OUSMANE SONKO, LE PREMIER MINISTRE DES PROMESSES FANTOMES (PAR IBRAHIMA THIAM)

06 - Novembre - 2024

À son arrivée à la tête du gouvernement, Ousmane Sonko avait promis au Sénégal un renouveau éclatant, une ère de rigueur et d’intégrité. Nous étions prêts à croire, après l’avoir écouté, ce redresseur de torts, pourfendeur des inégalités et grand défenseur de la justice, qui nous assurait que le Sénégal allait enfin rompre avec ses démons politiques. Mais nous avons eu beau être attentif au changement nous en sommes venus à nous poser la question suivante : Et si le changement prôné par Ousmane Sonko n’était qu’un mirage, une illusion d’optique ? Derrière le discours, ce Premier Ministre ressemble davantage à un magicien de fête foraine qu’un véritable responsable politique.

Commençons par la fameuse transhumance politique, que Sonko abhorrait jadis avec une intensité presque théâtrale. Avant d’entrer dans les hautes sphères, il nous promettait un gouvernement épuré, détoxifié de toutes ces figures qui, comme des oiseaux migrateurs, changent de cap au gré des saisons. Mais à peine en place, voici qu’il accueille à bras ouverts les transfuges d’hier, ceux-là même qui symbolisaient les pires carriéristes de la politique. On s’était pourtant attendu à ce qu’il reste ferme sur ses principes, sauf que le pouvoir est un filtre qui adoucit les convictions les plus dures.

Et que dire de la transparence financière ? Le chevalier blanc de la probité s’était engagé à dévoiler un mystérieux compte bancaire contenant 45 milliards détournés, histoire de prouver sa rectitude. Les citoyens, curieux, attendaient de voir ce fameux trésor. Mais les mois passent, et le compte reste aussi introuvable qu’une oasis dans le désert. Où sont-ils, ces milliards ? Oubliés ? Égarés ? Ou, peut-être, n’ont-t-ils jamais existé que dans son imaginaire fantasmagorique ? Voilà bien un mystère de plus, digne des contes fantastiques. Qu’en est-il de sa déclaration de patrimoine déposée à l’OFNAC mais non rendue publique ? Dans le registre des légendes urbaines, Sonko excelle.

Le chapitre des nominations nous réserve également son lot de surprises. Dans ses discours, le Premier Ministre jurait de bannir le clientélisme, d’élever le mérite et d’éradiquer la complaisance. Sauf que, curieusement, certains visages bien connus, et parfois douteux, se sont retrouvés catapultés dans des postes de premier plan. Les rumeurs vont bon train : entre trafiquants de passeports et experts en escamotage, on se croirait dans un roman noir. Pourtant, Sonko, le pourfendeur des privilèges, semble n’avoir aucun mal à les côtoyer, voire à leur distribuer des privilèges.

La politique économique, quant à elle, ne manque pas de sel. Le candidat Sonko avait critiqué avec ferveur les prix exorbitants des denrées alimentaires, clamant, haut et fort, que sous son règne les coûts baisseraient pour enfin offrir un répit aux citoyens. Qu’en est-il aujourd’hui ? Rien n’a changé. Les prix des produits restent aussi élevés et grèvent les revenus de nos compatriotes. On en vient à se demander si le changement promis n’était pas un simple jeu de mots. À croire que pour Sonko le pouvoir d’achat n’est qu’un concept réservé aux campagnes électorales.

Alors que les élections législatives du 17 novembre approchent, le Sénégal se trouve face à un choix historique. Accorder une majorité au PASTEF, c’est offrir à Sonko un pouvoir presque sans limites, une liberté d’action sans contrainte or la concentration excessive de pouvoir a rarement favorisé la démocratie. Quand le magicien devient tout-puissant, il n’y a plus personne pour dévoiler ses tours, et c’est là que le danger commence. Le rêve de renouveau pourrait bien se transformer en cauchemar d’autoritarisme si l’Assemblée devenait, à Dieu ne déplaise, un simple instrument de légitimation.

Il est grand temps de rappeler que la politique n’est pas un spectacle de magie, où l’on applaudit chaque promesse comme un nouveau tour de passe-passe. Le Sénégal mérite mieux que ce jeu d’illusions. Les citoyens, au lieu de se contenter d’applaudir, devraient demander des comptes et garder les yeux bien ouverts, car en politique, la plus grande des illusions, c’est de croire que les promesses d’aujourd’hui seront des réalités demain.

Ibrahima Thiam, SENEGAAL KESE

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