Monsieur le président, votre signature n’a pas la même portée que celle de Ndèye Seck (Par Bosse Ndoye)

22 - Juin - 2019

<<On m’a demandé de signer, j’ai signé. >>

Venant d’un chef d’État – celui censé être l’homme le plus renseigné dans un pays -, ces propos (qu’aurait tenus M. Macky Sall) ne peuvent susciter qu’inquiétude et désarroi. Ils sont d’autant plus légers que les responsabilités qui lui sont confiées sont lourdes et la fonction qui lui échoit complexe et difficile à exercer pour quelqu’un qui en est pleinement conscient. En effet, quand la signature d’un homme peut lier tout un pays ou le libérer de quelque joug, l’enrichir ou le ruiner, y faire naître de l’espoir et de la joie ou entretenir des cauchemars, assombrir des destins, briser des carrières ou les rendre fulgurantes, faire libérer des personnes de prison ou y influencer leur maintien….celle-ci ne doit pas être apposée sur quelque papier que ce soit avec légèreté, ignorance ou inconscience. Car elle n’est plus qu’une simple signature : elle vaut de l’or. Mieux, elle engage des vies. D’autant que, dans notre pays, avec les pouvoirs démesurés du président, la majorité mécanique dont il dispose presque toujours à l’Assemblée nationale et l’esprit de parti obtus, elle on ne trouve pas en face d’elle ni contreseing encore moins de contre-pouvoir pouvant empêcher de rendre exécutoires les décisions qu’elle autorise. Dès lors elle doit être utilisée avec justesse et justice, précaution et parcimonie.

N’est-ce pas pour une histoire de signature que le Sénégal est englué depuis dans la rocambolesque affaire Aliou Sall-Petrotim-BP qui secoue le pays depuis plusieurs jours et tient en haleine la population qui attend impatiemment son épilogue. Elle semble les figer tant elle occupe si amplement l’actualité et nombre de discussions que tout semble s’arrêter ou graviter autour d’elle.

Une petite signature présidentielle n’aurait t’elle pas suffi pour mettre fin à plus de 70 ans d’asservissement monétaire à travers le franc Cfa, comme l’a si bien dit le professeur Nicolas Agbohou?
Une signature n’a-t-elle pas engagé notre pays sur les chemins ruineux des APE dont quelques-unes des conséquences commencent à être vues et ressenties du fait de la présence contestable et très contestée des nombreux magasins Auchan. N-a-t’elle pas entraîné nombre de marches de protestations de plusieurs concitoyens et les signatures de pétitions dans le pays et dans la diaspora pour manifester leur mécontentement?

L’acte ayant gracié Amadou Woury Diallo n’a t-il pas été à l’origine de la grève des pharmaciens et des propos malheureux tentant de le justifier?

Par consequent, la signature du président est la somme de celles de toutes les personnes à la place et au nom desquelles il s’engage, c’est à dire de 15 millions de signatures. Aussi, à moins de servir de contre-feu permettant de détourner l’attention et les projecteurs qui sont braqués sur son frère pour les concentrer sur lui, les propos du président sont incompréhensibles sinon dévalorisants et irrespectueux de la fonction.

En définitive, comme Ousmane Sembene qui affirmait dans Les bouts de bois de Dieu que: » Quand on sait que la vie et le courage des autres dépendent de votre vie et de votre courage, on n’a plus le droit d’avoir peur », nous disons au président que : quand la « vie » du peuple, sa quiétude, sa prospérité, sa ruine, son courage et son espoir, ses inquiétudes… sont au bout de votre plume, vous n’avez pas le droit d’en user autrement qu’avec respect, raison et conscience. Car votre signature n’a pas la même portée que celle chantée par la diva de Thiès, Ndèye Seck

BOSSE NDOYE
MONTRÉAL

momarboss@gmail.com

*C’est juste pour dire un citoyen lambda en faisant allusion à un des titres chanson de tata Ndèye Seck, appelée parfois Ndèye Seck signature

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Octobre - 2024

Législatives : Sàmm Sa Kaddu veut une majorité à l’assemblée nationale pour « pour freiner les dérives et assurer la stabilité du pays »

Le Sénégal est à un tournant décisif de sa vie politique et institutionnelle. Une Assemblée nationale, socle de la démocratie représentative,...

18 - Octobre - 2024

Amadou BA contre-attaque: “Un gouvernement ne peut pas passer son temps à pleurnicher”

L’ancien Premier ministre se détache de son attitude républicaine pour porter des cops au tandem au pouvoir depuis le 02 avril 2024. Amadou BA, qui s’exprimait jeudi...

18 - Octobre - 2024

RÉPONDRE À SONKO DEPUIS L’ÉTRANGER N’INTÉRESSE POINT LES SÉNÉGALAIS ( Par Mohamed GASSAMA)

Les combats politiques se gagnent sur le terrain politique et non sur les plateaux de télévision, volontairement utilisés comme des béquilles, pour de vaines tentatives...

18 - Octobre - 2024

LA REDDITION DES COMPTES : DE QUOI PARLE-T-ON ? (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

La reddition des comptes fait la une de l’actualité politique sénégalaise. Il s’agit d’un principe qui devrait être une norme courante dans toute...

18 - Octobre - 2024

À L’ORÉE DE L'ULTIME BATAILLE !

Tout d'abord, il importe de mettre le curseur sur comment vote le peuple sénégalais loin de vouloir plagier l’économiste Cheikh Ahmed Bamba Diagne « Comment votent...