PRESIDENTIELLE 2024 : LES GROS HANDICAPS DE AMADOU BA, UN OVNI POLITIQUE DANS LA DIASPORA

Pour le président Macky Sall, Amadou Bâ a donc le meilleur profil pour remporter la présidentielle de 2024. Une chose est cependant sûre et certaine, le candidat du président de la République ne sera pas en roue libre dans la diaspora. Non seulement sa candidature intervient dans un contexte généralisé de défiance du pouvoir par les Sénégalais de l’extérieur, Amadou Bâ a aussi un contentieux avec la diaspora, lequel remonte à 2020. Cette année-là, plusieurs Sénégalais de l’extérieur succombent des suites du Covid-19. Comme à l’accoutumée, leurs familles respectives décident de rapatrier les dépouilles. Fait insoutenable pour elles, Amadou Bâ, alors ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, oppose un niet à leurs demandes.
« A entendre parler les médecins, on se rend compte de la divergence de vue sur cette maladie. C’est la preuve qu’on a pas encore fini de percer tous ses secrets de ce virus. Alors par mesure de prudence, le Comité national de gestion des épidémies a recommandé d’interdire le rapatriement des corps de personnes décédées des suites du Covid-19. Tant que les scientifiques ne reviendront pas sur leur décision, nous ne pourrons pas faire autre chose », avait expliqué Amadou Bâ en Wolof, en avril 2020.
Evidemment, son explication n’avait convaincu personne. « Ce sont [nos] us et croyances que le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Amadou Ba, vient de piétiner en refusant le rapatriement des dépouilles des compatriotes décédés dans les pays d'accueil. Cette cécité inhumaine inacceptable est la manifeste preuve de sa méconnaissance des questions migratoires », avait réagi Birahim Camara, une voix autorisée dans la communauté sénégalaise de France. « Quelle déception ! Quelle tristesse ! Quelle fuite de responsabilité et quelle irresponsabilité assumée au détriment des diasporas de la part du ministère des Sénégalais de l’extérieur, du ministère de l'Intérieur et du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Et c'est dommage pour le président de la République d'avoir autour de lui cet entourage-là qui n'ose pas assumer et prendre ses responsabilités », avait enchaîné une autre figure marquante de la diaspora, en l’occurrence Mamadou Dème.
Après cette période douloureuse, Amadou Bâ n’a jamais pris l’initiative de renouer le fil du dialogue avec les Sénégalais de l’extérieur, malgré ses nombreux séjours à l’étranger. « J’ai le sentiment qu’il nous regarde de haut, qu’il n’a aucune considération pour nous », fulmine un haut responsable de la DSE sous le couvert de l’anonymat. « Amadou Bâ n’a jamais cherché à rencontrer les militants de l’APR/France, il veut aujourd’hui que ces mêmes militants se mobilisent pour lui permettre de remporter la présidentielle, c’est impossible », ajoute une responsable du parti présidentiel qui a décidé de s’exprimer publiquement sur le choix d’Amadou Bâ, dans les prochains jours.
L’autre gros handicap du candidat de Macky Sall est sa proximité avec la France. Aujourd’hui, les Sénégalais de l’extérieur sont les pionniers de la lutte pour l’émancipation économique du Sénégal, bon nombre d’entre eux estiment qu’élire Amadou Bâ en 2024, c’est donner un blanc-seing à la France pour le contrôle de l’économie du pays. Autrement dit, « élire Amadou Bâ, c’est faire du Macky Sall sans Macky », ironisent les jeunes, qui demeurent fortement opposés au choix du premier ministre comme le candidat de la coalition présidentielle.
En vérité, Amadou Bâ est un OVNI politique dans la diaspora. Les cinq petits mois qui nous séparent de la présidentielle, sauf par miracle, ne lui permettront pas de se vendre auprès de nos compatriotes vivant à l’étranger.
Cheikh Sidou SYLLA