Mon avis sur cette notation de Moody’s (Par Cheikh Sidiya DIOP)

07 - Octobre - 2024

Les informations relayées par certains tonitruants de la vie politique de notre pays sur la notation Moody’s concernant la dette du Sénégal ne tiennent pas la route. Rien que les arguments saugrenus de leurs auteurs prouvent un manque de sérieux et de crédibilité de leurs discours « entre guillemets » avec des chiffres inventés ou controversés. Cette note B1 n’est pas chronique mais elle nécessite une surveillance rigoureuse de notre endettement afin de ne pas plomber nos finances publiques vers des incertitudes financières et de ne pas
verser des remboursements vers d’autres secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé etc.
Je rappelle qu’à ce jour plus de 70 agences de notations se partagent le juteux marché des notations financières dont trois de renom (Standard & Poor’s ; Moody's ; Fitch Ratings) qui plus ou moins peuvent influer les organismes bilatéraux en charge de prêter aux pays en développement. Ces agences diverses, plurielles et variées émettent fréquemment des avis et des arguments contradictoires et conflictuels. Elles avancent habituellement des
chiffres carrément opposés, discutables et biaisés.
A mon humble avis, la gestion de notre dette émane exclusivement de notre souveraineté et que le Sénégal est assez mature pour ne pas s’appuyer sur les critiques acerbes de « deux pelés et trois tondus » qui ne connaissent rien de l’économie, rien de la dette et de ses risques. Une opposition doit certes critiquer mais de façon responsable et constructive. Hélas le modus operandi n’est pas politiquement conventionnel mais plutôt orienté, mensonger et
maladroit. Or, la contradiction est par essence pédagogique et nous permet de rectifier certaines malentendus ou impérities. Surtout que le gouvernement actuel ne peut pas endosser une dette injustifiable qu’il n’a pas contractée et qu’il devait révoquer en temps normal. Ce qui n’est pas une première dans l’histoire et les exemples sont à foison : Etats Unis (1868) ; Mexique (1883) ; Venezuela (1902) ; URSS (1917) ; la Pologne 1919 et 1991 ; Costa Rica(1922) ; Italie (1926) ; Allemagne (1953) ; Egypte en 1990 et récemment l’Equateur en 2023.
Pour en revenir à ces agences de notation, elles ne font qu’émettre des avis strictement consultatifs et elles n’engagent aucunement les emprunteurs (pays) et les créanciers(organismes). Pis, elles ne donnent même pas de
recommandations sur la façon de gérer la dette publique qui émane de la souveraineté de pays et de ses fonctionnaires très calés qui y spécifiquement dédiés. En sus, rappelons que ces avis sont discutables et critiquables puisque émisses par des structures privées autrement dit des commerçants qui peuvent apprécier en fonction de leur humeur, de leur clientèle ou de leur contrat. L’article de Annika CAYROL « Les agences de notation financière »
(Réseau financement alternatif ; novembre 2010) nous explique clairement le mode de fonctionnement de ces agences de notation.
In fine, à mon humble avis, le Sénégal doit montrer l’exemple en se démarquant du complexe de ces agences qui ne peuvent pas influer sur notre signature qui est bonne et recommandable. Idem pour notre taux d’endettement qui est loin du seuil de risque. Nous devons mettre en place une structure publique en charge d’évaluer notre dette interne comme externe par des agrégats ou des éléments de mesure des risques mais aussi d’apprécier les opportunités en délivrant des conseils, des recommandations et des stratégies. Idem pour les pays du continent africain qui doivent se départir de ce complexe.

Cheikh Sidiya DIOP
Economiste, diplômé ès Sciences Économiques mention Économie
Internationale, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

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