Présidentielle 2024 : le scrutin de toutes les premières !

12 - Mars - 2024

Processus électoral en mille bris, calendrier républicain chahuté, risque de suppléance à la tête de l’Etat, temps de campagne écourté, président sortant hors-jeu, bras de fer autour de la date du scrutin, pluralité de candidats dont un en campagne depuis la prison : les «anomalies» qui consacrent la présidentielle 2024 au Sénégal font florès. Pour la première fois, l’inédit prend ses quartiers dans le jeu électoral en perspective de l’accession à la magistrature suprême.

Une présidentielle particulière ! Le qualificatif n’est pas de trop pour parler de l’élection du 24 mars prochain dont la campagne a été ouverte avant-hier, dimanche 10 mars. Attendue dans un premier temps pour le 25 février dernier, comme l’établissait le premier décret convoquant le collège électoral, conformément à la Constitution, elle a été reportée par le président de la République, Macky Sall, qui a abrogé ledit décret, avant que l’Assemblée nationale ne vote pour le renvoi de ces joutes jusqu’au 15 décembre prochain. Du coup, une loi, à l’initiative du Parti démocratique sénégalais (Pds) et soutenue par la majorité, prorogeait du coup le mandat du président en exercice qui prend fin le 2 avril.

Tout ce mélimélo se référait à des soupçons de corruption de membres du Conseil constitutionnel ayant invalidé la candidature de Karim Wade et, par suite, la découverte de la double nationalité de l’ex-candidate, Rose Wardini.

Le Conseil constitutionnel saisi opposera son véto, déclarant l’inconstitutionnalité de cette loi et demandant le respect du calendrier républicain. Le président de la République Macky Sall, prenant acte de la décision du Conseil constitutionnel, appelle au dialogue pour qu’une date soit trouvée, en tenant compte d’évènements qui ont lieu dans le pays comme le Ramadan, le Daaka de Médina Gounass, entre autres. Les participants à ce dialogue boycotté par presque 17 des 1ç candidats retenus dans la liste du Conseil constitutionnel, s’accordaient pour la date 2 juin 2024. Mais les « Sept sages » revenant à la charge, déchirent cette conclusion et proposent le 31 mars, une date différente de celle choisie par le chef de l’Exécutif qui avait pour sa part retenu, en Conseil des ministres, le dimanche 24 mars. Finalement, le consensus a été de tenir la présidentielle à la date proposée par le Chef de l’Etat.

La présidentielle 2024 se tient aussi avec une pluralité de candidats ; 19 au total, un record ! L’un d’eux en prison, Bassirou Diomaye Faye, constitue aussi une autre singularité de ce scrutin. Bassirou Diomaye Faye n’a pas bénéficié de son temps d’antenne à la Radiotélévision sénégalaise (Rts). Toujours en détention préventive, ce qui empêche l’enregistrement de sa déclaration, la diffusion du message de son représentant a été bloquée, le 10 mars, par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), invoquant, entre autres textes, l’article LO 134 du Code électoral.

L’autre particularité de la présidentielle de 2024, c’est qu’elle coïncide aussi avec la fin de mandat du président Macky Sall qui quittera le palais de la République le 2 avril prochain. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal indépendant qu’un président de la République sortant organise des élections auxquelles il ne participe pas comme candidat. Pour sa succession, il mise sur son ancien Premier ministre, Amadou Ba, candidat «contesté» même au sein de son camp. Les dissidents de la mouvance présidentielle, Aly Ngouille Ndiaye, Mahammed Boun Abdallah Dione et Mame Boye Diao, qui comptent briguer le suffrage des Sénégalais, apportent une autre marque spécifique à la présidentielle de cette année.

Toujours au chapitre des spécificités de ce scrutin du 24 mars prochain, l’incertitude qui marque l’après scrutin du 1er tour. Si un président de la République n’est pas élu à l’issue de ce premier tour, le Sénégal pourrait en effet connaître une transition assurée par le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, une suppléance que les Sénégalais n’ont jamais connue jusqu’ici. Une situation inédite avec un président sortant qui risque de ne pas passer directement le témoin à son successeur.

La dernière anomalie de ce scrutin de 2024 est liée à la durée de la campagne électorale. Au lieu des 21 jours habituels, les candidats n’ont moins de 15 jours pour convaincre les Sénégalais.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

28 - Octobre - 2024

LEGISLATIVES : EN FRANCE, JAMM AK NJARIN SE DEMARQUE DE SAMM SA KADDU

L’opposition avait exprimé le vœu ardent d’aller en inter-coalition lors des législatives anticipées du 17 novembre, dans la circonscription de...

26 - Octobre - 2024

Revue de presse: Les quotidiens commentent l’adresse du président de la République à la nation

Les quotidiens relayent l’appel à la retenue fait par le président de la République vendredi soir et relèvent son ‘’désaccord’’...

25 - Octobre - 2024

Les militants de Pastef récusent la nomination de Samba Ndiaye: Une pétition pour sa destitution recueille plus de 23 000 signatures

La tension monte autour du duo «Diomaye Faye – Ousmane Sonko». Mécontents de la nomination de Samba Ndiaye, ex-maire de Ndofane, au poste de président du Conseil...

25 - Octobre - 2024

Abdoulaye Sally SALL, un des piliers de l’APR au Fouta soutient le PASTEF pour les Législatives

Ancien ministre conseiller de Macky SALL et maire de Nabadji Civol, Abdoulaye Sally SALL apporte désormais son soutien au PASTEF, dans le nord considéré comme le titre foncier...

25 - Octobre - 2024

Arrestation de Bougane: Samm Sa Kaddu porte l'affaire à l’ONU

Considérant l’arrestation de Bougane GUEYE comme «une grave atteinte aux libertés individuelles et à la démocratie », la coalition Samm Sa Kaddu a...