Nomination de samba Ndiaye, commémoration des tirailleurs sénégalais : Diomaye sous la rampe des critiques

27 - Décembre - 2024

Les Sénégalais ne sont pas habitués à des contestations tous azimuts des choix du président de la République. Surtout quand la bronca vient de son camp. Et pourtant c’est ce que vit le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Après l’affaire dite de Samba Ndiaye, c’est le ministre-conseiller en charge de l’administration et de l’équipement à la présidence de la République, Cheikh Oumar Diagne, qui prend son contrepied sur la commémoration des Tirailleurs sénégalais. Alors que ses prédécesseurs avaient opté pour la tolérance zéro et la discipline du partie, le Président Faye, lui, autorise la contradiction tout en restant ferme et imperturbable.

Vitalité démocratique au sein du PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) ou défiance au chef d’Etat, arrivé, par défaut au pouvoir ? Ces questions méritent d’être posées au vu des différentes contestations qui ont suivi un acte relevant de son pouvoir discrétionnaire et/ou visant à remettre en cause sa volonté d’honorer les Tirailleurs sénégalais.

D’abord c’est la nomination du Samba Ndiaye, comme Président du Conseil d’administration de la société nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN-HLM), en remplacement de Moustapha Fall, qui a fait l’objet d’un véritable bashing dans les réseaux sociaux.

Des militants du PASTEF n’ont pas hésité à contester le choix du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye alors que la Constitution lui confère les prérogatives de nommer à tous les emplois civils et militaires.

Mais, le plus abracadabrant c’est la volée de bois vert issue des responsables du Pastef contre le choix du Chef de l’Etat.

C’est d’abord, Waly Diouf Bodian qui a été le premier à allumer la mèche. Le directeur du Port Autonome de Dakar (PAD) sera suivi par le directeur général de l’Autorité pour la régularité des télécommunications et des postes (ARTP) Dahirou Thiam. « Samba Ndiaye doit dégager ! De même que le DG de l’Agetip El Malick Gaye», avait-il posté sur sa page Facebook.

L’actuel Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, ira plus loin dans ce concert de désapprobations. « J’ai signé la pétition pour le départ immédiat d’un voyou qui nous a toujours insulté, nous et notre Pros (surnom donné à Ousmane Sonko. NDLR). Samba Ndiaye doit dégager», tonne Abass Fall.

Même Sadikh Top, Président du conseil d’administration de l’Agence de presse sénégalaise (APS), a, lui aussi, encouragé la campagne de désapprobation : «Le nombre d’interpellations que j’ai reçues concernant le nommé Samba Ndiaye démontre une chose : vous tenez à la réussite de ce projet. Alors n’ayez aucun complexe à dénoncer ce genre de décision, d’où qu’elle vienne !»

Last but not least, le directeur général de la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), Fadilou Keita, avance sur son réseau social Facebook que le «processus ayant conduit à ces nominations sera revu» et que «les personnes ayant proposé ces choix devront justifier leurs décisions et objectifs…». Selon lui, le président de la République «ne peut pas connaître personnellement tout le monde».

Alors qu’on s’attendait à ce que le Chef du gouvernement mette le holà, Ousmane Sonko valide la bronca des militants. «Nous accusons réception des multiples expressions de votre indignation suite à une nomination intervenue récemment. Je ne doute pas que les mesures correctives idoines seront apportées au plus vite», a déclaré le leader du Pastef qui dit même se réjouir de la vigilance des militants, ce témoigne de «la maturité de la démocratie interne».

Comme Fadilou Keita, le Premier ministre ajoute que le Président Diomaye Faye, qui a certainement pris la décision sur proposition alliée, «n’avait aucune connaissance des faits dénoncés».

Rappelons que Samba Ndiaye, a vu sa candidature à l’élection présidentielle de mars 2024, invalidée par le Conseil constitutionnel pour défaut de parrainages. Ancien directeur général des Grands Trains du Sénégal (GTS) sous le magistère de Macky Sall, il va alors rejoindre la coalition Diomaye Président.

«LES TIRAILLEURS SONT DES TRAITRES»

«Ceux qui célèbrent les Tirailleurs ne savent pas qu’ils sont » en réalité ces soldats coloniaux. Les tirailleurs sont des traîtres qui se sont battus contre leurs frères, dans leur pays, pour de l’argent lors de révoltes ou de guerres anticoloniales en Afrique», avait estimé le Ministre-conseiller chargé de l’administration et de l’équipement à la présidence de la République, Cheikh Oumar Diagne, dans une interview sur chaine la télévision locale Fafa TV et diffusée le 21 décembre dernier.

Cette sortie d’un ministre de la République, quelques jours seulement après la commémoration avec une envergure inédite (présence du président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et de quatre autres chefs d’État des Comores, du Gabon, de la Gambie, de la Guinée-Bissau) , sans occulter le ministre des Affaires étrangères de la France, Jean-Noël Barrot), des événements du 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, fait forcément désordre. Cependant, qu’il ait tort ou raison, il appartient aux historiens de nous élucider. Notamment sur les nombreuses zones d’ombre qui subsistent sur les circonstances de ce drame, le nombre de tirailleurs tués, leur identité et le lieu de leur inhumation.

«JE SUIS D’ACCORD QUE DES GENS NE SOIENT PAS D’ACCORD AVEC MOI»

Le 25 octobre dernier, le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a montré à l’opinion publique nationale et internationale une autre facette de sa personnalité. De son caractère et surtout de sa fermeté.

«Je suis d’accord que les gens aussi bien de mon camp et de l’opposition ne soient pas d’accord avec moi. C’est ça la démocratie», avait d’emblée répondu le Chef de l’Etat à une question relative à la volonté des membres de son camp de limoger Samba Ndiaye. Citant Nelson Mandela et d’autres Grands de ce monde, il demande à «faire preuve de dépassement».

«Je l’ai déjà dit : nous venons de loin, après des heurts qui ont marqué notre pays. Nous avons souffert et celui qui a subi le plus, Ousmane Sonko, a annoncé publiquement avoir pardonné. Nous devons faire preuve de dépassement (…) Nous avons annoncé des appels à candidature, donc nous ne nous bornons pas seulement aux gens qui font partie de nous (PASTEF). Ceux qui, par le passé, nous ont injuriés y font également partie. Les Sénégalais nous ont fait confiance grâce à notre projet, et ce projet inclut tous les Sénégalais», avait-il dit d’un ton ferme pour clore le débat. Ceux qui aiment la République avaient applaudi des deux mains.

Et pour cause, s’il avait cédé à la pression de son camp, il apporterait tout simplement de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’il ne détenait pas le pouvoir.

Reste maintenant à savoir l’attitude qu’il adoptera face au «cas» Cheikh Oumar Diagne, qui, pour la deuxième fois, fait face à un tsunami de contestations.

SQ

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