MANIFESTANT TUE, ROUTES BLOQUEES... COMMENT LE SENEGAL S'ENFONCE DANS LA CRISE

10 - Février - 2024

Le Sénégal semble s'enfoncer samedi 10 février dans la crise après la répression de manifestations, au cours desquelles un étudiant été tué, dans ce pays secoué depuis plusieurs jours par le report controversé de la présidentielle.

Des manifestations contre ce report et le pouvoir du président Macky Sall ont eu lieu vendredi à Dakar ainsi que dans plusieurs villes du pays, notamment à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, où un étudiant en deuxième année de licence de géographie, Alpha Yoro Tounkara, a été tué.

Gaz lacrymogènes

A Dakar, la police a fait un usage abondant de gaz lacrymogènes pour disperser les centaines de personnes qui cherchaient à se rassembler aux abords de la place de la Nation au cours d'une journée test sur le rapport de force entre le pouvoir, la société civile et l'opposition.

Cette mobilisation sur tout le territoire sénégalais est la première contestation d'ampleur depuis le report du scrutin présidentiel initialement prévu le 25 février, qui a ouvert une grave crise politique au Sénégal et plongé le pays dans une période d'incertitude.

Autoroute bloquée
Dans la capitale, l'autoroute et des axes importants ont été bloqués. Tous les accès à la place de la Nation ont été fermés par les autorités.

Des manifestants ont riposté en lançant des pierres et en érigeant des barricades avec des objets de fortune - des planches et des pierres - et en incendiant des pneus.

Journalistes ciblés
Reporters sans Frontières s’est « indigné » dans un message sur X du ciblage d’au moins 5 journalistes par les policiers lors des manifestations à Dakar. Une journaliste du site Seneweb a été brutalement interpellée et a été hospitalisée suite à un malaise, selon l'ONG.

Un autre journaliste du journal Enquête a été frappé à la mâchoire, et des gaz lacrymogènes ont notamment visé le siège de la télévision privée Walf TV, dont la licence a récemment été retirée par les autorités.

200 personnes dispersées
Dans la commune de Nioro du Rip, à quelque 250 km à l'est de Dakar, une manifestation d'environ 200 personnes a également été dispersée par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans la matinée, les professeurs ont donné le ton avec des débrayages dans les écoles. Au lycée Blaise Diagne de Dakar, des centaines d'étudiants ont quitté leurs cours à 10h, à l'instar de Seynabou Ba, 18 ans, qui dit « ne plus avoir d'espoir » pour la démocratie dans son pays.

« Coup d'Etat constitutionnel »
Le report de la présidentielle de 10 mois a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux. L'opposition crie au « coup d'Etat constitutionnel ». Elle soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir le président Sall à la tête du pays encore plusieurs années.

Un collectif de 14 candidats de l'opposition a déposé dans l'après-midi un recours devant la Cour suprême. Les tentatives de manifestations depuis l'annonce du report ont été réprimées et des dizaines de personnes interpellées. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021 lors de différents épisodes de contestation.

Report de la présidentielle
Le président Sall a décrété samedi dernier le report de la présidentielle, trois semaines seulement avant l'échéance, en pleine bagarre politique sur les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin.

L'Assemblée nationale a approuvé lundi un ajournement au 15 décembre, avec les voix du camp présidentiel et des partisans d'un candidat recalé et sous la protection des gendarmes. Elle a aussi voté le maintien de M. Sall au pouvoir jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Le deuxième mandat de M. Sall expirait officiellement le 2 avril.

Après avoir entretenu le doute pendant des mois, il a répété à différentes reprises, et encore mercredi soir, l'engagement pris en 2023 de ne pas se représenter.

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

20 - Décembre - 2023

Projet de loi immigration : ce que contient le texte négocié entre le camp présidentiel et LR, largement durci par rapport à la version initiale

Peut-on encore parler de texte d'équilibre ? Après un bras de fer entre la majorité et Les Républicains sur les APL et une interruption pour la nuit, la commission...

20 - Décembre - 2023

PROJET DE LOI IMMIGRATION : LE PARLEMENT ADOPTE LE TEXTE ISSU DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE

Un épilogue victorieux pour le gouvernement mais porteur de lourdes conséquences politiques. Le Parlement a adopté mardi 19 décembre le projet de loi sur l'immigration,...

20 - Décembre - 2023

LOI IMMIGRATION : DEMISSION D'UN MINISTRE, LE PS SAISIT LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL… LES REACTIONS APRES L'ADOPTION

L'adoption du projet de loi immigration, adopté par le Parlement dans la soirée de mardi 19 décembre, aura plus que jamais renforcé les divisions au sein de...

20 - Décembre - 2023

PROJET DE LOI IMMIGRATION : LA DECHEANCE DEMOCRATIQUE (L'EDITO DE PAUL QUINIO)

La commission mixte paritaire a décidé, ce mardi 19 décembre, d’un texte ultra droitier sur la loi immigration. Une bérézina démocratique pour...

20 - Décembre - 2023

Refus de la Dge de donner les fiches à Sonko: Alioune Tine se révolte contre Sidiki Kaba

Le refus de la Direction générale des élections (Dge) de remettre à Ousmane Sonko ses fiches de parrainage après deux décisions de justice rendues dans ce...