Périphérie sud de Ziguinchor: les planteurs haussent le ton pour s’opposer à la spoliation de leurs terres par les HLM

La tension monte dans la forêt des anacardiers de Kantène, situé au sud de la ville de Ziguinchor. Les propriétaires de ces vergers sont sur le pied de guerre, ils ont formé un seul bloc pour s’opposer à tout prix au projet de construction de logements sociaux des HLM qui doit prendre la quasi-totalité de leurs champs. Selon eux, le préfet de Ziguinchor les a convoqués le jeudi passé pour leur signifier que le terrassement des arbres va commencer ce lundi et qu’en guise de dédommagement, on va diviser la valeur du champ de chacun d’eux et leur donne la moitié. Et apparemment c’est cette entrevue qui a fait monter de nouveau la tension qui y était perceptible depuis l’annonce de ce projet. Ils disent prêts à sacrifier leur vie s’il faut pour empêcher la réalisation de ce projet. Femmes, enfants et hommes se sont tous mobilisés encore ce samedi dans ces anacardiers pour dire, pour une fois de plus, non à ce projet et, dans la foulée, ils ont demandé au président Macky de le faire arrêter au risque de compromettre leur vie. Ils se ont adressé adressée au chef de l’Etat à travers une déclaration lue par le secrétaire général Félix Joël Mendy que voici :’’Nous du GlE des agriculteurs, planteurs et producteurs de Kantène disons non au dédommagement gagnant-gagnant et nous interpellons le président Macky Sall d’intervenir le plus vite possible car nous sommes farouchement contre de la réalisation du projet des HLM dans nos champs que nous avons obtenus avec beaucoup de sacrifices. La Casamance a beaucoup souffert et souffre encore de la crise qu’elle traverse et qui a été causée par des problèmes similaires. Nous disons non aux menaces et invitons les autorités de manifester une volonté républicaine pour apaiser cette situation. Et nous réclamons justice dans cette affaire et exigeons notre participation aux rencontres, organisées par ceux qui veulent faire du forcing pour arracher nos terres Nos terres sont sacrées et nous sommes prêts à les défendre jusqu’à l’ultime seconde de notre existence’’. Il renseigne que son collectif a, dans le passé, saisi les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade pour ce même problème et que ces derniers avaient défendu leur cause. Et ils espèrent que le président qu’ils ont adressé une lettre officielle fera de même pour éviter de briser leur existence.
Même son de cloche chez Abdoul Ba, propriétaire d’un des plus grands vergers du collectif qui déclare :
‘’Nous n’accepterons jamais la proposition que le préfet nous a faite consistant à venir prendre nos champs et les diviser en deux et nous donner une partie de leur valeur et donner l’autre à d’autres qui se disent les vrais prioritaires. Nous lançons un appel pour que les autorités de l’Etat interviennent et notamment le président Macky Sall. Parmi nous, il y en a qui travaillent ici depuis 1981, donc si on prend leurs champs, c’est leur vie qui sera compromise’’, martèle t-il.
Abdou Kader Sané un autre planteur qui a servi sous les drapeaux affirme avec force que seule la mort leur fera partir de leurs vergers. ‘’Et même si nous mourrons, nous allons demander à ce qu’on nous enterre ici, c’est donc pour vous dire que nous ne partirons jamais d’ici car ces terres nous ont été léguées par nos parents qui les ont valorisées’’, tempête t-il.
Ces différentes déclarations montrent aujourd’hui à quel point ces populations sont déterminées à défendre leurs terres qu’elles ont valorisées au prix de leur vie, certains même y ont été tués par des mines pendant qu’ils défrichaient ces champs. A noter que parmi les propriétaires, il y a d’anciens combattants du Mfdc qui se sont reconvertis dans le travail de la terre.

Mamadou Alpha Diallo (Infos15)