PRESIDENTIELLE : : MACKY SALL, PREMIER ARTISAN DE LA DEFAITE D’AMADOU BA?

27 - Mars - 2024

Il a été le personnage central de cette élection à laquelle il ne concourrait pas, une ombre planant sur un scrutin en forme de référendum sur son bilan à la tête du Sénégal. Macky Sall a certes renoncé, en juillet 2023, à briguer un troisième mandat, mais nombreux dans son propre camp voient en lui le premier responsable de la défaite d’Amadou Ba qu’il avait choisi pour lui succéder, face à Bassirou Diomaye Faye, un novice en politique, tout juste sorti de prison pour triompher à l’élection du 24 mars.
Tant par loyauté que par crainte, les critiques contre cet « omniprésident » ont longtemps été tues. Il est toujours à la tête du parti Alliance pour la République (APR) et de la coalition qui domine l’Assemblée depuis douze ans. Mais, au crépuscule de son règne, les langues se délient pour autopsier le cataclysme électoral.
« Le président a joué contre son propre camp, s’étrangle un responsable d’une section nationale du parti, encore hébété par le raz-de-marée qui a emporté leur candidat, Amadou Ba. Sur le papier, cette élection était imperdable. Nous avions l’appareil d’Etat, l’argent, le rouleau compresseur de notre coalition et un bilan matériel élogieux. Qu’avait-il à saboter notre candidat, alors même qu’il l’a choisi ? »
« Macky Sall est totalement responsable de notre débâcle. Il n’a jamais eu un seul mot d’encouragement en public pour Amadou Ba. Etait-ce si difficile de dire aux Sénégalais : “Je suis fier de lui ! Votez pour lui !” ? », se désole Ibrahima, un militant rencontré au siège de l’APR.
Puis arrive le coup de tonnerre du report de l’élection. Le 3 février, saisi par des députés du Parti démocratique sénégalais (PDS) qui accusaient M. Ba d’avoir corrompu deux juges du Conseil constitutionnel pour écarter leur candidat Karim Wade – sans en apporter de preuve –, le président Sall décide de suspendre l’élection prévue le 25 février. Sa majorité enfonce le clou et vote avec le PDS l’ajournement de la présidentielle et la mise sur pied d’une commission d’enquête sur le processus de sélection des candidats. Difficile de désavouer plus Amadou Ba.
« La création de cette commission prouve que le président a cru à ces allégations, sinon il n’aurait pas laissé sa majorité soutenir une initiative dont la finalité était de débusquer son premier ministre », persifle Moustapha Diakhaté, exclu de l’APR pour s’être opposé à l’éventualité d’un troisième mandat de Macky Sall, qui exige désormais l’exclusion du chef de l’Etat du parti présidentiel.
Un candidat humilié, un président sur le départ, le parti est désormais en lambeaux. « L’APR ne survivra pas comme force politique au départ de Macky Sall, qui n’a jamais voulu faire émerger des figures puissantes autres que lui-même. Il est au cœur de l’appareil, nomme et dégomme. Amadou Ba en a fait les frais. Peut-il rester dans un parti qui l’a laminé ? », feint de s’interroger un responsable de la coalition.
Avec Le Monde

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