MEISSA BABOU: «LE VRAI TAUX D’ENDETTEMENT DU SENEGAL SE SITUE AUTOUR DE 65%»

03 - Janvier - 2019

Interpellé sur les performances économiques du Sénégal dont le Chef de l’Etat Macky Sall faisait état lors de son message à la nation du lundi 31 décembre, l’économiste, trouve que le gouvernement est en train de procéder à des manipulations à travers ses chiffres. Parlant du taux de croissance de 7,2 % enregistré en 2017, il signale que ce taux a été très progressif à cause des investissements publics. Toutefois, l’économiste soutient que les populations ne pourront pas sentir cette croissance car dans leur globalité, elles sont dans la consommation primaire, c’est-à-dire manger, boire et payer l’électricité.

TAUX DE CROISSANCE DE 7,2% EN 2017

« La conjonction de facteurs favorables tels que la bonne pluviométrie, la baisse du prix du baril du pétrole avait mis le monde entier dans une bonne dynamique économique. Le Sénégal a profité de ses instants pour avoir un taux de croissance de 7,2%. Surtout que l’Etat du Sénégal a dépensé dans les 6600 milliards d’investissement. Alors si on met dans la balance ce calcul c’est comme si l’économie était en marche alors que ce sont des routes et des ponts qui font pratiquement la moitié de cette croissance. Cela explique le fait que les populations ne pourront pas sentir cette croissance parce que dans leur globalité, elles sont dans la consommation primaire c’est-à-dire manger, boire, payer son électricité, toutes choses qui n’ont pas variées. Ces secteurs primaires qui ne sont pas très importants dans la croissance font que l’Etat qui bénéficie de ces impôts dans cette croissance et qui n’a pas investit dans le social fait que les Sénégalais ne pourront pas sentir cette croissance. D’autant que les investissements publics ont été orientés principalement dans le secteur du transport notamment dans deux volets majeurs le Ter et Illa Touba» .

TAUX D’ENDETTEMENT DU SENEGAL

«L’année de base a été modifiée nous étions dans un Pib de 9000 environ, ils l’ont porté à 13000. Mais le vrai taux d’endettement du Sénégal se situe autour de 65%. Ces manipulations peuvent tromper le peuple mais dans la réalité ils sont rattrapés par une tension de trésorerie, une tension sociale ave les mouvements des syndicats. Même la dette intérieure de 600 milliards demandée à tous les entrepreneurs n’a pas été payée. Dans la réalité ils sont rattrapés par ce que tous les chantiers au niveau national sont à l’arrêt dans tous les départements. Donc il ne sert à rien de manipuler les chiffres, de les balancer au peuple alors que ce peuple ne sent absolument rien de ce que tu dis. Il faut être très sérieux avec les Sénégalais et de leur dire que nous nous sommes trompés dans la phase 1 du plan Sénégal émergent. Il faudrait s’arrêter et réorienter les investissements dans des secteurs de base comme la pêche. Les ménages sénégalais achètent le Kg d’oignon à 600 francs. Ce sont ces choses qui plombent leur quotidien. Maintenant on peut manipuler les chiffres et dire que nous sommes à 0% d’endettement. Mais la réalité c’est que nous payons 72 milliards par mois de service de la dette. Si ce n’est pas lourd ça bloque toutes les initiatives publiques actuellement. Est-ce que le Sénégal peut avec sa simple fiscalité faire face à autant de dépenses. La réponse c’est non. A chaque fois on emprunte pour s’en sortir. Un mois, deux mois on retourne au marché financier. Je crois que le gouvernement quand même ne dit pas la vérité. Mais les Sénégalais qui vivent leur misère de façon stoïque sont tranquilles dans leurs maisons sans piper mot pendant qu’eux sont dans les télévisions et radios pour nous vendre des kilomètres de route qui n’ont aucune portée sociale. Ce sont ces erreurs de vision qui ont fait que dans la deuxième partie de son discours Macky Sall est venu se rectifier pour dire que maintenant on va se lancer dans une industrialisation. Je n’ai rien contre le fait de vouloir de faire un deuxième Pse avec autant d’argent, mais il faut comprendre que le Sénégal n’a pas les moyens de son remboursement . Et nous allons tout droit vers un ajustement structurel, parce que nous sommes le pays de la Cedeao le plus endetté. Même le Nigéria qui était à 40% c’est un grand tollé dans ce pays ».

sud quotidien 

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