PRESIDENTIELLE SENEGALAISE DE 2024 : DE LA NECESSITE DE RATIONALISER LES CANDIDATURES (DR SOULEYMANE SOW)

26 - Juillet - 2023

Amadou BA, le Designated Survivor pour le camp présidentiel.
Bien qu’une candidature pour un troisième mandat du président Macky SALL soit infondée aux yeux de beaucoup de Sénégalais et particulièrement des juristes, son adresse à la nation du 3 juillet dernier a surpris ses partisans et a mis un doute sur le maintien de leur coalition au pouvoir au-delà de 2024. L’absence de structuration du parti APR et l’annihilation de toutes les ambitions au dauphinat sont à l’origine de la floraison des prétendants à la succession du « pater familias » des aperistes. Sans trop se pencher dans l’analyse des profils, il est clair que plusieurs des candidatures annoncées, en plus d’être fantaisistes, relèvent de calculs politiques. Abdoulaye DIOUF SARR, Abdoulaye Daouda DIALLO ou encore Moustapha DIOP sont à ranger dans ce lot.
Compte tenu de sa posture, de son aura, de son parcours récompensé dans la haute hiérarchie administrative, de son sens de la loyauté, de son passé dans les ministères dits de souveraineté, de son ancrage politique à Dakar, et de sa stature d’homme de consensus, notamment avec tous les acteurs politiques en ces temps où le front politique et social est bouillonnant, le locataire de la primature, coordonnateur chargé de la mise en œuvre des politiques publiques du chef de l’Etat, Amadou BA, s’impose d’office comme le candidat crédible, le survivant désigné pour le camps présidentiel. Si le parti au pouvoir veut poursuivre les chantiers ouverts dans le pays dans le cadre du PSE, s’il souhaite la stabilité du pays et une transition plus douce que celle en perspective en cas de victoire de l’opposition, il a intérêt, en commençant par les membres souteneurs des candidatures sans aucun espoir de scorer, à faire bloc autour d’Amadou BA. Sa candidature est plus sérieuse, plus crédible et à plus de chance de triompher. Elle doit cependant recevoir la bénédiction du président Macky SALL pour revoir l’adhésion des militants de l’APR et de ses leaders caciques.
L’opposition plurielle devra s’organiser autour des candidatures de Ousmane SONKO, de Khalifa Ababacar SALL, de Serigne Moustapha SY et d’Idrissa SECK.
L’objectif d’un parti politique est la conquête des suffrages des citoyens à toutes les élections, celle de la présidentielle, la plus prestigieuse, en particulier. C’est pourquoi la candidature d’Ousmane SONKO, le chef de l’opposition, ne doit souffrir d’aucune contestation. La justice ne doit surtout pas constituer un frein pour postuler à la conquête des électeurs, qui sont au début et à la fin du processus démocratique. La justice est rendue au nom du peuple ; c’est donc à ce dernier que revient la charge de juger de l’honorabilité et de la légitimité du candidat citoyen Ousmane SONKO, surtout à quelques mois de l’élection. Les dernières élections locales et législatives ont montré que le poids politique du maire de Ziguinchor sur l’échiquier politique national est en forte hausse. C’est pour cela que les candidatures déclarées de Dethié FALL, qui par ailleurs, a un excellent profil, d’Aida MBODJ et consorts, sont inopportunes vu leur proximité et celle de leur programme politique avec Ousmane SONKO et PASTEF d’une part, et Khalifa SALL et TAXAWU SÉNÉGAL, d’autre part.
Quant à l’ancien maire de la capitale, le socialiste Khalifa Ababacar SALL, il est l’incarnation de la persévérance et de la constance. Du dépouillement de toutes ses fonctions électives, maire et député, acquises haut la main respectivement auprès des dakarois et du corps électoral national, en passant par sa détention en prison et le traitement qu’il subit dans l’entité YEWI—ASKAN-WI dont il est le principal initiateur, Khalifa a opposé une posture d’homme d’Etat. Sa candidature, pour incarner les idées et les projets politiques de gauche, va certainement contribuer à hisser très haut les débats des programmes politiques présidentiels.
Le parti PUR est une réalité politique du pays depuis plusieurs échéances électorales déjà. Ce parti, une des formations politiques les plus organisées et disciplinées, regorge de profils et de compétences insoupçonnés. Serigne Moustapha SY, le guide et l’âme de cette organisation, serait un candidat qui pourrait déjouer tous les pronostics. Le Sénégal est à la croisée des chemins et une candidature du fils d’AL MAKTOUM donnerait une autre dimension à cette présidentielle.
Idrissa SECK, l’éternel futur président, est à sa dernière élection. C’est donc sa dernière chance de réaliser le fabuleux destin présidentiel que lui-même et beaucoup de personne associaient à sa carrière. Très percutant dans la communication et très au fait de la situation sociologique du pays, Idy, l’hériter naturel du président Abdoulaye WADE, s’était tiré une balle au pied en allant s’allier avec Macky SALL quelques mois seulement après qu’il s’était opposé à lui et avait terminé second en 2019, avec sa coalition dite historique. Sa posture devait être travaillée dans l’opposition et attendre tranquillement 2024 pour terminer à la première marche du podium.
« Ndamal Kadior » semble faire un faux départ, mais seul l’avenir nous dira s’il a posé les bons actes. Quoi qu’il en soit, Idy sera un bon candidat, notamment dans les programmes et dans les débats.
Boubacar CAMARA, Thierno Alassane SALL et Abdourahmane DIOUF, l’obligation d’unité pour porter une seule candidature de la société civile.
S’il est évident et constant que le premier ministre Amadou BA est la personne la mieux placer pour faire gagner le camp présidentiel, la société civile, toute tendance confondue, à intérêt à pousser les candidatures de l’inspecteur général d’Etat et ancien directeur général de la douane sénégalaise, Boubacar CAMARA et de Dr Abdourahmane DIOUF. Leur entrée en politique a contribué à élever le niveau des débats et ils ont, par leurs écrits, contribuer à enrichir la littérature programmatique politique du Sénégal. En effet, ils ont une bonne capacité d’analyse et d’excellentes propositions programmatiques. Si le sens de se lancer dans la politique, c’est de rendre majoritaire sa vision politique, alors il serait logique de s’associer avec les personnes, avec qui, on a presque les mêmes idées politiques. Peu importe qui sera le porte étendard, mais ces profils n’ont pas le droit d’aller en solo à cette présidentielle. Une analyse froide de l’issue d’une élection à venir pour des candidatures isolées de Boubacar CAMARA, d’Abdourahmane DIOUF, de Thierno Alassane SALL, de Mamadou Lamine DIALLO, d’Abdoul MBAYE, entre autres, nous pousserait à dire qu’ils n’échapperont pas à des scores ridicules. L’union autour de leur projet commun, porté par une seule candidature, est leur seul salut.
Aminata TOURÉ et Karim WADE, des candidatures immorales.
Napoléon BONAPARTE disait que « le mot de vertu politique est un non-sens ». L’ancienne première ministre, MIMI TOURÉ, au regard de la subite transformation de son discours politique et de sa très nouvelle posture de farouche opposante, semble faire de cette citation sienne. Hier, pour ne pas dire ce matin, elle était tête de liste majoritaire de la coalition Benno Bokk Yakar, pour le compte du camp présidentiel, tenant des discours très hostiles à l’opposition et surtout ne pipant mots sur la possibilité d’une troisième candidature de son mentor, aujourd’hui « MIMI GUI ÑOW » veut se positionner comme une alternative à un pouvoir dont elle faisait partie depuis 2012, y occupant les postes les plus prestigieux. Le ridicule ne tue pas, ou alors la réincarnation existe vraiment. Sans être long sur cette candidature, il ne faut également pas oublier que Madame « ON ACCÉLÈRE », pour ne pas paraphraser un célèbre humoriste, était en charge de la conception, de la planification, de la coordination et de l’exécution du dispositif pour la traque des biens mal acquis, qui ne visait en réalité que Karim WADE.
Ce dernier, annoncé aussi comme probable candidat pour réaliser le vieux vœu de son pater, l’ancien et respectable président Abdoulaye WADE, d’imiter son destin présidentiel. Il aurait été un candidat redoutable et aurait certainement pu espérer être élu, mais seulement, la posture de l’ancien « ministre du ciel et de la terre », surnom que la presse lui avait donné vers les dernières années de pouvoir de son père, depuis son exil forcé ou négocié, d’ailleurs il doit éclaircir le flou années de pouvoir de son père, depuis son exil forcé ou négocié, d’ailleurs il doit éclaircir le flou entourant son évacuation au Qatar par le procureur général de ce pays, est de loin le contraire de son camarade de prison, Khalifa Ababacar SALL. Ce dernier s’exprimait, même au fond de sa cellule, sur les sujets majeurs du pays. Il montrait également sa volonté d’user de ses droits civiques et politiques. Karim WADE se limitant quant à lui, à des messages écrits sur ses différentes plateformes digitales à l’occasion de certains évènements cultuelles et à chaque veille de la fête de l’indépendance. Aucun message audio ou vidéo pour s’adresser à ses concitoyens dont on lui prête l’ambition d’en être le premier. Sa candidature, de même que sa venue au Sénégal, malgré le travail législatif dans ce sens en cours actuellement, restent pour moi un mystère tout comme sa posture politique depuis son grand et lointain voyage au Qatar.
Enfin, Pape Djibril FALL, Ciré SY, Anta Babacar NGOM, Elhadji Moustapha DIOUF, entre autres, ont aussi la prétention de diriger notre pays et ils ont bien raison. Le Sénégal mérite toutes les ambitions….
Dr Souleymane SOW

Commentaires
3 commentaires
Auteur : Posté le : 27/07/2023 à 01h59

Très fine analyse du contexte préélectoral sénégalais.

Auteur : Posté le : 27/07/2023 à 01h58

Très fine analyse du contexte préélectoral sénégalais.

Auteur : Posté le : 26/07/2023 à 18h17

Analyse pertinente.
Tout ce que le monsieur a dit sur Mimi TOURÉ et Karim WADÉ est vrai. Ils sont disqualifiés. Une finale Amadou BA-Ousmane SONKO serait top pour la démocratie

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