OPINION : UN LIVRE C’EST POUR LA POSTÉRITÉ, MAIS CELUI DU PRÉSIDENT MACKY SALL EST DÉJÀ OUBLIÉ ! (PAR IBRAHIMA WADE)

05 - Décembre - 2018

Le président Macky Sall vient de sortir un livre qui devrait être un livre-bilan, mettant en avant ses succès politiques afin de convaincre les Sénégalais pour qu’ils lui accordent ce second mandat synonyme d’obsession présidentielle.
A la place d’un livre-bilan sur ces 7 ans de gouvernance, le président Macky Sall nous sort en grande pompe son journal intime pour dire aux Sénégalais « je vous aime ». S’il n’ose pas parler de son bilan dans un livre, c’est parce qu’il n’a rien de positif à écrire pour la postérité. Alors, il nous sert un livre mémoire qui d’ailleurs pourrait resembler à une fin de règne, car en général on fait ce genre de livre une fois que l’on quitte le pouvoir. Mais puisqu’il n’ose pas parler de son bilan dans le contexte livresque qui est pour l’éternité, nous allons le faire à sa place pour qu’aucun Sénégalais se rendant dans un bureau de vote le 24 février 2019 ne l’ignore.
A l’aune de faire un bilan de gouvernance d’un régime politique, il faut mettre en balance les promesses de campagnes et les réalisations pour en juger de la réussite ou de l’échec.

Le candidat Macky Sall nous avait vendu le « Yonu Yokouté », mais à la fin, le Sénégal a eu droit à un PSE chèrement acheté auprès d’un cabinet d’étude français, comme si nous n’étions pas capables de réfléchir par nous-même et qu’il faut toujours aller chercher les solutions de notre émergence en France.
Il avait dit que son gouvernement ne compterait que 25 portefeuilles ministériels, aujourd’hui nous en sommes à 81 membres du gouvernement.
Le candidat et président Macky Sall avait promis de réduire son mandat de 7 à 5 ans, finalement par une manipulation de nos institutions, et d’un avis du Conseil Constitutionnel, transformé en décision qui l’obligerait à faire 7 ans, il a renié sa parole donnée urbi et orbi. Et pour faire passer ce déni de la parole donnée, il a organisé un référendum auquel, il ne voue aucun respect, par exemple le statut de l’opposition est mis sous le coude.
La reddition des comptes qui devrait définitivement protéger les deniers publics de toutes prévarications, a permis d’assouvir plus, une vengeance contre le père spirituel en condamnant et exilant Karim Wade. La CREI est devenue un instrument de pression sur les opposants qui, pour jouir d’une impunité totale, transhument sans aucun gène vers les prairies marron.
Le slogan de « la patrie avant le parti » s’est transformé en partage de gâteau avec la famille et les partisans et adieu la gestion sobre et vertueuse.
Une CNRI a été financé à coup de milliard d’argent public pour finalement jeter le rapport produit dans la poubelle présidentielle. A l’occasion de conseils ministériels décentralisés, le président Macky Sall avait promis d’injecter dans les régions de l’intérieur plus de 3000 milliards d’investissement. Les régions de l’intérieur attendent toujours leur émergence et ce n’est pas un PUDC ou un promo-ville qui ont changé quelque chose dans leur situation.
Le PSE promettait des universités régionales à la pointe de la technologie, mais à ce jour aucune université fonctionnelle n’a vu le jour dans une localité du Sénégal et les étudiants qui fréquentaient les universités privées sont dans la rue, lorsque ceux qui ont la chance d’être inscrits à l’UCAD ou à Gaston Berger, sont privés de repas s’ils ne sont pas tués par les forces de l’ordre. Pas plus tard que ce mois-ci, les enseignants de l’UCAD alertaient sur les menaces à cause d’une surpopulation d’étudiants autour de 120.000 que le COUD est dans l’incapacité de gérer.
Le candidat Macky Sall nous avait promis 500.000 emplois en 5 ans, ce qui devrait être 700.000 pour cause de rallonge de mandat, mais la réalité prouve que le sous-emploi est le lot quotidien des jeunes sénégalais.
Fin de l’année 2017 était la date fixée pour notre autosuffisance en riz et la fin de l’insécurité alimentaire, aujourd’hui même le médiateur de la république reconnaît une situation de précarité alimentaire dans plusieurs endroits du Sénégal de l’intérieur. La baisse du prix du riz était un argument, aujourd’hui les prix repartent à la hausse et on n’est toujours pas autosuffisant en riz.
Le PSE qui devait permettre la compétitivité du Sénégal est aujourd’hui synonyme de faillite d’entreprises locales et d’exclusion des entreprises sénégalaises des marchés publics, aux profits de Français, Marocains, Turcs et Chinois.
Les organisations internationales sollicitées hier pour mener des combats contre le régime de Me Wade, sont devenues aujourd’hui des empêcheurs de tourner en rond et aucune de leurs décisions ne sont respectées. Ce qui fait que notre diplomatie a perdu toute considération et son influence sur le plan international.

Le recul démocratique de notre Etat de droit, le non-respect de la séparation des pouvoirs, la violation des droits et libertés individuels, les arrestations arbitraires, sont devenus réalité dans notre pays.
En matière d’organisation d’élections avec un processus transparent et libre, le président Macky Sall a complétement échoué avec 52 milliards investis dans l’établissement de cartes d’électeurs qui ne sont pas délivrées.

Il n’y a pas mieux dans la gestion des hydrocarbures, dans celle de l’eau, la crise dans le secteur de la santé et de l’enseignement. Le Sénégal s’endette dangereusement et cette dette de 6000 milliards menace d’anéantir tous les efforts consentis depuis le gouvernement d’Abdou Diouf pour assainir les finances publiques.
Les Sénégalais de l’extérieur n’ont jamais été aussi malmenés, et même si ce n’est pas la faute de l’Etat du Sénégal s’ils ont choisi d’émigrer, il est de la responsabilité des autorités sénégalaises de protéger toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais, quel que soit leur lieu de résidence.
Voilà le bilan non exhaustif que le président Macky Sall a omis d’étaler dans ce livre qui s’apparente plutôt à un somnifère pour endormir les Sénégalais avec des histoires comme celle de Sandrine cette fille sur laquelle il avait flashé et n’osait pas lui avouer cela.

Les Sénégalais doivent réfléchir à deux fois devant les urnes avant d’accorder à Macky Sall un second mandat.
Un Homme averti en vaut deux.

Ibrahima Wade
Cellule des cadres Bokk Gis Gis

 

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