OUSMANE SONKO, DU PROCES « D’UN HOMME POLITIQUE » AU PROCES POLITIQUE (PAR IBRAHIMA THIAM)

04 - Mars - 2021

J’ai été de ceux qui ont souhaité qu’Ousmane Sonko apporte à la justice des explications nécessaires quant aux accusations graves pour « viol et menaces de mort » portées contre lui. Celui qui, aujourd’hui, fait figure de principal opposant à Macky Sall ne pouvait pas, en effet, se dérober à ce qui est le devoir de tout justiciable. Il en allait de sa crédibilité et de son esprit de responsabilité. Et dans ce cas, même s’il s’agit d’une affaire privée, on aurait fait le procès d’un homme politique.
En l’espace de quelques heures tout a changé, du tout au tout, avec son arrestation sur le chemin du tribunal.
Du coup on a basculé dans un autre registre et on est passé du procès « d’un homme politique » à un « procès politique ». Sonko aurait-il voulu dénoncer les agissements du régime de Macky Sall qu’il ne s’y serait pas pris autrement. En clair on peut se poser la question : a-t-il tendu un piège au chef de l’Etat, et celui-ci est-il tombé dedans à bras raccourci ?
Il était évident en effet que le déplacement au tribunal du chef du parti PASTEF (Les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) donnerait lieu à de vives réactions de ses supporters et c’est ce qui s’est effectivement passé, amenant la police à faire usage de gaz lacrymogènes et à l’arrêter pour « troubles à l’ordre public ». La ficelle de cuisine est un peu grosse, c’est une corde de marin.
Il apparaît désormais clairement, qu’au-delà de l’agression sexuelle, dont on l’accuse, à tort à ou raison, d’être l’auteur, Macky Sall a saisi l’occasion pour écarter de l’élection présidentielle de 2024 celui qui était arrivé en troisième position en 2019. Un procédé qui rappelle étrangement celui qui avait été employé pour écarter Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade, mais aussi de Khalifa Sall, maire déchu de Dakar. On se rappelle en effet que tous deux ont été condamnés pour des malversations financières et empêchés de se présenter en 2019.
Ce genre de manœuvres grossières commence à faire beaucoup venant de la part d’un chef d’Etat qui rêverait d’être candidat à un troisième mandat alors que la révision constitutionnelle de 2016 l’a limité à deux.
C’est peut-être aussi la manœuvre de trop, car en arrêtant et en incarcérant son principal opposant, sous le prétexte « fallacieux » de « troubles à l’ordre public » - en attendant l’instruction de son procès pour « viol et menaces de morts » - il fait de Sonko un martyr en puissance. Et loin de l’anéantir il l’élève ainsi à un niveau que l’intéressé lui-même n’aurait pas osé espérer.
Un vieux dicton nous rappelle qu’à « force de jouer avec les allumettes on finit par mettre le feu », de la même manière, Macky Sall s’est peut-être donné-là des verges pour se faire fouetter.

Ibrahima Thiam, Président du mouvement « Un Autre Avenir »

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

27 - Juillet - 2022

Mary Teuw Niane appelle à voter Yewwi Askan Wi dans le département de Saint-Louis

Le divorce entre le Professeur Mary Teuw Niane et la coalition au pouvoir Bby se confirme. Après sa démission au poste de Président du conseil d'administration de...

27 - Juillet - 2022

LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 27 JUILLET 2022

Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, au Palais de la République, ce mercredi 27 juillet 2022. ...

26 - Juillet - 2022

LEGISLATIVES ENCO 2022 : LE CAS DEMBA SOW

Une absence intrigante ! Député sortant, l’un des rares qui a réussi sa mission à l’Assemblée nationale selon plusieurs observateurs, Demba Sow est...

26 - Juillet - 2022

VIOLENCE MARRON ET LAXISME JUDICIAIRE( PAR SERIGNE SALIOU GUÈYE)

La violence s’est encore invitée dans la campagne électorale. Mais il faut d’emblée souligner que le député-maire de Agnam Civol Farba Ngom a...

26 - Juillet - 2022

SE RESPECTER!

Civiliser les rapports… C’est impératif pour la classe politique sénégalaise. Une classe politique qui, de plus en plus, patauge dans la boue et...