PIERRE SANÉ: AU SENEGAL, «  L’AVENIR EST SOMBRE »

16 - Octobre - 2020

Ancien Secrétaire général d’Amnesty international et membre du Bureau politique du Parti socialiste, Pierre Sané a vertement critiqué la gestion de Macky Sall ajoutant que « l’avenir est sombre ». Il a aussi exprimé son opposition à un éventuel troisième mandat du chef de l’Etat.
Interrogé par Le Quotidien sur les conséquences du COVID-19 sur l’économie nationale, Pierre Sané lâche: « Comme partout ailleurs. Je pense que ce sera pire que la crise de 2008. La Banque mondiale annonce déjà 40 millions de pauvres supplémentaires en Afrique. Au lieu de perdre notre temps dans des dialogues politiques à répétition, le gouvernement ferait mieux de nous engager dans un dialogue sincère sur la crise économique qui se dessine pour agréger les intelligences, les chercheurs, les acteurs économiques véritables (et non les lugubres chasseurs de marchés) pour ensemble dessiner un plan efficace de réorientation de notre économie, a-t-il affirmé avant de poursuivre son analyse . On passe notre temps à discuter de politique électoraliste, parce que les gouvernements successifs ne respectent pas leurs engagements. Alors que les véritables enjeux sont ailleurs : Cfa, Ape, emploi, pauvreté, investissements, foncier, mode de production colonial, éducation, santé, etc. Quel Sénégalais a été invité à discuter du Pse ou du plus gros investissement réalisé au Sénégal : le train rapide rebaptisé train express dont la vitesse commerciale n’excèdera pas 100 km/heure ? L’avenir est sombre. Pour une fois, ayons le courage d’aborder les vrais problèmes dans un débat robuste et patriotique plutôt qu’un tête-à-tête avec les partenaires techniques et financiers».
S’agissant de la question du troisième mandat, le socialiste a estime une nouvelle candidature de Macky Sall serait « une calamité ». « Dans son livre «Le Sénégal au cœur» (2018), le Président écrit (p.157) : «Je repars au combat pour un nouveau mandat, le dernier.» Macky Sall a combattu le 3e mandat de Wade et a dit lui- même : «J’ai écrit la Constitution, Je ne peux pas faire plus de 2 mandats consécutifs.» Maintenant c’est sûr que son entourage va le pousser à utiliser l’ambiguïté introduite sciemment dans sa Constitution pour obtenir l’aval de sa Cour constitutionnelle. Mais nous savons tous que ce n’est pas une question de Constitution. Ce sera un rapport de force. Nous devrons tous être prêts car Présidence à vie et pétrole ont défiguré l’Afrique : autoritarisme, coups d’Etat, guerres civiles, fractures sociales, inégalités. La stabilité et la cohésion sociale dont au moins nous jouissons ne sont pas des données intangibles. Une tentative de 3e mandat serait une calamité. En dernière analyse, au-delà du 3e mandat, c’est le présidentialisme instauré par Senghor qui constitue un affront à la démocratie », a-t-il dit.
Lamine Sow

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