Partenariat de pêche durable entre le Sénégal et l’union européenne : vers un nouveau tournant

12 - Novembre - 2024

Le Protocole d’application de l’Accord de pêche, signé le 18 novembre 2019, pour une durée de 5 ans, arrive à son terme le 17 novembre prochain. La mise en œuvre de cet accord a suscité beaucoup de polémiques de la part des acteurs du secteur n’ont cessé de dénoncer les mauvaises pratiques opérées par les navires étrangers dans les eaux territoriales sénégalaises. L’Etat du Sénégal va-t-il rompre définitivement ce partenariat ou va-t-il renégocier le contrat pour protéger les intérêts nationaux ?

Le 18 novembre 2019, le gouvernement du Sénégal et l’Union Européenne signaient un « Protocole d’application d’un accord de pêche ». Ce protocole couvrait une période de cinq ans et prévoyait des possibilités de pêche pour les navires étrangers. Il s’agissait de 28 thoniers senneurs congélateurs (la senne est une technique de pêche en surface au moyen d’un filet appelé senne), 10 canneurs, 5 palangriers (bateau de pêche muni de machines auxquelles sont fixées des fils en nylon se terminant par des hameçons) et 2 chalutiers «correspondant à un tonnage de référence de 10 000 tonnes de thon par an et à un volume autorisé de captures de merlu noir de 1750 tonnes par an». En contrepartie, le Sénégal gagnait annuellement«1,7million d’euros (soit 1 milliard 115 millions 126 mille 900 francs Cfa) dont 800 000 euros de droits d’accès aux eaux du Sénégal».

Selon la délégation de l’Union Européenne (UE) au Sénégal, « l’accord de partenariat de pêche durable UE-Sénégal et son protocole de mise en œuvre garantissent un cadre légal, transparent, et assorti de contreparties gagnant-gagnant ». Il participe à une meilleure gouvernance des océans et à la protection du secteur des pêches et des emplois qui en dépendent. En échange de ces accords, «l’Union européenne paye une redevance à la fois pour les licences de pêche, mais aussi pour encourager la politique sectorielle de la pêche». Le montant de cette redevance se chiffre à 900 mille euros par an, soit plus de 590,3 millions de francs Cfa.

Seulement, du point de vue financier, les accords de pêche sont loin de faire l’unanimité. En effet, une bonne partie des ressources financières provenant de ces accords profite à quelques individus ou à des secteurs autres que la pêche. De même, avec ces accords, les compensations financières même si elles contribuent significativement aux recettes publiques, portent préjudice aux flottes nationales.

Si les accords entre l’Europe et le Sénégal ont amélioré l’exportation des produits vers l’Europe, ils n’ont pas contribué à la création de valeur ajoutée nationale. Le manque de transparence dans la négociation des accords, le déficit de contrôle et de surveillance des activités des bateaux étrangers, le besoin d’inclure tous les acteurs sont des problèmes qui se posent avec acuité.

Le protocole de mise en œuvre de l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union Européenne (UE) s’achève ce 17 novembre 2024. Selon certains, son renouvellement contribuera à accentuer la pêche aux poissons juvéniles pour le ravitaillement des bateaux canneurs en provenance de l’Europe. D’autres acteurs trouvent incongru de signer de nouveaux accords, alors qu’aucun état des lieux sur la disponibilité des ressources halieutiques n’est fait.

L‘ambassadeur de l’Union Européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani, va se prononcera sur cette question aujourd’hui, mardi 12 novembre 2024. De son côté, la ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf, a prévu aussi de faire face à la presse prochainement, pour une « importante communication » sur « l’accord de partenariat entre le Sénégal et l’UE dans le domaine de la pêche ». Selon un communiqué de son département, elle profitera de cette occasion pour rappeler et clarifier les nouvelles orientations stratégiques du gouvernement pour une gestion durable de nos ressources halieutiques, en mettant en avant les intérêts nationaux.

SQ

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