Mali: Le président dissout la Cour constitutionnelle mais la tension reste à son comble

12 - Juillet - 2020

Depuis deux jours de violentes manifestations secouent Bamako. Les participants demandent le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta
Pour le deuxième jour de suite, la tension est à son comble au Mali. Le président Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, a annoncé samedi soir la « dissolution » de la Cour constitutionnelle pour tenter de calmer la situation actuellement proche de l’insurrection. Aucun bilan humain de la journée de samedi n’a été communiqué alors que celle de vendredi a fait au moins trois morts et des dizaines de blessés.

Arrestations des leaders de la contestation
Samedi, la capitale a donc de nouveau été la proie de heurts, au lendemain de la pire journée de troubles civils que Bamako ait connue depuis des années. L’arrestation depuis vendredi soir de plusieurs des principaux leaders d’une contestation qui vise directement le chef de l’Etat, et demande sa démission, n’a pas fait retomber la fièvre bien au contraire. Plusieurs quartiers ont vu des hommes dresser des barrages, incendier des pneus et se livrer à des saccages.

L’atmosphère était électrique aux abords de la mosquée où prêche l’imam Mahmoud Dicko, une figure religieuse très écoutée, considéré comme l’inspirateur de la contestation. Dans un climat propice à toutes les rumeurs, ses partisans redoutaient apparemment qu'il ne soit lui aussi interpellé et ont affronté les forces de sécurité. Celles-ci ont riposté à balles réelles, blessant gravement plusieurs hommes, selon l’entourage de l’imam.

Les législatives contestées
En dehors du président lui-même, la Cour constitutionnelle focalise la colère depuis qu’elle a invalidé une trentaine des résultats des élections législatives de mars avril. Le renvoi de ses neuf juges figurait parmi les exigences de la coalition hétéroclite, composée de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile, qui orchestre la mobilisation. Dans une brève allocution télévisée, le chef de l’Etat a indiqué qu’il abrogerait les décrets de nomination des juges de la Cour encore à leur poste, ce qui revient selon ses mots à une « dissolution de fait ». Les nouveaux juges devraient être nommés rapidement, ouvrant ainsi la voie à des législatives partielles dans les circonscriptions où les résultats ont été invalidés.

IBK a aussi réitéré son offre de dialogue et assuré que le prochain gouvernement, en cours de constitution, serait « consensuel, composé de cadres républicains et patriotes et non de casseurs et de démolisseurs du pays ». Mais pour le moment, aucune des ouvertures du président n’a apaisé la contestation qui, au contraire, a pris sa tournure la plus violente vendredi. Pour la troisième fois en à peine plus d’un mois, le mouvement dit du 5-Juin avait fait descendre dans la rue des milliers de Maliens. Redoutée depuis plusieurs semaines, cette escalade à l’issue imprévisible alarme les alliés du Mali, inquiets d’un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au djihadisme.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

29 - Juin - 2022

BOKK GIS GIS FRANCE : LES RESPONSABLES DE LA FEDERATION AVAIENT PRESENTE LEUR DEMISSION COLECTIVE A PAPE DIOP

Peut-on parler d’une réunion de crise entre le président de Bokk Gais Gis et les responsables de la fédération de France ? Sur leur demande, ces derniers ont...

29 - Juin - 2022

SONKO ANNONCE UN NOUVEAU CONCERT DE CASSEROLES CE JEUDI

Le préfet de Dakar a interdit la manifestation de la coalition Yewwi Askan Wi qui devait se tenir, ce mercredi 29 juin 2022, à la place de la nation. Ainsi, les membres de la...

28 - Juin - 2022

Thierno Alassane Sall sur la manif de Yaw du 29 juin : « Nous n’allons pas manifester pour repêcher une liste… »

La coalition « AAR Sénégal » ne va pas battre le macadam ce mercredi aux côtés de Khalifa Sall et Cie. Pour Thierno Alassane Sall, il n’est pas...

28 - Juin - 2022

AMADOU BÂ BRISE LE SILENCE : "PAR LE CHANTAGE ET LA PRESSION, YEWWI VEUT..."

Sa parole est rare et épiée. Son propos policé et extrêmement prudent. Il s'agit de l'ancien ministre de l'économie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, qui...

28 - Juin - 2022

​Ahmed Aïdara : « Je fus pris en otage par ... »

Faca à la presse ce mardi, le maire de la ville de Guédiawaye a dénoncé son arrestation et a indiqué avoir été pris en otage par la...