Opinion: Viol de la constitution, coups d’Etat, putschs, l’Afrique n’aurait-elle le choix qu’entre la peste et le choléra ( Par Ibrahima Thiam)

05 - Septembre - 2020

« Établissement d'un véritable régime démocratique, lutte contre la corruption, promesse d’une transition politique apaisée et transparente » tels sont quelques-uns des objectifs avoués de la junte militaire qui a pris le pouvoir ces dernières semaines au Mali à la suite d’un coup d'État. C'est un langage qu'on a déjà entendu trop souvent en Afrique. À supposer que les intentions soient sincères encore faut-il les mettre en application.

Nous connaissons bien en effet ce refrain, il est toujours le même. Ainsi dans le cas du Mali celui-ci renoue avec ses vieux démons. Après Modiba Keïta, Moussa Traore, ATT et aujourd’hui IBK, le « néo-colonellisme » est le seul marqueur de la gouvernance malienne. A chaque fois on observe la même chose les militaires se montrent incapables de défendre l’intégrité territoriale et préfèrent s’adonner à leur exercice favori, à savoir les putschs !

Les partisans du Mouvement du 5 Juin, qui regroupe le Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP) et les fidèles de l’influent imam Mahmoud Dicko, ont considéré ce coup de force des militaires comme une libération du peuple. Pour eux les putschistes ont voulu mettre fin à un régime défaillant et proposer une transition militaire censée permettre d’instaurer une démocratie « véritable ». Mais, au-delà de cette rhétorique cette stratégie dévoile avant tout un sentiment d’instabilité récurrent de la vie politique malienne.

Le coup d’État marque aussi, et c’est très grave, une rupture avec l’ordre constitutionnel. Des voix s’élèvent ici et là pour réclamer le respect de la constitution et dénoncent les chefs d’Etat qui tripatouillent honteusement la constitution à seule fin d’obtenir des mandats à vie et de se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam. Il est tout aussi important de dénoncer les putschistes qui ont recours à la force pour s’emparer du pouvoir et violent ainsi la constitution.

Dans les pays africains, à l’instar des autres nations démocratiques, la constitution doit être placée au plus haut de la hiérarchie des normes. Celle-ci jouit en effet d’un caractère sacré et inviolable. Force est de constater cependant que la plupart des Etats du continent est souvent atteint du syndrome de révisions constitutionnelles. Les exemples sont légions : La Côte d’ivoire, La Guinée, Le Rwanda, Le Congo Brazzaville, Le Bénin, le Burkina Faso, Le Sénégal, ....

La révision, ou la modification de la constitution d’un Etat, est un acte important auquel on ne peut recourir que lorsque l’intérêt primordial de la nation l’exige. La stabilité des institutions républicaines, et par voie de conséquences le respect des instances internationales, interdit de se livrer à des manipulations à des fins personnelles ou électoralistes. Il en va de la dignité de chaque chef d’Etat et de l’honneur d’une nation.

C’est la raison pour laquelle je souhaite que le président Macky Sall ainsi que certains de ses pairs africains, renoncent à ce genre de tentation pour s’inscrire dans une réelle tradition démocratique.

Ibrahima Thiam
Président du mouvement AA

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

15 - Mars - 2024

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye libérés, scènes de liesse à Dakar et à Ziguinchor

Dix jours avant la présidentielle, les deux hommes sont libres. Ils ont quitté la prison de Cap Manuel à bord d’un véhicule aux vitres teintées peu avant...

15 - Mars - 2024

Sonko et Diomaye libérés : Pierre Atepa Goudiaby prône la reprise du processus électoral…

L‘un des médiateurs dans l’affaire Ousmane Sonko, Pierre Atepa Goudiaby pense qu’il faut maintenant aller vers la reprise du processus électoral. Selon lui,...

15 - Mars - 2024

Recours du PDS et ses alliés : le Sénégal à l’écoute de la cour suprême, ce vendredi !

La cour suprême va statuer ce vendredi sur le recours du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés. Ils attaquent le décret portant convocation...

15 - Mars - 2024

Recours du PDS et des candidats recalés : Le président de la Cour Suprême joint les deux procédures

Ce vendredi, la Cour Supreme va statuer sur le recours du PDS et celui des candidats recalés dit spoliés. Après la lecture de la requête, le président de la Cour...

14 - Mars - 2024

Victoire du candidat Amadou Ba au soir du 24 mars : Macky libère les responsables de l’APR pour battre campagne

Alors que des rumeurs, depuis l’ouverture de la campagne pour la présidentielle du 24 mars prochain, font état de son cœur qui battrait pour un autre candidat dissident...