Nouveau Gouvernement : Capitaliser sur les Leçons Passées pour un Avenir Prospère (par Malick Sonko)

02 - Avril - 2024

Alors que le nouveau Président de la République, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye FAYE, que je félicite pour sa brillante élection, se prépare à former son nouveau gouvernement, des voix s'élèvent pour recommander de limiter le nombre de ministres à 20. Mais d'où vient ce chiffre ? Est-ce une superstition ou une croyance en un nombre magique portant bonheur ? Ce nombre qui semble choisi de manière arbitraire, sans justification apparente, est-il basé sur une étude approfondie ou est-il simplement le fruit d'une imagination fantaisiste ?

En vérité, il est préférable de laisser la réalité dicter le nombre de ministères, plutôt que de s'en tenir à un chiffre prédéfini. La force véritable d'un gouvernement réside dans sa capacité à être flexible et adaptable aux circonstances changeantes.
Le nombre de ministres, loin d’être un indicateur de performance ou un obstacle au développement d'une nation, relève plutôt de choix politiques, influencés par une multitude de facteurs tels que la politique, la société, l'économie, la géographie, la culture, et bien d'autres encore.
Prenons pour exemple, en 2012, le Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat dirigé par Mata Sy Diallo, créé dans le contexte d'un gouvernement resserré, en réponse aux recommandations des Assises nationales visant à limiter le nombre de ministres à 25.
Cette fusion de portefeuilles ministériels avait pour objectif de rationaliser les structures gouvernementales et de favoriser une approche plus cohérente dans la gestion des secteurs économiques clés.
Cependant, cette concentration des portefeuilles ministériels nécessitait une coordination efficace et équilibrée. L'expérience a montré qu'il était souvent difficile de répondre de manière adéquate à toutes les problématiques rencontrées dans ces secteurs diversifiés. Il a fallu trouver des compromis entre la gestion des urgences nationales, telles que la baisse des prix des denrées de première nécessité qui monopolisait l'attention du ministre, et les autres questions stratégiques relevant des autres ministères fusionnés.
Sous la présidence de Wade, le ministère de l’Éducation nationale s'est vu confier, à un moment donné, la supervision d'un large éventail de domaines, incluant l'enseignement général, l'enseignement technique, la formation professionnelle, l'alphabétisation et les langues nationales. Pour mieux traiter les problématiques spécifiques de chacun de ces secteurs, des ministères délégués ont été créés.
Cependant, cette structure a entraîné une charge de travail considérable pour le cabinet ministériel, qui devait gérer toutes les signatures, autorisations, validations et orientations associées, rappelant le dicton : "Qui trop embrasse mal étreint".
Et, l'Administration, tel un pachyderme à la locomotion disgracieuse, semblait peiner à trouver son rythme optimal. À l'approche des élections présidentielles, Macky SALL, déterminé à conclure rapidement ses chantiers en cours, se trouvait confronté à la nécessité impérieuse de revoir la stratégie de gestion en place.
Ainsi, s’est-il vu obliger de segmenter au maximum les responsabilités ministérielles. Chaque ministre se voyait attribuer une portion raisonnable des défis à relever, assortie d'objectifs précis, de délais déterminés et de ressources proportionnelles aux budgets alloués. Cette démarche visait à optimiser l'efficacité de l'action gouvernementale dans un laps de temps restreint, tout en garantissant une reddition de comptes rigoureuse et en présentant le bilan le plus favorable possible aux citoyens sénégalais.
Le ministre n’est rien d’autres qu’une Personnalité publique qui a bénéficié de la confiance du Chef de l’Etat pour superviser, (ré)orienter, coordonner et diriger un ensemble d’institutions et/ou de services étatiques placés sous sa responsabilité.
Au-delà de leur interconnexion et de leur complémentarité, ces services représentent les diverses facettes d'une problématique commune : l'amélioration de la qualité de vie des populations. Pour répondre à ces défis, il est nécessaire de fournir des réponses à la fois ponctuelles, ciblées sur les besoins immédiats, conjoncturelles, adaptées aux circonstances spécifiques, et structurelles, visant à instaurer des changements durables et profonds.
Or, lorsqu'un défi de taille se présente, comme en mathématiques où la décomposition facilite la résolution de problèmes complexes, il est souvent préférable de le fractionner en des défis plus modestes, pour une résolution plus efficace.
Dans un pays comme le nôtre, où les priorités abondent, il est pertinent de choisir non pas une approche de concentration excessive, mais plutôt une segmentation fine des problèmes. Cette démarche vise à offrir à chaque défi à résoudre l'attention nécessaire pour parvenir à une solution approfondie et durable.
Pour accéder à un stade de développement plus avancé, il est impératif de conférer aux Directions une autonomie renforcée ainsi que des pouvoirs de signature élargis. Cette autonomie accrue permettrait aux Directions de fonctionner de manière plus autonome, même en l'absence directe du ministre, favorisant ainsi la prise de décisions rapides et efficaces au niveau opérationnel.
Cependant, à l'étape actuelle de notre développement, les interventions ministérielles restent souvent indispensables, même dans le cadre du fonctionnement régulier des Directions nationales et de l'appareil d'État en général.
L’une des réformes majeures du nouveau Président pourrait être la mise en place progressive de mécanismes de supervision et de responsabilisation efficaces afin de donner une autonomie accrue aux Directions, tout en encadrant cette responsabilisation afin de prévenir tout abus potentiel.
Examinons maintenant la question sous l'angle budgétaire, puisque le nombre restreint de ministres est souvent présenté, par les partisans de la théorie de la concentration, comme un critère de bonne gouvernance ou de sobriété dans la gestion des affaires publiques.
Il est important de comprendre que quel que soit le nombre de ministres en fonction, que ce soit 15, 25, 35, 45, ou plus le personnel de l'administration et la masse budgétaire allouée à l'ensemble des ministères reste la même. Cette répartition ne change pas fondamentalement, à moins qu'il n'y ait de nouvelles créations de ministères justifiées par l'évolution des besoins ou l'émergence de nouveaux domaines d'action, comme cela a été le cas avec le secteur pétrolier.
Cela vaut dire que la concentration ou la dispersion des portefeuilles ministériels n'a pas nécessairement d'impact direct sur les dépenses publiques.
En résumé, ce qui compte vraiment dans la gestion des affaires publiques, c'est comment les ressources sont utilisées et comment les ministres travaillent ensemble pour répondre aux besoins de la population. Peu importe le nombre de ministres, l'important c'est qu'ils fassent leur travail de manière efficace, transparente et responsable.
Par ailleurs, il est bon de noter que les membres du cabinet ministériel, nommés par le ministre, ne représentent qu'une petite partie du personnel du ministère. La plupart des personnes qui travaillent pour le ministère sont des fonctionnaires ou des contractuels qui sont déjà payés par le budget national, ce qui ne change pas la masse budgétaire. Les indemnités qu'ils reçoivent sont souvent symboliques et les contractuels peu nombreux. Ce qui signifie que même si chaque ministre a un petit groupe d'une dizaine de nouveaux collaborateurs, cela ne représente qu'une fraction minime du budget global de l'État.
Plus le nombre de ministres est élevé, plus grande est la spécialisation, plus rapides sont les mécanismes de prise de décision ; plus grande sera donc l'efficacité et l'efficience de la politique du gouvernement.
Les gouvernements précédents nous offrent une précieuse leçon à ne pas négliger. Il faudrait éviter de répéter leurs erreurs, pour ne entraver la volonté ardemment exprimée par les nouveaux tenants du Pouvoir de provoquer des changements rapides. Tel est le message que je souhaite transmettre.

Malick SONKO, Doggu pour le Grand Sénégal

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