OPINION : LE MAIRE ABDOULAYE BALDÉ, UN CONTRE-MODÈLE DE LOYAUTÉ (PAR SOUMAILA MANGA)

29 - Mai - 2020

À la veille l’Aïd el-Fitr, le maire de Ziguinchor nous présentait son « Corona riz » destiné à être distribué aux laissés-pour-compte dans le Registre national unique (RNU). Tel un vainqueur d’une guerre, il se lança dans une campagne de communication jubilatoire.
Il feint d’oublier que l’argent dépensé dans ce « Corona riz » ne vient ni des 5 milliards pour lesquels il avait été traîné à la CREI, ni des 150 millions de salaire indu révélé par les enquêtes de l’IGE. À quoi bon s’enorgueillir de ce « Corona riz » acquis avec l’argent du contribuable ? Si ce n’est, à vrai dire, pour occulter le vrai débat.
Or le vrai débat devrait porter sur l’enveloppe levée à partir du réaménagement budgétaire pour faire face à la Covid-19, en application de l’ordonnance N° 05-2020 du 30 Avril 2020 selon ses dires. Pour des questions de transparence, nous l’avions interpellé sur cette enveloppe, sur la commande des 100 tonnes de riz, son coût réel et celui des masques achetés aux tailleurs.
L’autre dossier sur lequel devrait aussi porter le vrai débat a trait au foncier. Les exploitants rizicoles de Colobane ont fustigé le projet de lotissement de leurs rizières par la mairie qui ne les avaient pas avisés. Et tout le monde sait le rapport que les autorités locales, Baldé au premier chef, entretiennent avec le foncier.
Les exemples de Néma II restructuré et en voie de l’être, des espaces verts avec l’arrêté préfectoral enjoignant l’arrêt de leur morcellement, de la gestion de l’espace communal hébergeant les cantines, de la séquestration à la mairie du journaliste enquêtant sur les scandales fonciers, du projet de lotissement contesté de la commune de Niaguiss dans lequel les autorités de Ziguinchor sont citées et de tant d’autres sont récents. Or, dit-on : « Chat échaudé craint de l’eau froide !».
Ce projet de lotissement concerne une zone, à la fois, d’une fragilité écologique avérée et d’une utilité économique reconnue. Ces rizières permettent aux exploitants de vivre grâce à la riziculture, au maraîchage et à l’exploitation des palmiers à huile sans parler de leur rôle de déversoir naturel des eaux de pluie et du microclimat qu’elles procurent.
Comment, dans ces conditions, la mairie peut-elle y faire implanter des bornes sans crier gare ? Elle n’a d’ailleurs fourni aucun autre argument valable que d’essayer de rejeter les responsabilités sur le conseil de quartier qui n’aurait pas « convoqué tous les exploitants », le préfet qui aurait dit que « Ce sont des exploitants et non des propriétaires terriens » et les populations riveraines qui « seraient demandeuses du projet ».
Quelle mauvaise foi ! L’exemple du projet de la station d’épuration de la commune en est révélateur. Les déguerpis ont été avertis, consultés, associés et indemnisés. L’ancien Directeur régional de l’ONAS-Ziguinchor, M. Baldé, m’avait fait parvenir une anecdote.
C’est une vielle dame qui, vivant avec ses petits-enfants, exploitait un lopin de terre sur l’emprise actuelle de cette station d’épuration. Elle devrait être indemnisée à hauteur de 13 millions. Lorsqu’elle a été informée du pactole qu’elle devra recevoir, elle lança : « Le jour où je serais payée, pourrais-je venir avec un sac pour y mettre mon argent ? ». Et il lui a été répondu qu’elle recevra son argent sous forme de chèque.
L’autre exemple auquel je voudrais renvoyer le maire, c’est le projet de la réhabilitation de la Route nationale N°06 (RN6). Tous les exploitants et occupants touchés par ce projet ont été indemnisés et accompagnés dans l’investissement de leurs indemnités grâce auxquelles certains sont devenus propriétaires d’un toit.
Pourquoi, aujourd’hui, vouloir faire de ces exploitants de Colobane une exception ? C’est là un manque de loyauté à l’égard des Ziguinchorois qui ne dit pas son nom. C’est une lapalissade que de dire qu’à côté du régime d’immatriculation et celui du Domaine national, est toléré et même accepté le droit coutumier. Ce que les exploitants ont déjà compris en criant : « Ne touche pas à ma terre, c’est ma vie ! ».
Comment Baldé, quoique déloyal, peut-il vouloir priver ces exploitants d’un moyen de subsistance séculaire ? Voilà un homme dont la carrière politique se résume en un seul mot : Déloyauté ! Il a fait preuve de déloyauté à l’égard de ses frères libéraux dont Karim Wade, à l’égard de l’opposition surtout dans l’affaire de la Commission d’Enquête parlementaire (CEP) portant sur les 94 milliards, à l’égard des Ziguinchorois après avoir recueilli leurs signatures pour le parrainage et envers sa propre personne après s’être lancé entre les bras de Macky-président dont son machin de CREI l’avait pourtant traîné dans la boue.
Au pire des cas, si ce lotissement devenait inévitable, chaque exploitant, en plus d’être consulté, associé et indemnisé à coups de millions de FCFA, devra recevoir une parcelle au moins. L’Etude d’Impact environnemental et social (EIES), si tant est qu’il y a EIES, devra prendre en considérations les avis des exploitants. Le plan de masse devra aussi être accessible afin qu’il n’y ait pas de glissement futur des habitations vers les espaces verts et prévus pour les infrastructures diverses.
C’est sur cette voie qu’une certaine presse locale gagnerait à travailler plutôt que de se lancer dans cette campagne de communication sur les mesurettes du maire. Car une presse, quoique privée, a une mission de service public. C’est pourquoi une certaine presse locale a aujourd’hui intérêt à se soustraire au joug de l’équipe municipale afin d’informer juste sur sa gestion.
Deweneti au peuple sénégalais !
Deweneti aux rédactions de la presse en ligne !
Soumaila MANGA, président Debout Pour La Patrie-DLP
Membre du Mouvement JUSCA
Candidat à la mairie de Ziguinchor

 

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