Prix élevé des moutons de Tabaski: les Thiessois se demandent si Samba Ndiobène Kâ parlait bien du Sénégal

28 - Juillet - 2020

​« Comme durant la Tabaski de l’année dernière, le ministre de l’Elevage et des Productions animales n’a pas su bien approvisionner le marché ». C’est là ce que soutiennent beaucoup de Thiessois. Certains parmi eux souhaiteraient d’ailleurs que Samba Ndiobène Kâ apporte « la preuve des chiffres » qu’il a avancés concernant le «marché du bétail» à Thiès.

Beaucoup d’habitants de la ville-eux-deux gares se demandent s’ils n’ont pas rêvé. En effet, le ministre de l’Elevage et des Productions animales, lors d’une visite d’évaluation au foirail de Séwékhaye (Ngoundiane, l’un des plus grands du pays voire de la sous-région), pour les besoins de la Tabaski 2020, le lundi 20 juillet 2020, avait soutenu qu’il n’y avait aucune crainte à se faire quant à l’autosuffisance en moutons de Tabaski du fait que le marché local est bien approvisionné. Samba Ndiobène Kâ s’était dit « très satisfait » de constater que « toutes les dispositions prises ont été respectées pour permettre à la région de Thiès d’afficher une disponibilité de 67 000 têtes de plus que l’année dernière ». Selon lui, « l’année dernière, à jour J moins 11, on était aux alentours de 53 000 têtes. Cette année à la même période, on est à plus de 120 000 têtes, soit un surplus de 67 mille têtes. Ce qui est un record ».

Malheureusement, à Thiès, le constat est autre. Le marché n’est pas bien approvisionné en moutons. du coup, les citoyens de la cité du rail éprouvent une grande crainte d’une éventuelle pénurie de moutons. « On craint une réelle pénurie de moutons à Thiès à quelques jours de la Tabaski. Les prix des moutons sont exorbitants au niveau des différents points de vente de la ville, qui ne sont d’ailleurs pas approvisionnés correctement », confient beaucoup d’acheteurs potentiels. Lesquels ne manquent pas de déplorer « l’erreur commise » par le ministre Ka et ayant consisté à inviter « les consommateurs pouvant le faire à acheter le plus tôt possible leurs moutons de Tabaski ». El Hadj Ciré Bally Diallo, président de l’antenne régionale de SOS/Consommateurs de Thiès, lui, se veut catégorique : « nous avons eu à faire le tour de certains foirails, à Thiès, et avons constaté que le prix du mouton est ‘’exorbitant’’, à la limite ‘’inaccessible’’ pour les consommateurs gorgorlous. Les vendeurs proposent de petits moutons, à la limite même des agneaux, à des prix variant entre 100.000 FCFA et 125.000 FCFA, voire 150.000 FCFA. Cela pose de sérieux problèmes dans la mesure où ce sont les éleveurs sénégalais qui font cette spéculation ».

Poursuivant, notre interlocuteur confie que « quand j’ai entendu le ministre de l’Elevage dire ‘’attendre le Ndigeul du Khalife général de Mourides pour que les Talibés s’impliquent dans l’élevage des moutons, afin de parer aux tensions notées à l’occasion de la Tabaski, j’ai tiqué. En tant que défenseur des consommateurs assumant ses responsabilités, je dis que le ministre de l’Elevage, comme l’année dernière, a échoué dans sa mission. Parce qu’à mon avis, ‘’la gestion des affaires de l’Etat n’est pas confrérique’’ ». d’autant plus que, joute M. Diallo, « le gouvernement a investi 75 milliards FCFA dans cette opération annuelle ». Le consumériste dit ne pouvoir comprendre que « l’on puisse investir autant d’argent dans une telle opération et que le mouton soit inaccessible aux populations ». El Hadj Ciré Bally Diallo est aussi revenu sur une autre « grosse farce » du ministre de l’Elevage, à savoir que « l’aliment de bétail, qui coûtait 8500 FCFA est vendu, à présent, à 2200 FCFA, grâce à la subvention de l’Etat ».

Selon le responsable régional de SOS/Consommateurs, « tel n’est pas le cas sur le terrain, à Thiès ». Dans la ville aux-deux-gares beaucoup de responsables de familles risquent de ne pas sacrifier à la tradition en perpétuant le geste d’Abraham. Partout dans la cité, au niveau des points de vente et à travers les rues, même les agneaux qui, visiblement, ne répondent pas aux critères édictés par l’Islam, sont proposés à des prix insoupçonnés. Les acheteurs potentiels sont donc dans un désarroi collectif inqualifiable. des pères et mères de famille anxieux, angoissés, à la recherche désespérée de moutons de Tabaski. Tel est le spectacle que l’on peut voir un peu partout à Thiès.

Des fidèles au bord des larmes, totalement désorientés, qui vivent « l’enfer » face à la « loi » des vendeurs de moutons. Tel le cas de Samba Lo, ce père de famille du quartier Sam Pathé, et de ses amis, qui n’en peuvent plus de chercher des bêtes vendues à des prix raisonnables. Hélas, se plaignent-ils, « pour un mouton moyen, il faut débourser au minimum 100.000 FCFA ». Et comme il n’y a pas d’argent dans le pays… La situation est telle qu’aujourd’hui, beaucoup de responsables de famille se demandent « à quoi ont servi les mesures d’assouplissement et de suppression des taxes prises par l’Etat pour favoriser l’entrée en masse de moutons dans notre pays ? »

Le Témoin

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