Parrainages: le Conseil constitutionnel a été piégé ! (Par Mamadou Mouth BANE)

31 - Décembre - 2018

Combien de fois «DakarTimes» a alerté l’Opposition sur la gestion calamiteuse du fichier électoral, tripatouillé et multiplié ? Aucun opposant n’a voulu s’en occuper. Maintenant, ils se bousculent tous à la porte du Conseil constitutionnel pour déposer leurs parrainages, conformément à la volonté de leur adversaire, Macky Sall. Ce parrainage qu’ils avaient pourtant unanimement rejeté, lors des concertations dirigées par Seydou Nourou Ba.
L’Opposition sénégalaise est inconséquente, amnésique, versatile et individualiste. Les opposants ravalent stoïquement, aujourd’hui, ce qu’ils avaient vomi hier, sans retenu. Là, ils semblent tous avoir curieusement adhérés à ce système électoral corrompu et téléguidé pour réélire Macky Sall, dès le premier tour. Savent-ils que le candidat sortant s’est arrangé pour que les 400.000 bénéficiaires des bourses familiales et les 10.000 Agents de Sécurité de Proximité (ASP) reçoivent les cartes d’électeur chez eux, sous plis fermés ? Ces nécessiteux ont été systématiquement versés dans la corbeille de parrainage de Benno.
Depuis toujours, les vérifications des parrainages se faisaient au niveau de la DAF, avant le dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel. Cette fois-ci, les autorités politiques ont confié cette tâche au Conseil, dont les sept membres ignorent solennellement tout de la gestion informatique des données électorales. L’on se demande même si le Président Pape Omar Sakho savait qu’il y avait deux fichiers électoraux gérés l’un par Iris Corporation et l’autre Synapsis.
Le Conseil constitutionnel n’est pas une société informatique, il n’a aucune compétence en la matière. Pourquoi le Président Sakho accepte-t-il de faire entrer cette auguste Institution dans ce jeu politique de validation de parrainage ? Les "7 Sages" doivent maintenant comprendre pourquoi Aly Ngouille Ndiaye leur a refilé la patate chaude avec un mauvais fichier électoral.
L’heure est grave ! Et rien ne devrait motiver les membres du Conseil, si ce n’est la défense des intérêts du Peuple sénégalais, loin de toute considération partisane. La paix et la stabilité du Sénégal sont désormais entre les mains du Président Sakho et son équipe.
Les ambitions d’aucun acteur politique ne valent que ce pays plonge dans l’instabilité. Plusieurs États africains ont sombré dans le chaos, suite à de mauvaises décisions prises par le Conseil constitutionnel, dont les membres ont voulu servir une autorité politique. Nous invitons les "7 Sages" à éviter de prendre toute décision politique en faveur d’un quelconque candidat. Nul ne doit politiser le Conseil constitutionnel, comme c’est hélas souvent le cas.
Le Président Sakho doit suspendre, dès ce lundi, les opérations de vérification des parrainages pour exiger le bon fichier électoral au ministre Aly Ngouille Ndiaye. Il doit également confronter le fichier d’«Iris», gardé en France, et celui de «Synapsis». Rien de sert de se précipiter, car la sécurité du pays et l’image du Conseil y reposent.
Le rejet de parrains sur la base d’absence sur le fichier électoral est injuste. A défaut de suspendre les opérations de vérification, le président du Conseil doit demander à ses techniciens informaticiens de faire en même temps les mises à jour des numéros de cartes d’identité Cedeao déposées par les candidats. Ce travail devrait être fait par la DAF qui l’a bâclé, portant ainsi un tort aux parrains et aux candidats recalés. Comment plusieurs milliers de citoyens ayant leur carte d’identité et ayant voté lors des élections législatives peuvent-ils être absents du fichier électoral remis au Conseil ? Cela mérité l’ouverture d’une information judiciaire par le procureur de la République, puisqu’il s’agit d’un fait grave.
Les candidats victimes doivent aussi déposer une plainte contre le Directeur de la DAF et son ministre. Ibrahima Diallo, patron de la DAF, les responsables des sociétés Iris Corporation et Synapsis devront, également, être entendus dans cette enquête. Il s’agit d’un fait assez grave, qui devrait même susciter une réaction officielle du Conseil constitutionnel. N’oublions pas 50 milliards Fcfa de nos maigres ressources ont été dépensés dans ce marché.
Le Président Sakho doit rétablir la justice et l’équité entre les candidats. Il doit agir pour l’Histoire, en suspendant les vérifications, afin de renvoyer la balle aux autorités politiques. Autrement, le Conseil constitutionnel aura un comportement politique dans ce jeu électoral qui aura des conséquences dans tout le processus, jusqu’à la proclamation des résultats. Alors, qu’il en assume toutes les conséquences…
Mamadou Mouth BANE

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

28 - Février - 2024

Loi d’amnistie : des Sénégalais disent non et tirent sur Macky Sall

Lors du dialogue inimitié par le président Macky Sall lundi et mardi, la question d’une loi d’amnistie était au centre des débats. Après discussion,...

28 - Février - 2024

Conclusion du Dialogue National: Vers une réévaluation de dossiers des candidats spoliés

Une date est déjà fixée, des candidats spoliés pourraient intégrer les 19 retenus par le conseil constitutionnel. Les conclusions du dialogue national ont...

28 - Février - 2024

Présidentielle 2024 : ce qui va compliquer la réintégration de Karim Wade

Trois suggestions sont sorties du dialogue national bouclé hier. En effet, au-delà de la date du 2 juin retenue pour la Présidentielle, les travaux en commission notamment...

27 - Février - 2024

Macky Sall : « La date sera fixée par décret, quelles que soient les agitations des uns et des autres »

« Je n’ai qu’un objectif, en convoquant ce dialogue : trouver un consensus pour une crédibilité du scrutin sous l’observation nationale et internationale...

27 - Février - 2024

Sénégal : Le président Macky Sall annonce une loi d’amnistie en pleine crise sur la présidentielle

Au Sénégal, les citoyens sont toujours dans l’attente d’une nouvelle date pour l’élection présidentielle, qui était initialement prévue...