliation? Le débat est ouvert. En tout cas, quatre jours après les législatives qui se sont tenues ce 31 juillet au Sénégal, les résultats provisoires (finalement) publiés ce jeudi 04 août ont été un véritable coup de massue assené à un gouvernement dont la politique est de plus en plus contestée.

En effet, ce 02 août, Lecourrier-du-soir.com, en se basant sur les premières tendances, annonçait déjà la perte de la majorité absolue par la mouvance présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) qui, durant ce scrutin primordial pour l’avenir du Sénégal, a été battu dans pratiquement toutes les grandes villes du pays (Dakar, Ziguinchor, Saint-Louis, Thies, Touba…).

Deux jours seulement après ce pronostic, les résultats officiels confirment la réalité à laquelle le parti au pouvoir ne voulait faire face : une perte de sa majorité absolue, cruciale pour que Macky Sall, allié de Macron, puisse avoir les coudées franches et gouverner le pays dans la plus grande aisance.

La surprise a été sans appel. Le parti au pouvoir (BBY) n’a finalement obtenu que 82 sièges contre 56 sièges pour Yewwi Askan Wi (parti de l’opposition) et 24 sièges pour Wallu (également de l’opposition). En gros, le pouvoir en place totalise 82 sièges contre 80 pour l’opposition dans un scrutin où la majorité absolue est fixée à 83 sièges. En termes de voix, le parti au pouvoir a recueilli 1 518 137 voix contre 1 071 139 voix pour Yewwi et 471 517 pour Wallu.

Nul besoin de se focaliser sur les chiffres qui, bien qu’étant cruciaux, ne constituent pas l’objectif numéro 1 de cette succincte analyse de la situation politique du Sénégal. En effet, il faut dire que les élections législatives ont été d’une importance capitale pour le pays, aussi bien pour le pouvoir en place que pour l’opposition.

Et ce, pour plusieurs raisons : Macky Sall a besoin d’une majorité absolue pour poursuivre sa politique et faire passer ses lois au parlement sans coup férir. Pour l’opposition, priver le pouvoir de majorité absolue lors de ce scrutin était une opportunité de taille qu’il fallait saisir à tout prix pour affermir son ancrage dans le paysage politique sénégalais mais aussi empêcher que le Parlement (où se joue le destin du pays) ne se transforme en une chambre totalement soumise aux desiderata d’un seul et unique homme.

Mais, dans cette courte analyse, il serait intéressant de revenir sur les causes de cette déroute politique spectaculaire infligée à Macky Sall. Expliquer (en détails) la prouesse de l’opposition serait un parcours de combattant. Toutefois, la colère d’une grande partie du peuple sur la gestion despotique du pouvoir en place y est certainement pour quelque chose.

La question d’un éventuel troisième mandat de Macky à la tête du pays, l’épineuse question de l’homosexualité qui a très fortement divisée le pays ces dernières années, l’attitude jugée trop servile de Macky Sall envers la France, la dilapidation des deniers publics, le dysfonctionnement d’un système judiciaire totalement soumis au pouvoir, la crise du système éducatif marqué par des grèves sempiternelles, l’obsolescence du système sanitaire marqué par la récente tragédie de l’hôpital de Tivaouane, l’exploitation sauvage des ressources naturelles par des multinationales étrangères (notamment les ressources pétrolières et halieutiques), l’octroi de juteux contrats à des entreprises françaises et les détournements de plusieurs milliards de FCFA notés, ces dernières années, dans des entreprises publiques ont fini par exaspérer le Sénégalais lambda qui a du mal à joindre les deux bouts. Si à cela s’ajoute une violente inflation qui a fait grimper les prix des denrées de première nécessité, l’équation devient très difficile à résoudre pour l’Etat en place.

Les résultats des élections législatives sont donc un message fort que le président sénégalais doit savoir interpréter pour éviter d’éventuelles mauvaises surprises à l’avenir. En attendant la suite, l’opposition (dont les titulaires ont été disqualifiés dans la course) a incontestablement marqué un gros coup politique. Reste à savoir si cette dynamique sera maintenue pour conquérir le pouvoir en 2024. Le temps nous le dira.

Mais, d’ici là, un seul constat s’impose : au Sénégal, le bras droit de Macron est politiquement tombé dans le coma.

Lecourrier-du-soir.com

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

18 - Octobre - 2024

RÉPONDRE À SONKO DEPUIS L’ÉTRANGER N’INTÉRESSE POINT LES SÉNÉGALAIS ( Par Mohamed GASSAMA)

Les combats politiques se gagnent sur le terrain politique et non sur les plateaux de télévision, volontairement utilisés comme des béquilles, pour de vaines tentatives...

18 - Octobre - 2024

LA REDDITION DES COMPTES : DE QUOI PARLE-T-ON ? (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

La reddition des comptes fait la une de l’actualité politique sénégalaise. Il s’agit d’un principe qui devrait être une norme courante dans toute...

18 - Octobre - 2024

À L’ORÉE DE L'ULTIME BATAILLE !

Tout d'abord, il importe de mettre le curseur sur comment vote le peuple sénégalais loin de vouloir plagier l’économiste Cheikh Ahmed Bamba Diagne « Comment votent...

18 - Octobre - 2024

POUR LE REPORT DES ELECTIONS LEGISLATIVES (PAR BIRAHIM CAMARA)

Plus de deux cent mille Sénégalais sont sinistrés par les inondations dans les quatre départements de Goudiry , de Bakel, de Kanel et de Matam. Les routes...

17 - Octobre - 2024

Ousmane Sonko demande 1 million à chaque ministre et DG du parti pour financer la campagne électorale du Pastef

Dans une vidéo qu’il a faite ce mercredi 16 octobre, le leader du PASTEF a appelé les responsables cadres de PASTEF qui ont des postes nominatifs et électifs dans...