OUSMANE SONKO ET LA JUSTICE, POMPIER OU PYROMANE ? (PAR IBRAHIMA THIAM)

22 - Octobre - 2024

En matière de justice, voir Ousmane Sonko jouer les rôles de justicier, juré et pourquoi pas exécuteur des hautes œuvres nous donnerait à penser que le Sénégal est devenu le pays d’Ubu roi. La justice mérite mieux que cette parodie.

Dans un Etat de droit il revient aux juges d’enquêter sur la foi de preuves irréfragables et de prononcer des sentences. Ce n’est pas au chef du gouvernement de se substituer aux magistrats, mieux de les court-circuiter en décrétant lui-même où se situe le bien et le mal, de dire qui est coupable, qui est innocent. On n’attend pas davantage de lui qu’il soit le gardien de la moralité, mais seulement le protecteur de la justice, ce qui est déjà beaucoup. Qu’il laisse la moralité aux directeurs de conscience que sont les religieux. Qu’il laisse à ceux-ci le spirituel et le ciel, pour ne retenir que le temporel et la Terre.

Un pays comme le Sénégal mérite une justice impartiale et non une justice arbitraire, une justice où l’on poursuit et condamne les coupables et non un outil politique au service du pouvoir. Le glaive de la justice n’est pas là pour satisfaire de basses vengeances, discréditer et éliminer ses opposants. Qu’il ne s’y trompe pas, s’il entend régler ses comptes il lui faudra un jour rendre des comptes ! La justice n’est pas une scène de théâtre où on assiste à un spectacle mais un lieu de vérité et de transparence, et surtout d’équité pour tous.

A vouloir jouer les justiciers Sonko joue les apprentis sorciers, n’est pas Zoro qui veut ! Il nous appartient, à nous Sénégalais, d’être vigilants car ces tentatives d’OPA sur la justice peuvent déboucher, si on n’y prend garde, vers des dérives qui menaceront directement la démocratie. La justice est en effet le premier pilier sur lequel s’appuie les institutions de la République et le fragiliser serait prendre de graves responsabilités envers le peuple souverain.

Il faut que Sonko sache que les Sénégalais ne sont pas dupes de ses basses manœuvres. Ils attendent de lui qu’il respecte les procédures et en premier lieu la présomption d’innocence, en second lieu le droit à une défense équitable pour tous. Nous ne voulons pas un Premier ministre qui institue une justice aux ordres et instruise des procès d’intention afin d’assouvir ses ambitions et d’éliminer ses adversaires.

Dans les pays démocratiques la justice est l’ultime rempart des justiciables face à l’injustice, elle est le seul et dernier recours des plus fragiles, des plus démunis de la société, lorsque leur voix menace d’être étouffée.

Ne leur ôtons pas cet espoir car comme le rappelle le proverbe latin Vox Dei, vox populi, voix du peuple, voix de Dieu et à trop vouloir jouer avec les allumettes Ousmane Sonko risque de se brûler les doigts.

Ibrahima Thiam, Senegaal Kese

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

02 - Juillet - 2022

Rencontre : Lansana Gagny Sakho salue « l’engagement et la vision » de Ousmane Sonko pour le Sénégal

Le leader de Pastef, Ousmane Sonko a été reçu par Lansana Gagny Sakho, ancien Directeur général de l’Office national de l’Assainissement du...

30 - Juin - 2022

SCRUTIN DU 31 JUILLET 2022 : L’ACTE 1 DE LA CHUTE DE MACKY SALL (PAR SEYBANI SOUGOU)

Ce mercredi 29 juin 2022 risquait de plonger le Sénégal, une nouvelle fois, dans le chaos, et de créer les conditions d’une confrontation violente entre le peuple et les...

30 - Juin - 2022

"Démocratie piétinée" : le Parti socialiste du Sénégal s’en prend à son camarade français Olivier Faure

Les responsables du Parti socialiste du Sénégal n’ont pas apprécié la sortie de leur camarade Olivier Faure, Premier Secrétaire du Parti socialiste...

30 - Juin - 2022

YEWWI SE FISSURE À GUÉDIAWAYE : Des proches de Gakou tirent sur Ahmed Aïdara, Pastef pose un acte qui sème le doute...

Dans la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) au niveau de Guédiawaye, rapporte Le Quotidien qui donne l'information, les responsables ne parlent pas le même langage à un mois des...

30 - Juin - 2022

MAMADOU DIOUF : AU SENEGAL, « LA DEMOCRATIE VIT UNE GRAVE DEGENERESCENCE »

Le moins qu’on puisse dire est le l’historien Mamadou Diouf, professeur aux USA, n’est point satisfait de l’état actuel de la démocratie...